Ma vision de la pyramide du vin d'Alsace.

A l’heure de la réforme sur les AOC, de la mise en place des AOP et autre IGP voilà une vision, ma vision de l’Alsace avec mon expérience. 

Il n’y a pour l’heure, en Alsace, que trois AOC. 

L’AOC Alsace, le gros de la troupe avec 74% de la région avec tous les cépages sur tous les terroirs même parfois entre deux champs de maïs. 

Le second mastodonte de la région, l'AOC Crémant d'Alsace avec 21% des surfaces. 

Puis vient le supposé et pré-établi gratin de la région avec les 51 terroirs classés Alsace Grand cru sur 4% du vignoble. Comme si un Brand pouvait être classé à coté d’un Mambourg, il n’y a qu’une seule AOC grand cru!! Comme à Chablis. 

Avec ces trois AOC, dont deux tranquilles, nous devons classer, hiérarchiser, honorer tout un vignoble et satisfaire les palais des amateurs. L’affaire est loin d’être simple. 

Voici mon idée, une parmi tant d’autre. Commençons par le bas. 

Tous les vins génériques issus de terroir que l’on ne revendique pas classés en AOC Alsace. Un nom générique pour un vin générique qui ne veut finalement rien dire ou si peu. Du muscat muet au sylvaner dilué mais aussi les grands crus à 5 euros qu’il faudra déclasser dans cette catégorie, pour arrêter une bonne fois pour toute de faire de l’ombre où Alsace a besoin de soleil. 

Ensuite des appellations villages. Le vigneron éclairé sait depuis des centaines d’années que dans son village on réussi mieux  tel ou tel cépage. On peut nommer le sylvaner à Barr, le riesling à Riquewihr ou Ribeauvillé, le pinot noir à Ottrott (non c’est une blague) le Klevener à Heiligenstein. Une sorte de vin de cépage bien fait emblématique d’un village, d’une tradition très locale et séculaire.

Puis vient le haut du panier que l’on pourra diviser en deux. 

Les 1^ers crus avec des terroirs réputés, aujourd’hui classés ou non, des grands crus aujourd’hui classés mais dont personne ne parle jamais. Ne me demander pas pourquoi mais il doit bien y avoir une raison. Certainement le niveau ! 

Enfin, le top du top, les grands terroirs pouvant se classer en grand cru. Mais pas 51 comme aujourd’hui mais plutôt 20/30. Faudra t-il garder les 4 cépages sur ces terroirs ? Je ne pense pas. Muscat et Riesling sur le Schoenenbourg et l’Altenberg de Bergbieten, Gewurztraminer sur le Sporen et le Mambourg, Riesling sur le Schlossberg ou le Kastelberg…. Faudra t-il définir un style par grand cru ? Il se fera tout seul avec la limitation des cépages. D'ailleurs rares sont les vignerons exigeant qui propose les 4 cépages sur leurs meilleurs terroirs. L’étape suivante, dans 200 ans sera de supprimer le nom du cépage sur l’étiquette et l’on boira alors du Schoenenbourg comme l’on boit un Chambertin. Le rêve !! 

Par ce classement à 4 niveaux les choses me paraissent plus claires. Une AOC d’entrée de gamme avec des vins de soif, friand sans prétention. Une AOC village pour laisser sortir les traditions séculaires. Et enfin des 1^ers crus aux portes des grands crus pour le sommet de la région. 

Stéphane