La troisième édition du « Salon millésimes Alsace » s’est tenue les 13 et 14 juin 2016 et c’est fort d’une invitation de l’interprofession que je me suis rendu en terres haut-rhinoises pour tâter du bec le ou les derniers millésimes en ventes chez les meilleurs représentants de la viticulture alsacienne.
Arrivée 10h00 au parc exposition de Colmar, tapis rouge, hôtesses d’accueil, verre professionnel loin du traditionnel « pied vert », carnet de notes luxueux, et une liste de vignerons emblématiques longue comme le bras.
Ils sont venus ils sont tous là, y a même……
La liste de vignerons est pléthorique avec 99 noms et pas des moindres, tous présents pour ce rendez-vous bisannuel… depuis 6 ans….donc la troisième fois…Mais alors comment appréhender une telle dégustation ?
Comme à chaque fois je me fixe pour objectif de faire des découvertes, pour sortir de ma routine, m’ouvrir l’esprit sur d’autres productions, découvrir d’autres visions du vin d’Alsace. Et bien les habitudes sont tenaces et une fois de plus je me suis précipité chez les vignerons que je connais et dont je goûte les productions depuis des années. Mais comment éviter cet écart lorsqu’ils sont tous là, dans un même endroit et surtout lorsqu’ils vous accostent presque pour vous attirer devant leurs bouteilles. Bon, là je pousse un peu mais les années passant j’ai créé des liens amicaux avec plusieurs d’entre eux.
De plus, comment arriver à goûter autant de crus sans se prendre les pieds dans la complexité de la région. Plusieurs stratégies sont possibles, par ordre alphabétique comme le propose le salon avec toutes les cocasseries que cela imposent, trois domaines « Ginglinger » d’Eguisheim les uns à côtés des autres, histoire de jauger la fréquentation chez le voisin. Pourquoi pas les bas-rhinois en premier et les six-huit ensuite, ou alors par cépage comme je l’ai entendu « je ne goute que les rieslings ! » Vous allez remarquer que moi aussi…..Ou bien, honneur aux protestants….Bref ce n’est jamais simple…..
Premier arrêt au Domaine Meyer-Fonné de Katzenthal ou je retrouve Félix Meyer-Fonné, le maitre de la maison et pilier historique de notre club de dégustation barrois. Félix exploite une belle surface de vignes avec 15,5 hectares sur de beaux terroirs. Ainsi Wineck-Schlossberg et Kaefferkopf côtoient le Furstentum et le Schoenenbourg. La série commence par un Alsace Riesling Pfoeller 2014 sur un terroir de Muschelkalk aux accents d’agrumes très frais sur une structure ample, une acidité pointue, droite, directe. Un vin qui pourra sembler un poil strict tant il claque en bouche. Alsace grand cru Wineck-Schlossberg riesling 2014, terroir de granit fortement désagrégé au nez grillé, fumé, plus discret. La bouche est lisse sur une acidité fondue et délicate, l’union de la dentelle et de la mâche. Alsace grand cru Schoenenbourg riesling 2014 au nez fruité mûr sur la réserve. Une structure large, souple et sèche avec une amertume puissante et fort agréable. Vin de caractère à la finale dense qu’il faudra attendre. Enfin pour finir je goûte l’Alsace grand cru Kaefferkopf riesling 2014. Noisette au nez, fumé avec un caractère sableux. La bouche est sapide, très minérale, tellement qu’il en devient tactile, presque « rugueux », puissant. Voilà une très belle palette de vins de terroirs. Un Pfoeller qui claque, un Wineck-Schlossberg en dentelle, un Schoenenbourg puissant tout en largeur et un Kaefferkopf très minérale, puissant.
Direction le Domaine Valentin Zusslin, table A1 comme le laisse imaginer le « Z » du nom. Le domaine est représenté par Marie Zusslin qui tient le domaine avec son frère Jean-Paul. A eux deux ils dirigent ce domaine d’Orschwihr, exploitent le Clos Liebenberg, des parcelles sur le Bollenberg et sur le grand cru Pfingstberg, le grand cru le plus compliqué à écrire d’Alsace avec son enfilade de 5 consonnes « NGSTB » ! Début de dégustation avec le Crémant Terroir Clos Liebenberg, la bulle la plus chère d’Alsace. 90% d’auxerrois et 10% de riesling vont donner un nez sur la croute de pain un rien sauvage avec des touches de sous-bois. La mousse est très élégante, sur une acidité fine mais la finale est très ferme et abrupte et contraste avec l’élégance du breuvage. Alsace Clos Liebenberg riesling 2012 sur des fruits jaunes bien mûrs. La bouche est très jeune, massive et puissante, imposante même sur de petits amers. Alsace grand cru Pfingstberg riesling 2012, au nez également bien mûr sur la mirabelle. La bouche est lisse, aimable sur une acidité parfaitement fondue dans une trame tannique un peu brutal. Alsace grand cru Pfingstberg riesling 2013 au nez plus floral. En bouche tout n’est que finesse, souplesse et élégance avec de la minéralité et un beau fruité. Les terroirs gréseux sont toujours délicats à appréhender car aériens. Les vins ne manquent pas d’élégance et de classe.
Avec le Domaine Weinbach on entre de plain-pied dans l'élégance, la finesse et le sérieux d'une maison que j'affectionne particulièrement. Il y a un côté classique, presque intemporel jusqu'à dans l’étiquette qui n’a pas changé en 60 ans et qui est reconnaissable entre mille ! A noter également l'extrême gentillesse de toute la famille Faller qui est particulièrement attentionnée avec les dégustateurs, toujours à l’écoute du moindre avis. Mais le Domaine Weinbach rime également avec Schlossberg d'où est imaginer 3 cuvées de riesling, auxquelles il faut rajouter une réserve et une cuvée Théo. Le domaine exploite également des parcelles sur les grands crus Furstentum, Mambourg et Marckrain en plus du lieu Altenbourg au pied du Furstentum. On comprend alors aisément que décrire le domaine en trois lignes est impossible. Début de série avec l’Alsace Riesling cuvée Colette 2015, anciennement Saint-Catherine sur le bas du Schlossberg, au nez confit, expressif sur la fleur d’oranger. La bouche est délicate, lisse, le millésime lui a gonflé les joues mais l’ensemble est d’une élégance folle. L’Alsace grand cru Schlossberg riesling 2015 est marqué par les fleurs blanches. La mise en bouche est superbe, dense avec à nouveau cette petite tendresse apportée par le millésime mais la forte minéralité tient tête à tout cela en donnant une forte impression tactile au vin, on le touche ! Le domaine a ensuite présenté un vin un peu plus vieux avec l’Alsace grand cru Schlossberg riesling cuvée sainte Catherine 2008, provenant des plus vieilles vignes. Nez sur le bois de rose, les fleurs, une pointe fumée. La bouche est ample, bien assise sur une fraicheur parfaitement maitrisée. Fin de bouche franche pour ce vin au caractère trempé. Je termine la série avec un Alsace Pinot Gris Saint Catherine 2015 au nez très net et pur de poire. La bouche est ample sur un moelleux fondu en attaque, un milieu de bouche plus dense avec de la minéralité. Le Schlossberg est certainement le terroir le plus transparent, le plus cristallin en Alsace produisant des vins fins, délicats, élégants et le Domaine Weinbach propose selon moi la plus belle expression de ce terroir.
Suite de la visité avec le Domaine François Schmitt, maison que j’ai découvert aux grandes heures des Masterclass avec l’Oenothèque Alsace de Thierry Meyer. Cette rencontre m’avait à l’époque ouvert les portes d’une belle dégustation de pinot noir Bollenberg et Riesling Pfingstberg. Ce domaine est aujourd’hui dirigé par Frédéric et son épouse Myriam, couple toujours souriants et aussi sympathique d’Orschwihr (le même village que le domaine Valentin Zusslin, précision toujours utile). Le domaine travaille des parcelles de Bollenberg et de grand cru Pfingstberg. Premier vin de la série, un Alsace Pinot Noir cœur de Bollenberg 2015 au nez marqué par l’amande et la cerise griotte. La bouche est charnue, compact d’un gros volume et devra s’affiner avec le temps mais rien ne manque. Crémant blanc de noir aujourd’hui sur un assemblage de 2012/2013. Nez vineux et puissant. Bouche ample d’une base élevée en barriques, belle mousse, ensemble sec et gastronomique, finale peut être un peu juste en longueur. Un bel Alsace riesling Bollenberg 2014 au nez primeur et juvénile mais net et précis sur les fruits blancs, quelques touches de résine. La bouche est large avec de la mâche, beaucoup de sapidité avec un touché granuleux en bouche. Suite des bouteilles avec l’Alsace grand cru Pfingstberg riesling 2013, au nez épicé, fruits jaunes très dense. Bouche ample sur une acidité aérienne et à une bonne dose de minéralité. Très belle bouteille. Confirmation de la qualité des vins avec la seconde cuvée d’Alsace grand cru Pfingstberg riesling 2013 dénommée « Paradis » au nez plus austère, moins immédiat mais à la structure plus profonde aidée en cela par le calcaire du Muschelkalk présent dans cette parcelle. Terminons sur un Alsace Pinot gris Le Maréchal 2014 au nez encore marqué par son élevage en barrique. La bouche est structurée, dense, sa claque littéralement ce qui n’est pas si courant que cela sur ce cépage qui est souvent mou du ventre. Finale ample et aromatique. Mis à part le grand cru Pfingstberg riesling 2013, les vins du domaine sont solides, puissant avec des matières amples.
A l’angle d’une allée je distingue sans mal Michel Ginglinger, le grand blond d’Eguisheim qui dirige le Domaine Paul Ginglinger, domaine « 3G » du village. Cette maison exploite ses vignes sur le grand cru Eichberg et le grand cru Pfersigberg qu’il décline d’ailleurs en deux cuvées, ce qui complexifie à mon sens encore un peu plus l’offre qui n’est déjà pas simple à expliquer en Alsace. J’avoue très mal connaître les vins de ce village, incompétence lié sans doute à sa localisation Sud par rapport à Colmar. Faut dire qu’entre Strasbourg et Eguisheim je vois défiler 33 grands crus. Mais passons à la dégustation en débutant par l’Alsace Pinot Noir Les Rocailles 2013 au nez net et plaisant de sureau, de fruits rouges. En bouche les tannins sont francs, la bouche est contenue même si on sent une très belle matière. Rouge plein de sève, bien ciselé, puissant mais croquant. Mazette !! Quelle belle bouteille provenant du lieu-dit Mittlerer Eich, au cœur du Grand Cru Eichberg ! Pour me remettre de cette émotion un Alsace Riesling Drei Exa 2014. Nez croquant et classique sur les agrumes. Bouche aimable, ample et plaisante. Arrivent ensuite la paire d’Alsace grand cru Pfersigberg riesling 2014 avec tout d’abord le « Hertacker » au nez pierreux, fleur et citron à la bouche riche, souple tactile le tout dans la finesse alors que « L’Ortel vieilles vignes» est plus marqué par les fruits jaunes. La bouche est également plus ample, juteuse, pleine, charmeuse avant une finale ample. Deux très belles bouteille même si j’ai plus de facilité à comprendre la seconde étude de terroir. Poursuite avec bel Alsace grand cru Eichberg riesling 2014 au nez de fruits jaunes voire rouges avec des touches de fruits secs comme l’amande. La bouche est puissante, sur une amertume bien solide un vin qui a du coffre et qu’il faudra attendre. Pour finir Michel proposait à la dégustation un Alsace grand cru Pfersigberg riesling 2010, très beau millésime en Alsace. Nez confit, épicé sur la menthe et autres senteurs florales. La bouche trace une droite dans un monde de finesse sur une minéralité dense et tactile. Superbe vin ! Voilà encore un domaine dont je goute plus souvent les vins que je les achète et pourtant j’ai un représentant quasiment sur place ! Le paradoxe complet….
La récente dégustation d’un Alsace grand cru Brand riesling 2014 au club AOC de Barr m’a tout naturellement dirigé vers le Domaine Paul Buecher ou je retrouve Jérôme pour une série de vins de terroir nés autour du village de Wettolsheim, patrie des Buecher puisque l’on y dénombre beaucoup de domaines portant ce patronyme. La liste des lieux-dits et grands crus est pléthorique, Heimbourg, Rosenberg dans le prolongement du Pfersigberg, le célèbre Herrenweg (cf Josmeyer, Zind-Humbrecht), les grands crus Sommerberg, Brand, Hengst. Début de série avec un bel Alsace Rosenberg riesling 2014 au nez net, franc sur le citron et à la structure sapide, dense sur une acidité puissante et large. Retour sur l’Alsace grand cru Brand riesling 2014, charpenté, dense sur une petite rondeur. Un Alsace riesling Heimbourg 2012 plus confit, note sableuse. Bouche compact, imposante qui fait une boule mais d’où ressort toujours cette même sapidité dense qui lui confère un très beau touché de bouche. Je termine sur Alsace grand cru Sommerberg riesling 2011 provenant de la parcelle Dudenstein, le « D » de vous savez qui ! Nez floral très élégant. Bouche chaude, ronde qui vous caresse délicatement malgré une richesse haut perchée. Confirmation est faite de la qualité et de la cohérence des bouteilles qui ont été présentées. Tous les vins ont se marqueur tactile très intéressant, une densité particulière. Une visite au domaine s’impose pour appréhender un peu mieux les vins.
Jean Boxler, voilà sans doute le grand nom de cette décennie. Il est étroitement lié au grand cru Sommerberg qu'il maitrise parfaitement à tel point qu'il a créé 4 cuvées, classique, « JV », « D » et « E » tant les résultats sont différents. Les vins du grand cru Brand ne sont pas en reste avec un superbe et indiscutable alsace pinot blanc « B ». On démarre la série avec l’alsace grand cru Sommerberg riesling 2014, épicé, floral d’une parfaite netteté. Attaque sapide, très tactile pour ce vin sec à la fraicheur marquée et franche. Un vin pour les amateurs du genre qui aime les vins qui claque. L’alsace grand cru Sommerberg riesling « E » 2014. « E » pour Eckberg, nez floral avec une pointe fruitée. Beaucoup de droiture dans la cuvée mais une bouche bien plus ample, généreuse d’où ressort un jus puissant. L’alsace grand cru Sommerberg riesling « D » 2014. Cette fois la cuvée provient du Dudenstein donnant des vins souvent plus murs. Nez sur les fruits presque confits mais aussi une pointe végétale très agréable comme la fougère. La bouche est large sur une acidité ample qui file un peu moins droit. Un vin bien assis sur sa matière. Dernier vin de la table avec l’alsace grand cru Sommerberg riesling « D » 2008. Nez floral sur la rose, le lys. Bouche opulente, lisse avec énormément de mâche dans une acidité pointue. Un 2008 très mur. Voilà 4 très beaux rieslings d’un terroir granitique remarquable et pas forcément très connu en Alsace, bien moins que le Schlossberg et le Brand en tout cas. Un grand bravo à Jean qui aligne les réussites depuis 10 ans maintenant sans ombre au tableau.
Je poursuis la visite vers le Domaine Emile Beyer d’Eguisheim où je retrouve Christian et Valérie en pleine discussion avec un sommelier. C’est la second fois que je goute les vins de ce domaine, ma première et unique visite au domaine datant de 2009 ! Le domaine exploite une belle surface de 17 hectares de vignes sur les grands crus Eichberg et Pfersigberg ainsi que sur le lieu-dit Hohrain situé sur le versant Nord-Est du grand cru Pfersigberg. Alsace riesling Saint-Jacques 2014. Encore un lieu-dit exploité par le domaine, situé cette fois sur le versant Nord-Est du grand cru Eichberg. Le nez est assez discret et la bouche est puissante, riche avec du volume, il aura encore besoin de temps pour s’équilibrer un peu. Alsace grand cru Pfersigberg riesling 2014 au nez encore une fois discret, plutôt fruité. La bouche est souple, élégante sur une acidité digeste, des épices le tout dans un beau volume. Très beau Alsace grand cru Pfersigberg riesling 2012. Nez fumé qui minéralise avec des notes sableuses. La bouche est ample, bonne mâche d’une allonge remarquable avec beaucoup de sapidité le rendant très tactile. Alsace grand cru Eichberg riesling 2014 au nez de poivre et de fruits jaunes. Bouche large avec une acidité cohérente, homogène qui fil droit pour emporter la discussion loin dans la soirée. Petite sucrosité mais cela lui va très bien. Très belle bouteille. Pour finir un joli Alsace pinot gris Hohrain 2014 au nez net et classique de fruits blancs et de froment. Bouche dans un profil demi-sec avec une acidité ronde et un style juteux. Les 2014 du domaine, présentés sur ce salon ne sont pas très expressif aromatiquement signe d’une belle garde à venir. Belle maison discrète mais qui fait bon et essaye de le faire savoir avec gentillesse et attention.
Le Domaine René Muré du bout de l'Alsace avec son Clos Saint Landelin sur le grand cru Vorbourg sera l'une de mes dernières dégustations de ce salon. René a doucement passé les rênes à ses enfants Véronique et Thomas mais il n'est jamais très loin, dans les vignes en cave et je le croise volontiers lors des remarquables portes ouvertes de fin d'année. Une des plus belle de la région. Outre le Clos Saint Landelin, les Muré exploitent de nombreuses parcelles dans les alentours. Tout le monde semble connaître ce domaine. Qui n'a jamais bu un crémant de ce domaine, un sylvaner Oscar ou un pinot noir sur le Clos Saint Landelin. C'est d'ailleurs avec ce pinot noir que nous allons débuter. Alsace Pinot Noir Clos Saint Landelin 2013 au nez floral sur rose parfumée, pointe de poivre. Bouche fine, droite acidulée prenant de l’ampleur sur un fond animal. Puissant et gros volume pour ce très beau rouge alsacien. Et là, au lieu de poursuivre sur le Vorbourg, Thomas me sert un Alsace grand cru Zinnkoepflé riesling 2015 au nez plein de fruits jaunes avec des touches épicées. Bouche tactile, sèche, puissante avec de la rondeur et une finale qui claque. Grande bouteille en devenir. Très bel Alsace Grand cru Vorbourg Clos Saint Landelin riesling 2014 et beaucoup plus austère avec des notes sableuses. La bouche est puissante, sèche avec une acidité marquée mais précise. Un vin athlétique tout en muscles. L’Alsace Grand cru Vorbourg Clos Saint Landelin riesling 2013 semble moins en forme, herbacé, un peu plus fluide avec une richesse certaine. L’Alsace Grand cru Vorbourg Clos Saint Landelin riesling 2010 en magnum présente des notes évoluées de cuir et de fleurs. La bouche est croquante avec une acidité pointue même s’il s’est calmé depuis sa mise en bouteille. Un vin enveloppant à point aujourd’hui.
Domaine Maurice Schoech d’Ammerschwihr pour poursuivre la tournée des membres du club de dégustation AOC Barr. Les deux frères sont présents avec des vins des grands crus Kaefferkopf et Rangen de Thann, laissant à la maison ceux du Mambourg où sont plantés Pinot gris et Muscat. Le domaine propose également des cuvées sur les lieux-dits Sonnenberg et Vogelgarten. Pour les vins présentés, Alsace riesling 2015 au nez mûr et croquant sur les fruits jaunes. La bouche à des joues bien rondes sur une acidité mûre et saline avec de l’ampleur. Très bon début. Encore un très beau vin avec l’Alsace riesling Sonnenberg 2014 au nez plus épicé. La bouche est franche, verticale signant parfaitement son terroir granitique. Très apéritif et désaltérant. L’Alsace grand cru Kaefferkopf riesling 2014 et certainement la bouteille du millésime pour le domaine, nez discret délicat sur les fleurs printanières. Toute petite rondeur en attaque qui se fondra rapidement laissant un vin aérien en dentelle dans une trame ferme appelant la table. Alsace grand cru Rangen de Thann riesling 2014 sur la truffe blanche. La bouche est riche, juteuse avec une acidité un poil mordante, à revoir un peu plus tard pour voir s’il arrivera à égaliser le magnifique 2011. Alsace Harmonie 2012, esprit que la complantation de pinot gris, riesling et gewurztraminer sur le grand cru Rangen de Thann. Cette méthode n’étant pas autorisé dans le cahier des charges, la revendication de l’AOC grand cru n’est pas possible. Le nez est très expressif, sur un fruité jaune. La bouche est riche mais curieusement assez strict et mordante dans l’attaque. Beau vin. Pour finir, un superbe Alsace grand cru Kaefferkopf gewurztraminer 2014 en magnum. Nez expressif sans le moindre défaut, un miracle sur ce millésime attaqué par les drosophiles Suzuki. La bouche est souple sur une belle structure dans un style demi-sec sans lourdeur. Une très belle adresse avec des vins sérieux et marqués par ses terroirs. Une belle adresse…Bref, je suis passé chez Schoech !
Le temps passe et je me dirige vers mon avant dernière visite au Domaine Rieflé à Pfaffenheim. Vous lirez certainement Domaine Rieflé-Landmann né de la reprise de l’exploitation de Seppi Landmann de Soultzmatt, amoureux fou du grand cru Zinnkoepflé.
Outre les vignes de Seppi Landmann, les Rieflé exploitent des vignes sur le grand cru Steinert et des lieux-dits comme le Bihl, terroir calcaire et le Bergweingarten, terre limoneuse de couleur beige est profonde, fragments de calcaire sont mélangés à des cailloux de grès provenant des éboulis de la montagne. Le grand cru Steinert étant lui aussi calcaire. Alsace Vallée noble riesling 2013 provenant du Steinstuck au nez sur la résine, ample et riche en bouche avec une acidité fondue, saline avant une finale sèche. Alsace riesling Bihl 2013 au nez floral sur une acidité puissante bien construite, pour amateur de vin ferme. Alsace grand cru Steinert riesling 2013. Nez discret, bouche très structuré par une acidité pierreuse mais l’ensemble est tout de même ample et d’un beau volume. Alsace grand cru Steinert riesling 2014. Nez plus épicé avec une bouche plus charmeuse et une petite amertume. Ensemble encore trop jeune. Alsace grand cru Steinert pinot gris 2014, nez boisé sur une bouche sèche, ferme, marqué par une grande fraicheur presque violente.
Assez paradoxalement, Thomas et Paul comptent parmi les personnes avec qui je discute le plus sur Facebook alors que je ne les avais jamais rencontrés !! Voilà chose faite mais une visite sur place s’impose pour mieux apprécier les vins.
Je ne pouvais partir sans rendre visite à un bas-rhinois et c’est donc vers le Domaine Frédéric Mochel de Traenheim que je me rends pour rejoindre Guillaume et ses vins de l’Altenberg de Bergbieten. Ce domaine fait partie des très belles maisons de la Couronne d’or dont la réputation n’est plus à faire. Etant finalement à seulement 20 km à vol d’oiseau de cette couronne d’or, j’ai rapidement rendu visite à ce domaine. J’y retourne volontiers, les vins de l’Altenberg de Bergbieten étant parmi les plus marquants d’Alsace. Pour commencer, un Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling 2015 au nez très jeune marqué par les fruits blancs. Une bouche moelleuse mais un ensemble très homogène, cohérent, puissant en finale qui se fait plus sèche. Sans doute un vin magnifique dans 10 ans. Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling cuvée Henriette 2014. Issue des plus vieilles vignes. Nez discret et bouche fraiche, petite rondeur, mais structure ciselée par une acidité pointue dans un ensemble ample. Très bien. Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling cuvée Henriette 2013 marqué par le caillou et quelques notes de pétrole. La bouche est fraiche, ferme avec beaucoup de franchise et une pointe d’austérité. On poursuit la série avec un excellent Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling cuvée Henriette 2011 au nez confit par le soleil. La bouche est ample et puissante, un rouleau compresseur qui pousse fort dans les papilles. On termine la tournée des Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling cuvée Henriette avec le très beau 2010. Nez très mûr comme l’exige ce terroir tardif, bouche massive sur une acidité tendue, franche mais l’ensemble est déjà plaisant, d’une parfaite cohérence. Et bien non, il reste le 2009 à gouter… Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten riesling cuvée Henriette 2009 au nez complexe, bouche riche, ample…..Outre le riesling, Altenberg de Bergbieten produit également de très beaux muscats ainsi Alsace grand cru Altenberg de Bergbieten muscat 2015 est net et plein au nez. La bouche est juteuse sur un touché de bouche minérale asséchant la richesse initiale. Le dernier vin sera un excellent Alsace riesling vendange tardive 2014 sur la fougère, la sauge, le sous-bois. La bouche est fluide, lisse, bien en place sans lourdeur…..
Voilà, c’est fini…..
Ce salon est une réelle opportunité de pouvoir goûter en un même lieu le meilleurs de la production Alsacienne et il faudrait presque deux jours pour effleurer le quart des 99 domaines présents. Mais choisir c’est renoncer et J’ai été contraint de faire l’impasse sur des domaines comme Mélanie Pfister (visite récente), Zind-Humbrecht, Rolly-Gassmann (visite récente), Domaine de l’Oriel, Trimbach ou encore Albert Mann, tout juste ai-je eu le temps de les saluer. Quelle région peut aligner autant de célébrités en un seul lieu ? Aucune à mon sens et on ne peut que saluer l’initiative.
Cette initiative est par contre réservée aux professionnelles, locaux et étrangers ainsi qu’à certains amateurs triés sur le volet dont j’ai la chance de faire partie. Ce salon n’étant pas ouvert aux clients finals, je n’ai aucune idée de son réel impact sur les ventes de vins d’Alsace et sur l’image de la région pour le consommateur standard.
Les grands sommeliers présents ayant déjà leur carnet d’adresses plein, ce salon n’est finalement qu’une sorte de révision générale, un meeting de sommelier de tous niveaux. Reste les restaurateurs plus modestes qui essayent de monter une carte cohérente avec des vins d’Alsace. Arriveront-ils à convaincre le client après ce salon en adoptant un discours de terroir. La vente de vins d’Alsace en bouteille n’est pas simple sur Strasbourg. En France et dans le reste du monde la visibilité se limite certainement aux grands noms qui n'ont pas définition pas besoin de faire des salons.
Puis il y a les nombreux journalistes spécialisés et blogueur comme moi qui ne touchent qu’une minorité de clients prêts à se laisser convaincre de la grandeur d’un vin.
Comme le dit un proverbe alsacien, « Was de Bür net kennt, esst er net » que l’on peut traduire en « ce que le paysan ne connaît pas, il ne le mange pas » Sans gouter aux vins d’Alsace il n’en boira pas, encore faut-il lui en donner l’occasion.
Stéphane