750 grammes
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En ce début d’année 2011 j’attaque ma 6ième année de repas organisés par Thierry Meyer et son oenothèque Alsace. Cela fait autant de temps que je lui demande de concevoir un repas sur le thème des pinots noirs de notre région. Voilà chose faite.

pinot noir 

Rendez-vous comme toujours, ou presque, au restaurant de Jean-Philippe Guggenbuhl, la Taverne Alsacienne à Ingersheim, temple du poisson qui sera pour une soirée celui de la viande.

 

Nous voilà donc ce samedi 21 janvier 2011 prêt à en prendre plein les papilles.

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Amuses bouche + La terrine de Gibier :

 

Pinot noir Rouge d’Alsace 2005 – François Schmitt à Orschwihr

 

Robe moyennement dense très légèrement tuilée. Le nez est original sur des notes d’agrumes, d’oranges sanguines dans un style très croquant. La bouche est tendue et ne présente aucun tannin. Vin de soif, élégant croquant, simple et friand. 14,5/20

 

Pinot noir Harmonie 2005 – Valentin-Zusslin à Orschwihr

 

Robe plus jeune aux reflets violets. Nez marqué par la cerise la suie, avec des touches boisées et fumées bien intégrées. L’ampleur est moyenne en bouche, les tannins sont fins avec beaucoup de soyeux et une belle présence. 16/20

 

Pinot noir cuvée Arthur 2005 – Maurice Schoech à Ammerschwihr

 

Robe plus foncée. Nez toasté, avec des fruits noirs, quelques touches viandées et une pointe de volatile. La bouche est ample, généreuse dans la retenue avec une bonne dose de fraicheur. Toute petite pointe d’alcool en finale pour ce vin élevé à 100% en bois neuf. A garder. 15,5/20

 

Trois pinots noirs et déjà trois styles différents. Un style frais et avenant pour le premier, un style plus consensuel pour le second avec un élevage très fondu, et un troisième un peu bodybuildé avec des arômes plus lourds et moins passe-partout. La cuvée harmonie présente l’équilibre le plus intéressant à mon sens.

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L’œuf surprise poché à la truffe :

 

Pinot noir Val Saint Grégoire 1989 – Domaine Schoenheitz à Wihr-au-Val

 

Nez végétal, sur le bouillon, le tabac et le cuir. Le temps laissera poindre un problème de liège. La bouche est belle avec des tannins fins, gras tout dans la longueur. Un vin encore serré, étroit. Cuvée encore en forme issue du Herrenreben sur la commune de Wihr-au-val célébré aujourd’hui par Henri Schoenheitz.  16/20 en ne tenant pas compte du liège.

 

Pinot noir vieilles vignes Brand 1989 – Auguste Hurst à Turckheim

 

Robe brillante. Nez surpuissant aromatiquement, profond sur des notes d’olives noires, d’eucalyptus. Bouche ronde, fraiche avec une trame tannique d’une grande fermeté et d’une rare élégance. Ensemble encore très fruité, soyeux sur le chocolat avec un coté très charnel. Finale épicée. Grand, très grand vin d’un vigneron discret mais admirateur du Brand. Il aime tellement ce cru qu’il n’hésitait pas l’inscrire sur l’étiquette malgré les interdits ! Cette cuvée est vendue aujourd’hui sous la mention « vieilles vignes » 18,5/20

 

Pinot noir 1985 – Auguste Hurst à Turckheim

 

La robe est sombre. Nez compoté, sur la cerise et des relents viandés avec un fond sanguin. La bouche est à nouveau ample, fraiche avec des tannins très précis, comme ciselés dans la masse. Petite chaleur et finale très expressive. Certainement la cuvée d’entrée de gamme du domaine mais quelle entrée ! Eventuellement moins avenante avec ses notes animales qui ne seront pas du gout de tout le monde.  17/20

 

Superbe série de vieux pinots sur sol granitique. On pense souvent à tord, et moi le premier, que les grands terroirs de rouges sont calcaires. Cette série prouve le contraire.

Je savais déjà les grands alsaces blancs indestructibles, nous avons là trois rouges des années 80 en pleine forme et pouvant en remontrer à d’autres crus plus prestigieux, et pourquoi pas bourguignons.

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Le civet de biche façon Taverne Alsacienne :

 

Pinot noir « M » 2005 – Laurent Barth à Bennwihr

 

Nez chocolaté, toasté sur les fruits rouges puis floraux. La bouche est ronde avec la fraicheur des 2005. Style fin bien en place sur des tannins gras. Beau vin provenant du grand cru Marckrain (marno-calcaire) de Bennwihr du très discret mais prometteur Laurent Barth. 16,5/20

 

Rouge de Saint Léonard Grand Chapitre 2001 – Domaine de l’Ancien Monastère à Saint Léonard

 

Fruité plus fin, acidulé mais présence forte de senteur de coca-cola suite à un élevage trop ambitieux. Aromatiquement très expressif en bouche, les tannins sont asséchants. Bof, première déception de la soirée. Pourquoi un tel élevage ? 12/20

 

Rouge de Saint Léonard cuvée des vigneronnes 2001 – Domaine de l’Ancien Monastère à Saint Léonard

 

Suite au grand chapitre précédent, asséchant et terne, TM nous propose cette même cuvée sans l’élevage ambitieux. Le nez est cette fois marqué par la sauce soja façon maggi, la soupe de légume. La bouche est ronde, beaucoup plus fine avec des tannins plus aimables et plus gras. Un vin cette fois équilibré et digeste bien loin de la caricature précédente mais manquant tout de même de fond par rapport au deux autres l’entourant. 14/20

 

Pinot noir Réserve 1999 – Léon Beyer à Eguisheim

 

Nez dense, compact sur la suie, le fumé, le pain grillé. Bouche soyeuse et ferme en même temps telle la quadrature du cercle. Beaucoup de rigueur et presque d’austérité dans ce breuvage mais avec tellement de classe et de caractère que la main y retourne sans arrêt. L’empreinte des grandes maisons alsaciennes sur les terroirs argilo-calcaires. 18/20

 

Pinot noir Réserve Personnelle 1985 – Hugel et fils à Riquewihr

 

Nez très floral,  évoluant sur la fraise. La bouche est un monument de fraicheur, de finesse et de race. Tout n’est qu’harmonie et élégance. Belle présence pour ce vin presque parfait qui 25 ans après sa vendange et toujours d’une jeunesse insolente. Troisième fois que je croise la route de ce vin en 5 ans. J’ai vraiment beaucoup de chance car cette cuvée est la première d’une très courte série de 3 millésimes avec 1990 et 2003 connus, sous le nom « Les neveux » et provenant du lieu dit « Pflostig » 18/20

pinot noir 1985 Hugel 

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Les fromages de Jacky Quesnot :

 

Pinot noir Albé 2006 – Domaine du Rempart à Dambach la Ville

 

Robe légère et tendre. Nez sur la compote de fruits rouges un peu de volatile. La bouche est propre, net ronde et simple dans un style vin de soif fruité. Le retour sur terre est très difficile et cette cuvée est l’opposé stylistique de la série précédente. Un rouge léger, friand, sans chichi. A noter que ce vignoble d’Albé et le plus à l’ouest de la région. 13,5/20

 

Pinot noir Tradition 2003 – Romaine Fritsch à Marlenheim

 

Nez discret sur la noisette, les petits fruits rouges. Bouche sur la réserve avec une structure bien en place grâce à des tannins longs.  Manque d’éclat pour ce pinot du premier viticulteur chez qui j’ai acheté du vin. Il me reste encore des millésimes plus anciens que je vais ouvrir cette année. 14/20

 

Pinot noir les terres Rouges 2003 – Emile Boeckel à Mittelbergheim

 

Nez fumé, minéral. Bouche très ronde, charmeuse et puissante avec des tannins imposants. Beaucoup de corps de fermeté dans ce vin qui se boit bien dans un style plein et viril. 15/20

 

Burlenberg 1995 – Marcel Deiss à Bergheim

 

Nez sur la pivoine, la fraise avec des touches végétales de bouillon blanc. Bouche perlante, ronde à la texture soyeuse mais présentant des arômes trop foxés. Complantation de pinot noir et meunier. Pas mon style de vin mais je dois avouer n’avoir jamais accroché avec les rouges de ce domaine mythique. 14,5/20

 

Depuis le temps que je dis a tout le monde de boire du blanc avec le fromage me voilà, un restaurant avec en face d’une assiette de fromages, trois rouges ! Et bien seul le rouge d’Albé sera à l’aise avec ces produits laitiers.

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La poire pochée au Vin Rouge, Glace aux fruits de Barawecka :

 

Pinot blanc de noir 2009 – Pierre Frick (sans soufre) à Pfanffenheim

 

La robe est rosée et non blanche comme peut le laisser penser la dénomination « blanc de noir » Nez de crémant rosé, léger et frais, sur les fruits rouges. La bouche est marquée par une forte dose de gaz, moins que dans un crémant mais trop pour un vin tranquille. Une curiosité mais j’en manque pour ce genre de vin. Pas plus de commentaire. 13/20

 

Pinot noir Cotes de Rouffach 2003 – René Muré à Rouffach

 

Nez sur les fruits noirs et le basilic. Bouche suave, ample, ronde classiquement bien faite. Un beau vin, aimable et consensuel dans le style de la maison. Un des maitres du cépage dans notre région avec une série complexe de grands vins. Celui ci est l’entrée de gamme.14,5/20

 

Pinot noir de noir 2002 – Clément Lissner à Wolxheim

 

Cuvée issue de raisins passerillés. Nez sur la cerise noire. Bouche lourde, cuite avec des tannins secs et des notes curieuses de raisins de Corinthe. Equilibre entre trop de sucre et pas assez. Les marcs d’une première cuvée ont été rajoutés à une seconde cuvée pour renforcer l’extraction. Une façon de fortifier un breuvage. Pour vous faire une idée il faut s’imaginer boire un maury ou un banyuls. Même le grenache ne semble pas loin. Une curiosité pour les joueurs. 13,5/20

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Que retenir de cette soirée ?

Que l’Alsace produit de grands vins rouges issus de pinot noir, cépage noble et fin.

Que, malheureusement, les grandes cuvées sont trop rares et qu’une grande partie des raisins de tous bords sont destinés à l’élaboration des crémants rosés affichant des croissances chinoises à deux chiffres.

Que les rouges sérieux peuvent vieillir au moins 25 ans voire 30 ans et certainement 50 ans. Ce genre de cuvées de 25 ans d’âge étant rares de nos jours, il n’est malheureusement pas possible de se faire une meilleur idée du vieillissement.

Que l’on peut trouver des pinots noirs élégants et racés pour 15 euros, ce qui au regard des autres régions et une fois de plus une véritable opportunité.

Pour finir je rajouterais mais vous l’avez remarqué, que les meilleurs rouges de ne sont ni d’Ottrott, ni de Saint Hippolyte de Rodern ou encore de Barr.

 

Stéphane

 

 

Tag(s) : #Repas-Dégustation 2011
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