750 grammes
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Lorsque François Machi m’a annoncé le thème du repas, Lissner-Trimbach je me suis demandé comment l’on pouvait proposer un repas gastronomique sur le thème du vins avec la présence de deux domaines ayant des philosophies aussi différents.

 

D’un coté Trimbach, négociant Haut-Rhinois à la réputation bien ancrée et internationale, protestant, et de l’autre, le domaine Clément Lissner, géré aujourd’hui par Bruno Schloegel, vignerons Bas-Rhinois en biodynamie à la réputation montante et catholique (les fibres religieuses sont uniquement là pour renforcer le contraste, je suis Bas-Rhinois et protestant donc balle au centre)

 

Cette interrogation, cette presque inquiétude, est motivée par les tensions que l’on retrouve fréquemment entre les dégustateurs pro-biodynamiste disons plutôt les ayatollahs du bio et les amateurs comme moi qui cherche d’abord un résultat et pas une méthodologie pour arriver à ce résultat, même si la préservation de notre planète fait partie de ma vie. Je ne roule par exemple pas en grosse berline allemande et ma chaudière condense ! La conduite biodynamiste d’un domaine DOIT se faire dans un ensemble ; cela doit partir des tripes et pas du portefeuille. On sent de suite cette cohésion dans le discours de Bruno Schloegel, on sent de suite qu’il maitrise le sujet et que cela à beaucoup d’importance à ses yeux.

 

Mes inquiétudes seront très vites dissipées car il est bon de remarquer que les acteurs de ces deux maisons - Bruno Schloegel du domaine Clément Lissner et François Wilhelm de la maison Trimbach - discutent ouvertement sur leurs visions respectives de la viticulture alsacienne. L’un préférant facilement le vin de l’autre si l’évidence est là.

 

Si certains consommateurs bio ou conservateur pouvaient en faire de même est être plus tolérants avec ceux qui ne pensent pas à 100% comme eux nous pourrions enfin discuter, un verre à la main.   

 

Crémant brut –Clément Lissner :

 

Pour commencer cette soirée Bruno Schloegel nous fait l’honneur de proposer un crémant élaboré en son temps, par son oncle. Ce crémant à plus de 10 ans ce qui le place sur les millésimes 2000 ou 2001. Il a été dégorgé voilà 2/3 ans seulement après un vieillissement sur latte et sur ses lies, pendant autant de temps qu’un champagne.

Le nez est proche d’un islay avec des touches marines sur un fond de fruits murs. L’ensemble est en forme, frais et complexe avec la touche oxydative des vieux champagnes millésimés. La bouche est toute en rondeur et délicatesse avec une mousse grasse et un gaz léger mais encore présent. Beau crémant harmonieux qui remet une fois de plus en avant l’absence de vieillissement sur latte dans notre région qui victime de son succès sur cette AOC, doit fournir un marché en perpétuelle croissance. Cette croissance ne permettant pas de stocker et de faire vieillir du vin. Il faut vendre !!  

 

Gambas poêlé à la livèche et servi comme un pot au feu en papillote.

 

Riesling 2009 – Trimbach :

 

Cuvée issue de la partie négoce du domaine et non située sur la commune de Ribeauvillé. Le nom du village a été donné lors du repas. Ceci faisant partie des off d’une soirée et n’apportant rien à la dégustation je le garde pour moi.

Le nez est floral avec de petites touches épicées mais cela reste discret. La bouche est bien faite, propre, ronde et ample avec une acidité discrète et manquant un peu de tension sur des notes amyliques. Pas convaincu mais cuvée consensuelle. 13/20

 

Riesling Rothstein 2007 – Clément Lissner :

 

Terroir de grès rose à meule sur la carrière royale de grès rose, grès bigarré à Voltzia, grès coquillier, d’exposition sud sur sol silicieux pauvres.

Avec toutes ces pierres pas étonnant d’y trouver un nez pierreux, sableux avec une pointe fruitée. La bouche est ample, généreuse avec une petite rondeur dans une forte salinité et une acidité large et salivante. 15/20

 

Avantage Lissner avec un 2007 en pleine forme dans un style aérien. Le 2009 est beaucoup trop jeune pour être apprécié aujourd’hui et semble un peu en retrait au niveau de la complexité et de la structure.

 

Saint Jacques de Saint Brieuc snakées, jus de coques au lait de coco, pomelos et rattes au thym.

 

Riesling Frédéric Emile 2005 – Trimbach :

 

Cuvée provenant de l’alchimie de deux grands crus de Ribeauvillé. Le Geisberg et l’Osterberg avec une proportion plus importante de Geisberg à partir de ce millésime après le rajout de 3 ha de vigne du Couvent de la Divine Providence.

Nez sur le sucre d’orge, la mandarine le tout d’une belle maturité. La bouche est dense, soyeuse avec de la race et de la complexité. Beaucoup de profondeur et de puissance dans cette cuvée le tout avec un superbe équilibre. 18/20

 

Riesling Wolxheim 2008 – Clément Lissner :

 

Cette cuvée est l’entrée de gamme du domaine sur un terroir calcaire coquillés (Muschelkalk) dans le village. Le nez est fermé à double tour. La bouche est ferme, fine avec une acidité fondue pour le millésime mais tout de même présente. Finale sur les agrumes pour ce vin un peu austère pour le moment. 14/20

 

Sur cette paire c’est le verre de Trimbach qui se vide à grande vitesse. Il faut bien admettre que ce millésime 2005 est bien plus charnu que les précédents.

 

Bar sauvage en soupe crémeuse au gingembre et citronnelle, nuage de lait de noisette. 

 

Riesling Clos Sainte Hune 2005 – Trimbach :

 

La cuvée mythique alsacienne par excellence et fer de lance de la Maison qui en produit bon an mal an dans les 6000 bouteilles. Cette Sainte est issue d’un des deux célèbres clos de ce village si discret qu’est Hunawihr.

Situé sur le grand cru Rosacker cette Sainte Hune se présente discrètement au nez avec de l’agrume et des touches minérales. La bouche est comme toujours, droite, sèche et élancée mais ce 2005 présente cette profondeur particulière à la cuvée (ce n’est pas toujours le cas) dense sans en avoir l’air, racée en toute simplicité sans vouloir être démonstrative comme si cela était simplement évident. A revoir dans 10 ans. 18/20

 

Riesling grand cru Altenberg de Wolxheim 2005– Clément Lissner :

 

Grand cru le plus à l’est d’Alsace sur 31,20 ha. Sa classification d’usage est argilo-calcaire- mais cela est encore plus complexe avec la présence de marnes. Ce cru avait par le passé une telle réputation que le maire de l’époque avait refusé le passage de la route des vins dans le village. Cette réputation daterait de Napoléon 1er.

Le nez est très mûr à la limite de la surmaturité avec du miel, de l’agrume confit. La bouche est riche, très ample et généreuse dans son expression saline qui fait largement saliver. Beaucoup de mâche mais une pointe d’oxydation et présente sur notre bouteille. A boire aujourd’hui. 16,5/20

 

Première et dernière paire sur le même millésime, et pas le plus petit. Le contraste est frappant. Une Sainte Hune austère toute en subtilité avec une force étonnante ne débordant jamais dans l’excès. De l’autre un riesling ample, plus démonstratif, peut être plus joyeux, plus accessible. Difficile de faire un choix, le choix le plus évident et immédiat étant l’Altenberg mais la Sainte ira tellement loin.

 

Sot l’y laisse et pata negra sur des gnocchis de charlottes au romarin et émulsion de parmesan Reggiano.

 

Riesling Clos Sainte Hune 2004 – Trimbach :

 

Deuxième Sainte Hune de la soirée ce qui porte à 11 le nombre de millésime que j’ai dégustés (68-87-89VT-91-93-95-97-99-01-04-05)

Le millésime est à peine décelable et des touches confites et mielleuse couvrent cela avec élégance. La bouche est ronde, ample et disons le atypique à mes yeux. Beaucoup de mâche, de volume avec un coté facile à boire qui amène la main sans arrêt sur le verre. Petite pointe de sucre qui lui donne certainement ce charme. 19/20

 

Riesling grand cru Altenberg de Wolxheim 2008– Clément Lissner :

 

Nez fermentaire sur la poire, la bière. La bouche est dense, ronde frétillante sur une forte salinité mais l’ensemble est beaucoup trop jeune. 17/20

 

Grand contraste à nouveau mais dans l’autre sens cette fois. A la pointe de rondeur et de souplesse du Trimbach s’oppose la droiture du 2008 de Bruno Schloegel.

 

La ferme d’Obersteinbach, variation de 3 fromages de chèvres.

 

Riesling Frédéric Emile 1997 – Trimbach :

 

Nez sur les fruits rouges, évoluant sur l’abricot et autres fruits jaunes. La bouche est droite avec beaucoup de gras et beaucoup de puissance sur une acidité longue et fondue. 17/20

 

Riesling Wolxheim 2005 – Clément Lissner :

 

Nez sur des notes de résineux et de miel d’acacia. Toujours cet équilibre sec et sapide en bouche. 15/20

 

Avantage Trimbach avec un vin à son apogée.

 

Fruits exotiques en bavarois et carpaccio, sorbet à la grenade. 

 

Riesling Frédéric Emile Vendanges tardives 2001 – Trimbach :

 

Moins de notes pour ma part suite à des discussions intéressante avec les participants de la soirée sur les vins proposés par le restaurant. Et puis j’avais un chauffeur ce soir là, donc open bar.

Seul souvenir, un nez très mur avec des fruits juteux et un équilibre parfait car VT ne veut pas dire grosse liqueur chez les Trimbach. Un peu dans le style du riesling VT 2001 de Hugel. 18,5/20

 

Riesling grand cru Altenberg de Wolxheim « passerillé » 2003– Clément Lissner :

 

Nez classique mais riche sur les agrumes confit. La bouche est massive et charpentée, solaire. 16/20

 

Après les fréquents repas à la Taverne Alsacienne, les quelques essais à la Cuillère à pot et chez Yvonne à Strasbourg nous voilà dans un nouveau cadre à Morsbronn-les-Bains dans une belle adresse du vin en Alsace. Les plats sont raffinés, fin dans un esprit plutôt léger, dans le sens pas trop calorique, en dentelle. Faut dire que l’établissement propose le spa et toute une série de soins corporels, difficile de mettre une plaquette de beurre dans chaque plat.

 

Le choix des domaines et judicieux en associant deux maisons on arrive toujours a trouver son bonheur dans l’accord mets/vins, même si ce n’est qu’un argument de discussion et de dégustation pure pour moi.

 

Pour finir, je ne place jamais la biodynamie comme LA solution à la qualité et ce n’est pas chez moi un critère d’achat même si pas loin de 50% de ma cave en est pleine. Le résultat est dans le verre, et nous avons eu beaucoup de beaux verres ce soir du 09 février 2011.

www.lasourcedessens.fr

Stéphane

Tag(s) : #Repas-Dégustation 2011
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