J’essaye depuis mon arrivée au club de proposer un thème sur un millésime historique que l’on pourrait passer en revue 10-20-30 ans après. En 2020 nous avions décidé pour 2021 de passer en revue le millésime 1971, pour fêter ses 50 ans. Les décalages successifs ont fini par faire sortir cette séance fin 2022. La difficulté de ce genre de thème est bien évidement de trouver les bouteilles anniversaires qui s’arrachent souvent à des prix pas très raisonnables l’année précédente.
1971 est un millésime au minimum bon dans la plupart des régions de France voire même très bon en Alsace et en Bourgogne. Le bordelais n’est pas en reste avec un niveau global a peine moins grand que son prédécesseur. Après une séance rock’n’roll pour retirer les bouchons nous voila en très petit comité pour déguster la sélection de Christian.
Bien évidement, les notes ne reflètent que mon avis sur UNE bouteille. Une mauvaise appréciation sur une bouteille ne vaut pas pour l’intégralité de la cuvée.
Novembre 2022
Alsace Tokay pinot gris 1971 tête de cuvée Dopff au moulin.
Nez sur le sous-bois noble avec de l’encaustique de la truffe à plein nez. Le nez est pur, sans le moindre altération. Bouche très ample, lisse sur de beaux arômes fin et très net. On sent presque la peau de raisin. Une acidité délicate dans une ensemble très soyeux avec un résiduel fin pour clôturer le tableau. Amer façon cuir en finale. Les vieux pinot gris à ce niveau là sont rares en Alsace. 17/20
Beaune 1er cru Les Theurons 1971 P.A André Chateau de Corton-André.
Bouteille souffrant d’un niveau proche de la vidange, offerte par un caviste. Robe largement tuilée. Fraise des bois au nez, avec des notes discretes de fleurs. Attaque pleine, avec une chair délicate et bien en place. Une acidité un peu stricte mais qui souligne bien la structure qui n’est pas fuyante. Le vin tient encore parfaitement après plus de 50 ans. 16/20
Corton Pèrrieres 1971 E. Stadelhoffer
Belle robe brillante. Nez poussiéreux mais on sent un beau fruit en arrière plan. S’ouvre doucement sur les épices et le tabac. Bouche pleine sur des tannins serrés, une impression d’alcool lui donnant un style bancale. Finale mordante. Un vin de négociant comme on en trouvé beaucoup dans ce temps là. Vu la rame tannique actuelle, ce vin devait être bien compliqué dans sa prime jeunesse. De beaux restes mais pas au niveau du Beaune. 14,5/20
Barbaresco 1971 Musso Sebastiano
Robe trouble. Nez qui pue le bouchon. Dommage.
Barbaresco 1971 Giacosa Donato & Figli
Robe trouble. Nez pur sur les bourgeons de cassis, la feuille de cassis avec de la menthe poivrée. Bouche fine, dense sur des tannins fins et gras soutenue par une acidité parfaitement en harmonie. Finale carré qui claque. Une bouteille vraiment plaisante, jeune dans l’esprit avec du mordant, de la structure sans esbroufe. 18/20.
Barolo 1971 DeNegri Lorenzo
Robe sombre et brillante. Nez bordelais sur la suie, le graphite, le végétale noble. Bouche sphérique avec une belle matière, presque ronde avec une impression de sucre. Tannins frais et amples. Puis s’allonge en restant dense mais un rien asséchant. Un cran en dessous que le précédent. 16/20
Pomerol 1971 Chateau Nenin
Belle robe. Nez sur le pied de tomate avec des notes de fleurs et de tabac brun. Attaque fraîche et ample sur des tannins précis et présents formant structure athlétique. Finale plus simple mais fraîche. 15/20
Saint Emilion 1971 Couvent des Jacobins
Bouchon.
Saint Emilion 1971 Chateau Larcis Ducasse
Robe tuilée. Nez lacté avec des notes de bois nobles dans un fond de fruits rouges. Bouche à l’attaque sucrée donnant du croquant sur une acidité souple des tannins fins mais un rien mordants. Manque un peu d’harmonie sur cette bouteille. 13/20
Margaux 1971 Chateau Siran
Robe trouble. Nez sur le tabac froid puis des fruits confits. Bouche sur le champignon une structure raide et des tannins secs sur une acidité métallique. Bof. 11/20
Margaux 1971 Chateau Marquis de Terme.
Belle robe brillante. Beau nez, ouvert, réglisse, fruits confits. Attaque sphérique ronde puis acidité sur les bords. Arôme un peu vieux et sans doute un petit bouchon. Finale séchante mais malheureusement persistante. 13/20
Loupiac 1971 Chateau Mazarin
Nez sur les fruits exotique, nèfle, sur un joli rôtie. Attaque grasse et crémeuse avec une acidité pointue et salivante. Un peu chaud et simple mais belle tenue et une belle profondeur. Comme quoi, si c’est bien fait, un liquoreux est toujours plaisant pour finir une soirée. 14/20
Un peu de chauvinisme, l’Alsace a d’entrée de jeu tué la partie et il n’y a que le Beaune Theurons et le Barbaresco Giacosa qui ont mise de l’ambiance dans la soirée. Les autres bouteilles étant moins convaincantes. Malgré tout, on peut toute de même que tous les vins ont globalement bien passé les années, chacun a son niveau, la garde ne faisant pas d’un âne un cheval de course, même sur un hippodrome.
Stéphane