Le crémant, la bulle festive qui anime les débuts de soirées représente aujourd’hui 25% de la production de la région Alsace, c’est dire l’engouement qu’ont les vignerons à répondre à cette demande. Etrangement aucune des grandes maisons alsaciennes historiques ne proposent de crémant que ce soit Zind-Humbrecht, Weinbach, Hugel ou encore Trimbach… De là à penser que cette AOC n’est pas digne d’intérêt il n’y a pas loin. A l’inverse, les grandes coopératives comme Wolfberger, Arthur Metz, ou la cave de Turckheim, inondent le marché de milliers de flacons gazeux. Au milieu de ces deux groupes antagonistes, on retrouve des maisons sérieuses qui ont fait le pari de mettre en avant leurs productions de crémants comme Muré ou Dopff au Moulin voire de ne produire que cette AOC comme Jean-Claude Buecher. Il y avait tellement d’échantillons que nous avons décidé d’en faire deux soirées….de 26 vins chacune.
Ce vin est donc festive, personne ne peut le nier et chacun d’entre nous a son étiquette de prédilection mais que se passe t-il lorsque l’on essaye de décortiquer 26 crémants en 1 soirée ? Les coopératives sont-elle vouées à être les dernières du classement, les crémants de vignerons indépendants sont-ils forcement meilleurs ? à suivre….
Dégustation à l’aveugle par paire, fin juin 2015.
Précision importante pour cette dégustation et les suivantes, seules mes notes >13/20 seront diffusées. Les autres ne le seront plus, ceci afin d’éviter les sempiternels reproches et pour ne pas assassiner un vin sur un échec d’un soir. Vous allez voir, ils ne sont pas légion, les crémants au-dessus de 13/20.
Crémant d’Alsace brut Vintage 2012 Emile Boeckel.
Train de bulles rapides. Nez discret et net sur les fruits blancs et les agrumes. La bouche présente une mousse légère sur une petite amertume. La finale est courte et l’ensemble paraît trop dosé, l’amertume resserrant l’ensemble. <13/20
Crémant d’Alsace brut vieilles vignes Wolfberger.
Trains de bulles lentes. Nez très mûr, fruits jaunes presque exotiques avec une touche d’évolution qui lui donne un caractère oxydatif. La mousse est diffuse et le crémant est fluide sur le pain grillé mais l’ensemble est gourmand avec des bulles grasses et une matière bien en chair et pourtant il semble plus sec, mieux amené avec un caractère vineux. Finale moyenne sur la rondeur. 13/20
Crémant d’Alsace brut Domaine Stirn.
Train de bulles rapides. Nez amylique sur les fruits rouges avec une touche grillée. La mousse est assez imposante et les bulles sont généreuses, on perçoit une amertume fort agréable. Un crémant ample, riche et crémeux. Finale épicée. Un bon crémant certainement d’une année chaude. 13,5/20
Crémant d’Alsace brut Hubert & Bléger.
Train de bulles assez lentes. Nez discret, citronné avec des touches de savon et de mirabelle. Bouche à la mousse légère sur un ensemble sec manquant d’ampleur et de corps. Finale raide et métallique. C’est bien petit ! <13/20
Crémant de Limoux Brut Sieur d’Arques.
Train de bulles lentes. Nez sur le cheval et sa selle en cuir. La bouche est droite et la mousse est bien petite sans gros dégazage. La balance amertume/ acidité est assez bien maitrisée mais l’ensemble n’a aucun fond. Finale pomme verte fuyante. <13/20
Crémant d’Alsace Brut Clément Klur.
Train de bulles lentes. Nez sur les fleurs blanches, la fleur d’oranger mais aussi les raisins secs. La bulle est souple et la brioche remplie la bouche pour ce crémant punchy, gras, crémeux avec une acidité un peu pointue. Caractère oxydatif. 13/20
Crémant d’Alsace Domaine Pfister.
Petit train de bulles. Nez discret et assez simple sur les agrumes. La mousse est belle, l’ensemble est vif et ne fait pas semblant mais l’acidité est expressive apportant de la droiture comme tous les vins du domaine. Un crémant cohérent avec du fond. Finale sèche sur fond de terroir. 14/20
Crémant d’Alsace Brut tradition Fernand Engel.
Train de bulles dynamiques. Nez surmuri sur la quetsche, la mirabelle, la croute de pain, le soufre. Bouche ample, mousse généreuse mais la bulle est trop carrée et manque cruellement de finesse. Ensemble pas super net sur un dosage trop important donnant un coté pâteux. <13/20
Mousseux Steinberger Wolfberger.
Bouchonné.
Crémant d’Alsace Brut extra Meyer-Fonné.
Tout petit train de bulles. Nez fin, discret sur les épices. La mousse est rustique et l’ensemble ferme est proche du raide avec cette amertume trop en avant rendant la finale rêche. Même son créateur assis juste à coté de moi est deçu par son crémant. <13/20
Champagne spéciale cuvée Bollinger.
Beau train de bulles nets. Nez expressif sur les fruits à noyaux, la pêche, l’abricot avec un beau coté vineux. La bouche est grasse sur une mousse suave, gourmande et une acidité puissante mais fine. L’ensemble est efficace avant une finale propre et nette. 15,5/20
Crémant d’Alsace Albert Boxler.
Train de bulles fines. Nez net sur les agrumes et les épices. Beaucoup de mousse et des bulles très fines et nerveuses. L’acidité est vive sur un coté aérien signant certainement un terroir granitique. Finale propre. 13,5/20
Crémant de Loire brut Langlois-Château.
Beau train de bulles. Nez floral avec des touches de lessive. La bouche est ample sur des bulles qui roulent en bouche comme du caviar. Ampleur mais aussi chaleur et surtout une acidité bancale. Finale acidulée et courte. <13/20
Crémant d’Alsace Allimant-Laugner.
Train de bulles fines. Nez net et frais sur les agrumes. Bouche dans la même veine, fraiche avec des petites bulles ciselées dans une mousse compact. L’acidité est fondue et l’ensemble n’est pas plus complexe que ça. Un crémant léger et digeste. 13,5/20
Crémant d’Alsace Sipp-Mack.
Train de bulles fines. Nez exotique, réglisse, avec des notes de carton. La mousse est éphémère sur une acidité marquée, malique. Dosage trop appuyé avant un creux en milieu de bouche. Crémant un peu terne. <13/20
Crémant d’Alsace cuvée soixante douze Léon Boesch.
Train de bulles rapides. Nez très mûr, sur la mirabelle, le camphre, le café et le bois. La bouche est également très mûre mais avec une acidité incisive sur un dégazage très rapide, le vin finissant rapidement comme un vin tranquille. Ensemble complexe, curieux mais vineux. 13,5/20
Crémant d’Alsace brut Dopff au Moulin.
Tout petit train de bulles. Superbe nez floral. Bouche élégante sur une mousse suave et souple et une acidité franche. Ensemble cohérent d’un bout à l’autre avec un dosage précis imperceptible. Beau crémant. 14,5/20
Crémant d’Alsace brut Domaine Haegi.
Train de bulles fines. Nez muet sur le cuir. Attaque trop dosée avec une mousse expansive et une acidité plate donnant un vin lourd, sans éclat. <13/20
Crémant de Luxembourg Domaine Viticole R. Kohll-Leuck.
Aucune bulle dans le verre pour se crémant stocké en cave depuis environ 15 ans. Nez complexe sur la mirabelle, la brioche l’ensemble faisant son âge. La mousse est grasse dans un ensemble sphérique, l’acidité est par contre bien malique, mordante. Ensemble lourd. <13/20
Crémant d’Alsace Gustave Lorentz.
Train de bulles fin. Nez sur l’allumette, réduit comme il faut. Mousse ample mais très fort dosage donnant un crémant sur la rondeur malgré une acidité puissante, l’ensemble manque un peu de définition. Finale sèche. <13/20
Crémant d’Alsace Réserve de l’Abbaye Arthur Metz.
Aucune bulle dans le verre. Nez très fruité, jaune et rouge avec un fond végétal. Mousse expansive et bulles trop grosses mais avec une amertume qui apporte un peu plus de caractère. Ensemble compact. 13/20
Montlouis sur Loire Brut François Chidaine.
A nouveau pas la moindre bulle. Nez fumé puis marqué par les bourbes, les fruits à noyaux avec des touches grillées. La bouche est ample sur une mousse rustique et une forte amertume dans une structure acide confuse. Finale à la limite de la raideur. <13/20
Crémant d’Alsace Extra brut blanc de blancs Chardonnay Domaine Hering.
Petit train de bulles. Nez floral avec une touche de vernis assez déplaisante. Mousse fine et ensemble vineux mais l’ensemble manque de fraicheur.<13/20
Crémant d’Alsace Brut Chardonnay Paul Buecher.
Train de bulles fines. Nez sur les fruits jaunes. Bouche souple sur une mousse compact et une acidité fine et plaisante. On perçoit pour la première fois une pointe de minéralité. Ensemble rond, bien fait, agréable à boire. 15/20
Crémant d’Alsace Chardonnay 2011 Jean-Claude Buecher.
Train de bulles rapides. Nez grillé sur les fruits secs avec des touches torréfiées. Mousse puissante et jeune assez massive dans un crémant très expressif, racé, dynamique et cohérent. 14/20
Crémant d’Alsace Brut chardonnay Fernand Engel.
Gros train de bulles. Nez sur le citron confit. Dosage prononcé pour une mousse lourde et peu de fraicheur. <13/20
Sur 26 bouteilles dégustées, 20 étaient des crémants d’Alsace et seules 11 bouteilles ont obtenu plus de 13/20 avec une note maximum de 15/20.
Beau doublé de la commune de Wettolsheim, un champagne au dessus du lot, un Limoux qui fait juste sourire et un crémant de Chidaine curieusement à la ramasse.
Pour le reste, les crémants des grosses structures comme Wolfberger et Arthur Metz sont loin d’être ridicules, ils sont même tous les deux notés au dessus de 13/20. Les gros volumes de production permettent certainement de mieux maitriser le sujet avec une structure technique plus importante.
Du côté des vignerons indépendants, on retrouve un peu les mêmes producteurs que sur les vins tranquilles. Ainsi, Pfister, Boxler sont de bons choix en bulles. Pour finir, les domaines mettant en avant leur compétence en crémant comme JC Buecher et Dopff au Moulin sont au rendez vous.
La deuxième séance sera consacrée aux cuvées prestiges.
Stéphane