Millésimes en "5" au Domaine Louis Sipp à Ribeauvillé.

La Pentecôte rime dorénavant pour nous avec dégustation thématique au domaine Louis Sipp. Cette édition 2025 sera consacrée assez logiquement aux millésimes en « 5 ».

Les vins sont servis par deux ou trois dans la double salle du premier étage avec les commentaires toujours intéressants d’Étienne Sipp sur les terroirs, les vinifications, les millésimes.

La réputation des millésimes en « 5 » sur la seconde moitié du siècle passé n’est plus à faire et de 45 à 95 il n’y a guère que 1965 qui est globalement mauvais en France. Les millésimes 2005 et 2015 sont dans la même veine.

Bonne réputation mais toujours une certaine appréhension quand j’ouvre ces millésimes car ils sont rarement prêts, souvent fermés voire austère, comme une impression de « toujours trop tôt ».

Alsace pinot blanc médaille d’or Colmar 1985

Nez grillé sur les terpènes les fleurs sèches, le pain. La bouche est pleine avec une acidité assez marquée qui file droit menant à un coté un rien strict mais bien vivant. Bien

Alsace muscat réserve personnelle 1985

50% petits grains, 50% ottonel. Nez complétement fou comme souvent sur les vieux muscats avec du bonbon anglais, de la boite à pharmacie, de la menthe froissée. L’attaque est franche sur une acidité plus précise et bien mieux en place, plus longue et salivante. Finale sur de beaux amers réglissés. Très Bien

-----Préférence pour le muscat d’une précision assez redoutable et d’une incroyable jeunesse pour 40 ans.

Alsace Riesling Kirchberg 1975

SR : 2,5 g/L - AT : 5,5 g/L - 13,2°

Nez fin sur les fleurs sèches et encore une fois la menthe sèche. La bouche est sphérique, très élégante sur une acidité fine et tactile même si l’ensemble ne manque pas de nerf. Un vin qui porte très bien ses 50 ans. Très bien-

Alsace Riesling Sigillé de la Confrérie Saint Etienne 1985

SR : 6 g/L AT : 4,3 g/L

Nez vieux sur la croute de fromage, la morille qui s’ouvre curieusement sur les fruits rouges comme la fraise. Bouche très droite, strict voire raide. Un vin qui au regard de son Sigille devait être croquant et éblouissant dans sa jeunesse mais que son terroir un peu simple n’a pas aidé à passer les années. Bien-

Alsace Riesling Kirchberg 1995

SR : 6,5 g/L AT : 5,2 g/L – 12,5°

Nez sur le botrytis avec de l’orange confite. La bouche est large, solide avec une acidité citronnée en avant mais sur un gros jus calmé par un petit moelleux. Très bien

à50, 40 et 30 ans ! Qui peut encore douter de la garde des Beaux Alsaces ?? Un 75 en dentelle, un 85 qui montre la limite de son terroir et un 95 incroyable de franchise et jeunesse. Un penchant pour la nervosité du 95.

Alsace grand cru Osterberg Riesling 2005

SR : 12,4 g/L AT : 5,1 g/L – 13,7°

Nez classique et plus moderne sur de l’orange, des fruits exotiques. La bouche est très précise sur une acidité dense et frétillante. Le milieu de bouche est puissant, très aromatique avec de la sève, de la salinité. Petite chaleur en dégustation pure. Très bien +

Alsace grand cru Kirchberg de Ribeauvillé Riesling Vendange tardive 2005

SR : 38,3 g/L AT : 5,2 g/L – 12,6°

Nez confit sur la mie de pain, la mandarine. La bouche est ample, ouverte, élégante tout en dentelle. Bien +

-----2005, premier millésime que j’ai acheté au domaine. Un Osterberg bien assis, solide et un Kirchberg que la VT va encore arrondir, apaiser.

Alsace Osterberg gewurztraminer 1985

Nez sur les fleurs sèches, les épices. Nez sur la croûte de pain, le sous-bois sec. Bouche fine, souple et suave avec une acidité juteuse, enlacée entre délicatesse et force. Bien +

Alsace grand cru Osterberg gewurztraminer 1995

SR : 15,7 g/L AT : 2,9 g/L – 13,4°

Nez sur les fruits blancs exotiques, le pop-corn dans le style d’un vieux chardonnay. Un vrai feu d’artifice. La bouche est très élégante, joueuse, tactile et puissante à la fois. Beaucoup de relief et de structure. Très bien.

Alsace grand cru Osterberg gewurztraminer 2005

SR : 37,2 g/L AT : 2,9 g/L – 12,9°

Nez très mur sur l’orange confite. La bouche est solide, soyeuse et riche.

----Une fois encore le 95 semble le vin le plus expressif, le plus dynamique et le plus complet.

Alsace Tokay Pinot gris Vendange tardive 1985

Nez pas très expressif sur des notes de cuir. La bouche est ample, ouverte, mordante, presque sec dans un style viril es presque tannique. Bien

Alsace Tokay Pinot gris Sigillé de la Confrérie Saint Etienne 1995

Nez confit sur la datte. L’attaque est souple sur une acidité qui porte l’ensemble avec beaucoup de dynamisme dans une jolie matière glissante. Bien +

Alsace Pinot gris Sélection de grains nobles Cœur de tries 2005

SR : 186,9 g/L AT : 4,6 g/L – 11,7°

Nez sur la tarte tatin, le caramel. La bouche est liquoreuse, fondue, posé, soyeuse. A boire tranquillement en fin de soirée. Très bien

----Le charme et la suavité de la sélection de grains nobles fonction en cette fin de dégustation, le 95 vient clôturer la belle série sur ce millésime. Le 85 est clairement en retrait.

Dès 4 millésimes proposés, 1995 est le moins bien noté en Alsace et pourtant c’est bien vers lui que va ma préférence cet après-midi. Les 95 de cette série sont nerveux, tactiles, francs, là où les 85 sont plus effacés, les 2005 encore en devenir. Le Riesling 75 est un OVNI, d’une grande délicatesse avec une présence et une sagesse incroyable.

Cette série a également permis de mettre des impressions sur l’évolution des vins d’Alsace sur 30 ans. Le changement de maturité, de style, semble clairement avoir été pris en 2005 voire un peu avant, sans doute autour de 2000-2003….Les vins d’avant et d’après 2000 ne sont plus les mêmes….

Merci Etienne pour cette dégustation.

Stéphane