Pour finir l’année, le Club AOC de Barr, qui fête au passage ses 20 ans en Alsace, a pour habitude de faire de le festif et quoi de mieux que de faire une série de champagnes.
Après une série en 2013 sur les vins de Verzenay, une sur les disciples de Selosse en 2017, Agrapart en 2018, Egly-Ouriet en 2019, nous voilà avec Bolllinger, grande maison familiale que l’on ne présente plus.
Bollinger c’est 133 hectares de pinot noir et meunier, 45 hectares de chardonnay le tout sur les plus beaux terroirs de la Marne. Au rang des anecdotes nous pouvons citer la présence de Bollinger dans les James Bond, la conservation des vins de réserves en magnum, sous liège avec agrafe et le fait qu’elle assure 70% de ses approvisionnement en raisins.
Pour finir, le famille Bollinger est majoritaire depuis 1973 au domaine Langlois-Château, d’où la présence de quelques bouteilles à la soirée. A noter aussi, 2x2 vins identiques mais avec des dégorgements différents……On peut penser qu’il n’y a pas que la date qui change !!!
Coteaux Champenois 2014 La Côte aux enfants Bollinger
Robe rubis limpide. Nez fin sur les fruits rouges croquants, notes d’amandes et de suie qui monte crescendo sur les belles fleurs. Bouche fine, tannins très fins sur une acidité un peu mordante dans une belle aromatique qui reprend largement le nez. Finale ciselée et étonnamment serrée mais l’ensemble reste sur la corde au risque de basculer du mauvais coté. 14/20
Crémant de Loire Langlois-Château.
Nez réservé sur le citron, les agrumes.
Bouche large et crémeuse mais vive sur une bulle assez intense et ferme et une acidité marquée en finale. Plutôt court dans l’ensemble. 12,5/20
Champagne Bollinger spéciale cuvée.
Le brut classique de la maison. Nez intense sur les fruits jaunes avec une note de mie de pain. On entre dans le champagne. Attaque très large sur une mousse un rien rustique qui dégaze rapidement avec des amers, une acidité nette et présente sans débordement. Longue finale fine sur du minéral. Très jeune. 15/20
Champagne Bollinger rosé
Robe rose saumon. Nez sur les fleurs avec des notes de sureau, des touches grillées, de cuir, et un rien d’alcool. Bouche fine, droite, subtilement dosée sur une bulle intense formant une mousse assez sèche. L’acidité est bien posée et tire le breuvage. Sans doute moins consensuel que son équivalent mais j’aime bien. 14,5/20
Crémant de Loire Langlois chateau rosé
Robe saumon cuivrée très brillante. Nez réduit sur l’amande les fruits à noyaux. Bouche large avec des amers et une impression de liqueur de cassis complètement détaché de la structure. Bof. 11/20
Champagne Grande année 2012 (dégorgé en 2020)
Nez évolué grillé noble avec des touches de beurre frais sur une fine oxydation voire rancio qui tire sur le chocolat.
Bulle millimétrée dans une mousse aérienne dans des notes de chocolat, l’ensemble gagne en gras et en crémeux sur une acidité précise et structurée. Finale fraîche et nette. Grand champagne. 17/20
Champagne Grande année 2012 (dégorgé en 2019)
Nez plus mûr et plus simple sur les fruits jaunes une oxydation moins fine. Attaque plus pointue dans une mousse plus virile et moins crémeuse mais plus jeune. Une acidité mordante, pointue. Finale sur de petits amers. 16/20
Le même vin donc, du moins la même étiquette, dégorgé à 1 an d’intervalle pour donner deux vins assez différent. Le tirage de 2020 semble plus abouti, plus en place, plus racé. Effet de jeunesse, des conditions de conservation de chacune des deux bouteilles. On peut même imaginer qu’il ne s’agit pas du même lot.
Champagne Grande année 2012 rosé (dégorgé en 2020)
Nez muet avec des notes de cuir. Bouche franche sur une mousse sèche et une acidité fondue qui ne marque pas trop. Finale simple. Manque de personnalité. 14/20
Champagne Grande année 2012 rosé (dégorgé en 2019)
Nez discret plutôt agrume. Bouche droite, vineuse, sur une mousse pas très expansive et une acidité franche qui dessine bien la structure. Finale dans le même esprit avec un peu plus de peps. 15/20
Même concept que la paire précédente mais cette fois c’est le dégorgement plus ancien, celui de 2019 qui tire son épingle du jeu ce qui a tendance à porter l’attention sur la différence de lot entre les dégorgements d’une même cuvée.
Champagne RD 2004 (dégorgé en 2018)
Nez évolué avec une fin rancio moins pur que sur le précédent sur la morille. La bouche est dense, puissante, sur une bulle fine et ciselée dans une structure franche et carrée. Un champagne affirmé et très complexe. Finale tactile et sèche. 16/20
RD 2002 (dégorgé en 2014)
Nez sur les fruits exotiques avec de la pomme chaude et la de craie. Bouche gourmande et large avec une acidité fondue de beaux amers pour donner encore plus de relief. Grande persistance dans la structure qui ne bouge pas d’un cil. Finale sèche. Superbe.18/20
Nous avons gouté Bollinger sur 3 niveaux. Un BSA, des millésimés et des millésimés vieillis sur latte pendant 11/12 ans avant dégorgement.
L’expression des vins est de plus en plus ciselée, précise, les structures de plus en plus fermes, sèches et les finales deviennent infinies. Revenir en arrière est d’ailleurs quasiment impossible sans flinguer la note du précédent.
Reste le mystère des rosés. Je ne suis pas fan des ces vins qui en voulant se rapprocher d’un rouge deviennent assez paradoxalement plus sucré. On retrouve cette artifice dans toutes les régions mais il faut reconnaitre que l’équilibre est bien géré chez Bollinger.
Stéphane