Les beaujolais sont à la mode, le réchauffement climatique, la hausse significative de la qualité et l’augmentation des prix des régions connexes n’y sont pas étrangers. L’inconscient collectif y est aussi pour beaucoup et le troisième jeudi du mois de novembre est toujours propice aux rendez-vous planchette dans tous les bistrots tendances du pays pour fêter l’arrivée du petit nouveau.
Plus sérieusement, les bons acteurs sont nombreux dans cette région mais je dois avouer que ce Jules Desjourneys m’est complètement inconnu. En fait Jules Desjourneys m’évoque plus une marque de distributeur qu’un grand domaine. D’ailleurs un mystère reste encore à éclaircir, pourquoi Jules Desjourneys alors que le domaine a été créé en 2007 par Fabien Duperray ? Si quelqu’un à la réponse je suis preneur.
Étant parti de zéro dans une région aux abois, les meilleurs parcelles ont été dénichées pour former les 9 hectares de vignes d’une moyenne de 80 ans. Les blancs sont élaborés avec la complicité de Christophe Thibert que je ne connais pas plus…..
La dégustation s’est déroulée étiquettes découvertes sans piège ni pirate.
Saint Véran 2014 Jules Desjourneys
Robe or pale. Nez fin sur un beau fruité blanc mais aussi de la menthe sèche et un léger boisé. La bouche est assez fluide sur une acidité fine dans un style longiligne sans boisé envahissant. Ce vin, même s’il reste très propre et net est tout de même un peu simple et il faudra attendre la finale pour remonter l’ensemble. 13/20
Pouilly-Loché 2014 Jules Desjourneys
Robe or pale. Nez très mur sur les fruits jaunes, la pierre, l’amande mais aussi le miel d’acacia. La bouche est sphérique sur une acidité plus dense, plus en largeur et une finale frétillante. Il manque curieusement et de façon assez nette un lien entre le début et la fin de bouche. Un vin à revoir pour savoir si la garde pourra recoller les morceaux. 12,5/20
Pouilly-Vinzelles 2014 Jules Desjourneys
Robe pale. Nez très parfumé malgré une petite réduction avec des touches boisées et fumée sur des relents d’amande. La bouche est riche, ample avec un gros volume, une acidité fondue qui dessine très bien les contours du breuvage. L’ensemble est parfaitement cohérent du début à la fin qui se pare de dentelles d’une belle élégance. 15,5/20
Pouilly-Fuissé 2014 Jules Desjourneys
Robe de la même teinte. Nez sur un fruité jaune assez classique avec de la menthe et une bonne touche de bois. La bouche est corpulente, puissante, large sur une acidité précise et marquée avant une milieu plus enrobé. Belle sapidité dans cette finale longue et ciselée. 15/20
Chenas "Le Jugement Dernier" 2014 Jules Desjourneys
Robe grenat. Nez élégant sur la griotte, une pointe de volatile et un élevage fin. La bouche est sphérique sur des tannins un peu collants sur une matière fine. C’est cohérent mais assez court en finale. 13/20
Morgon "Vieilles Vignes" 2012 Jules Desjourneys
Robe sombre. Nez sur la noisette, la viande sur des relents herbacés, herbes aromatiques signant les terroirs granitiques. La bouche est ample, grasse sur des tannins gras une acidité fondue, notes de poivre sur une grosse densité. Finale moyennement longue mais fraiche. 15/20
Fleurie "Les Moriers" 2012 Jules Desjourneys
Robe sombre. Nez sur les fruits noirs évoluant sur les fleurs comme la pivoine, la pierre et le graphite. La mise en bouche est fraiche sur des tannins ciselés dans un beau délié. Un vin juteux et puissant avec de la mâche. La finale est un peu plus brute, plus sèche. 14/20
Fleurie "La Chapelle des Bois" 2011 Jules Desjourneys
Robe noire. Nez floral d’une grande élégance, rose, lys avec de fines notes animales. La bouche est ample, soyeuse sur des tannins très précis, profonds dans une très belle fraicheur pour un millésime chaud. Le tout est élancé jusqu’à la finale fraiche et longue. 17/20
Fleurie "La Chapelle des Bois" 2010 Jules Desjourneys
Robe sombre. Nez poussiéreux et pas net sur la réglisse. La bouche est dense sur une acidité puissante, des tannins ciselé mais l’ensemble est moins élégant, moins suave que le précédent. Finale éteinte par le bouchage perfectible. 14/20
Fleurie 2009 Jules Desjourneys
Robe un peu terne. Nez sur la cendre, la volatile. La bouche est sphérique tout en étant compacte, puissante tout en rondeur faisant un bloc assez monolithique avant une finale simple. 14/20
Moulin-à-Vent 2011 Jules Desjourneys
Robe rubis. Nez grillé, torréfié, cacao, amande mais aussi fruits rouges, notes balsamiques touche de massepain. La bouche est délicate, élancée, ciselée sur une grande fraicheur, de la minéralité et une structure plus affirmée. Un vin qui avance tout seul avec du poivre et de la pierre.16/20
Moulin-à-Vent 2009 Jules Desjourneys
Nez sur la framboise et encore une fois une pointe de volatile. La bouche est fraiche, sphérique sur des tannins ciselés, fins mais qui vont un peu dans tous les sens. Touche d’alcool un peu trop marqué pour moi. Retour de la volatile en finale. Décidément je n’arrive pas avec ses 2009. 13/20
Moulin-à-Vent "Les Michelons" 2014 Jules Desjourneys
Robe rubis. Nez grillés sur l’amande et les fruits à noyaux. Belle attaque, élégante mais dense avec du relief, une vraie profondeur, une acidité nette, posée sur des tannins marqués par le terroir. 16/20
Moulin-à-Vent "Les Michelons 2011 Jules Desjourneys
Robe sombre. Nez floral intense, mais aussi grillé avec des touches de graphites et de fruits noirs. La bouche est compacte, ramassée sur elle-même sur des tannins gras, une acidité qui semble en berne et un alcool en avant. Une cuvée pour une fois too much manquant de classe et d’élégance ! 13,5/20
Moulin-à-Vent "Chassignol" 2014 Jules Desjourneys
Nez sur les fruits noirs, le clou de girofle et la fève de cacao. La bouche est ample, soyeuse, d’une grande justesse dans son expression s’habillant de dentelles pour faire son élégante. Un très beau vin qui n’aura à rougir devant personne. 17,5/20
Moulin-à-Vent "Chassignol" 2012 Jules Desjourney
Nez racé sur la pierre, des notes grillées, des fruits noirs tirant sur le floral. La bouche est compacte, grasse sur des tannins francs et ciselés dans une bonne fraicheur. L’ensemble va rester sur ce gras, sans tirer vers la lourdeur jusqu’à une finale correcte qui pourrait être un peu plus longue. 16/20
Les vins sont au niveau de mes attentes, là où la déception est souvent au rendez-vous. Gourmand mais intense, précis et long jamais (rarement) dans l’excès.
Julien Duperray semble avoir mis tous les moyens disponibles pour produire de grands vins de race, même le packaging luxueux est de la partie. Bouteille lourde, étiquette singulière par cuvée, bouchon long…
A noter tout de même une assez nette évolution qualitative sur les derniers millésimes, 2009 (le plus ancien de la série) n'étant pas à la fête selon moi.
Tout ceci a malheureusement un coup et ceux qui pensaient trouver ici une alternative à la flambée des prix pourront passer leur chemin. Compter environ 36 euros pour les blancs, et entre 30 et 70 euros pour les rouges. A ce prix-là la planchette se pare de Bellota-Bellota. D’autres stars montantes du beaujolais comme Château Thivin font aussi bien, voire mieux pour le tiers du prix.
Stéphane