Avec la hausse des tarifs sur les plus beaux crus, nombres d’amateurs se détournent, faute de moyen, de cette région pourtant si passionnante qu’est la Bourgogne. Avec l´interminable hausse des prix sur les rouges, même si la qualité moyenne est en hausse constante depuis des années, le rapport Q/P est lui forcement en baisse, c’est mathématique.
Mais sommes-nous vraiment condamnés à ne plus boire de Bourgogne ?
Une solution serait d’en acheter moins mais cela implique de réfléchir encore plus avant d’ouvrir une bouteille, qui fatalement coûte plus chère. La consommation serait alors réduite à zéro. Les crus ne servant alors qu’à remplir des casiers que l’on montre à ses amis comme des trophées.
L’autre idée est de descendre en gamme et de profiter des opportunités qu’offrent les appellations régionales. Le but de cette dégustation est donc de savoir si oui ou non l’achat de simples bourgognes peut atténuer la frustration causée par cette hausse des tarifs.
Service à l'aveugle.
Bourgogne 2015 Tupinier-Bautista (13€)
Robe rubis tendre. Petite réduction au nez, noisette, puis graphite, boisé fumé/toasté, fruits noirs avant une petite pointe végétale. La bouche est tendre, assez lisse sur une fraicheur fondue, des tannins fins, beaucoup d’élégance, dans un style homogène et droit. 15/20
Bourgogne 2015 Fanny Sabre (16,5€)
Robe rubis tendre. Nez parfumé, floral sur la pivoine, la rose, le bois de rose, légères notes de noisettes dans un style délicat. La bouche est pleine, charnue sur une acidité un peu plus simple. Un bourgogne qui joue la gourmandise mais de belle facture tout de même. 14/20
Bourgogne La Paulée 2015 François Lumpp (19€)
Robe rubis. Nez sur la réglisse et un élevage un peu plus marqué apportant des notes de vanilles. La bouche et ronde, sphérique sur une équilibre haut perché et un beau fondant. L’acidité claque en finale avec une matière un peu plus sèche. Vin généreux mais un peu lisse. 13,5/20
Bourgogne Passetoutgrain 2015 Robert Groffier (24€)
Nez sur réduction prononcée mais le temps l’ouvre sur les fruits noirs, la mûre. La bouche est suave, extrêmement fine sur une acidité dense et juteuse et une forte minéralité. Finale du même tonneau, dense, précise, ferme, très en place. Superbe 16/20
Bourgogne 2015 Pierre Morey (17€)
Robe profonde avec des reflets violets. Le nez est discret, plutôt floral puis animal avec des épices comme le curry, du fruit avec la griotte dans un esprit sauvage. Très gourmand en bouche, ample, charnue sur des tannins serrés accompagnés par une fraicheur compacte et massive. Finale un peu collante. 13,5/20
Bourgogne Gravel 2015 Catherine et Claude Maréchal (21,20€)
Robe terne. Nez végétal, un peu brut sur les épices. La bouche est soyeuse sur une acidité puissante, droite et faut bien l’avouer rustique. Les tannins sont heureusement fins et tirent le breuvage en longueur. 13/20
Bourgogne 2015 Domaine des Croix (23,80€)
Robe tendre. Nez donnant une impression sucrée, sur la compote de fruits rouges, un peu simple. La bouche est pleine, ample sur une acidité juste, des tannins gras mais juteux. Un vin profond malgré la puissance de la mâche. Démonstratif avec du fond. Un truc post-moderne mais bien fait. 15/20
Bourgogne 2015 A.-F. Gros (25€)
Robe rubis. Nez fumé sur les fruits rouges et le poivre. La bouche est sphérique sur des tannins fins mais présents. Le jus est consensuel, intéressant mais noyé dans le gras donnant un équilibre un peu bancal. La finale est plus souple mais l’ensemble reste monolithique. 13/20
Bourgogne Roncevie 2015 Domaine Arlaud (19,90€)
Robe rubis soutenue. Le nez est réduit, sauvage, fruits noirs et animal. La bouche est ample, sucreuse sur un gros volume, des tannins gras et puissants. Un vin qui manque en l’état d’élégance sur une forte acidité tartrique. Finale animale. 13/20
Bourgogne 2015 Nicolas Maillet (16€)
Nez sur le carton, les fruits rouges, les épices, la colle et les amandes. La bouche est franche, acidulée, mordante mais racée, strict, toute cistercienne. Finale courte. 12/20
Bourgogne Pinot Fin 2014 Arnoux-Lachaux (24€)
Robe rubis sombre. Nez sur le soja, le bouillon de légume et des notes végétales. La bouche est dense sur une belle mâche, des tannins fins, ciselés dans un style un peu brut, spartiate. 12,5/20
Bourgogne 2014 Jean-Claude Bachelet et fils (17€)
Robe tendre. Nez boisé, un peu planche puis réglisse, fumé, graphite bien plus complexe. La bouche est sphérique, puissante, ferme et solide, assez transparente sur son terroir. C’est efficace et bien fait. 14/20
Bourgogne Les Grands Chaillots 2014 Thibault Liger-Belair (25€)
Robe orangée. Nez sur les épices comme le curry, les fruits rouges dans un profil assez évolué mais plaisant. La bouche est souple, élégante, délicate sur une acidité fluide avant un milieu de bouche plus charnue et structuré sur des tannins très fins. Ne pas trop attendre pour les finir car le vin est à point. 14,5/20
Bourgogne 2014 Claude Dugat (34,90€)
Nez froid sur les fruits rouges qui claquent. La bouche est mordante sur une acidité massive, serré comme une pucelle d’où rien ne se dégage. 10/20
Bourgogne 2009 Leroy (60€)
Robe orangée reflets plus sombres. La bouche est chaude, pleine de soleil, structurée sur une grosse mâche, des tannins gras et puissants une acidité structurante faisant du breuvage une boule de nerfs. Costaud, compact, attendre….15/20
Bourgogne Cuvée Halinard 2004 Bernard Dugat-Py (20€)
Robe sombre. Nez sur les épices libanaises, le poivron pour rappeler le millésime. La bouche est sphérique, des tannins un peu secs, une acidité ferme dans l’esprit viril et paysan du millésime mais c’est encore supportable. Un vin plein de vie qui ne devrait, malheureusement sans doute, ne pas bouger dans les 20 ans qui viennent. 14,5/20
Avec un prix moyen caviste autour de 20 euros (en excluant Leroy qui est trop spéculatif pour que le prix soit juste) et une note moyenne au-dessus de 13,5/20 on tient là une des plus belles soirées du club pour cette année 2018.
Les bourgognes génériques de cette soirée sont visiblement vinifiés comme les crus des domaines. C’est particulièrement flagrant sur le bourgogne de Robert Groffier qui à la classe des plus grands, ou encore celui de Dugat-Py dans lequel on retrouve le style solide et franc des plus belles cuvées.
La réponse à la question en introduction est donc oui. On peut se faire plaisir en bourgogne sans se ruiner. Pour cela il faut choisir ses vins dans les belles maisons et dans les bons millésimes, 2015 étant sur notre dégustation largement au-dessus de 2014 qui n’a pas démérité pour autant.
Mais 20 euros, reste encore une somme assez conséquente pour remplir une cave, voire même trop importante pour le canon d’un samedi soir pour le non initié.
Reste alors les Hautes Côtes de Beaune ou de Nuits ou le reste de la France, comme l’Alsace dont la production de rouges sérieux est en constante progression.
Stéphane