750 grammes
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Après plus de 80 repas et des centaines d’accords en présence d’amateurs d’horizons différents, de vignerons ou encore de journalistes, voici la réédition de ce qui fut le premier repas organisé par le binôme Thierry Meyer et Jean Philipe Guggenbuhl. C’est en effet en 2001 qu’ils ont lancé l’idée de faire des repas sur le thème des accords mets-vins d’Alsace dans l’excellente Taverne Alsacienne à Ingersheim célèbre pour ses poissons et ses sauces aux vieux rieslings.

 

De ces 80 repas j’ai participé à 18 d’entre eux toujours avec autant de plaisir et d’impatience, comme un gamin qui attend devant le sapin les yeux grands ouverts.   

 

Réédition oblige, les plats sont les mêmes qu’en 2001 ainsi que le premier vin de chaque série ce qui est un véritable tour de force, mais les vignerons souvent mis en avant lors des repas, il y en a eu plus de 140, ont joué le jeu et ont fourni les bouteilles manquantes.

 

Les millésimes de chaque paire étant éloignés il n’est pas recommander de les comparer, le but étant simplement de trouver un accord et quelques merveilles viniques de notre région.

 

 

Amuse bouche


 

Riesling Letzenberg 2000 en Magnum – Domaine du Manoir. Le nez est mur, fumé avec des touches d’écorces d’agrumes presque confits mais aussi des relents de cuir neuf et quelques notes d’hydrocarbure, de beurre frais, de thé et de menthe fraiche. La bouche est tendue, large, confite, bien mûre mais en demi corps et finalement assez court. Un vin plaisant à boire comme cela, en before. 15/20

 

Riesling Clos de la Folie Marco 2010 – Hering. Nez éclatant et primeur sur des notes florales et muscatées. La bouche est friande, fraiche, croquante, plus charnue et mûr en milieu de bouche. Bel équilibre pour ce vin de soif de cette belle et historique maison de Barr dirigé aujourd’hui de bien belle manière par Jean-Daniel Hering. Un passage s’impose pour admirer le clos et sa folie ainsi que le Clos Gaensbroennel sur le grand cru Kircheberg de Barr. 15,5/20

clos de la folie marco 

Deux vins que tout oppose. Un millésime chaud donnant des vins très murs en 2000 et des vins beaucoup plus tendus en 2010. Coup de cœur pour celui d’Hering qui sous vend son vin à 6,50 euros ! Un véritable drame !

 

Escalope de Foie Gras poêlée aux Pommes


 

Riesling Vendanges Tardives 1988 - Hugel et Fils. Nez confit, sur le massepain, le thé, l’orange, le coing et le beurre salé. La bouche est fine avec une acidité discrète, patinée parle temps qui supporte sans peine les 22 g de sucre résiduel. Vin sans esbroufe, franc qui semble encore sur la retenue ou sur une pente douce. Je préfère assez nettement cette cuvée sur le millésime suivant issue également du grand cru Schoenenbourg à Riquewihr 16,5/20

 

Riesling Herrenreben Vendanges Tardives 1998 - Domaine Schoenheitz. Nez sur la pierre, le sous-bois avec des touches iodées. La bouche est pleine, moelleuse avec une très belle acidité en surface, très fraiche et précise presque mordante tant cette cuvée est encore jeune. L’ensemble est bien fondu et l’accord sur la pomme sera superbe. Encore un coup de maitre d’Henri et Dominique Schoenheitz et des terroirs granitiques qui n’a absolument pas rougir de sa VT qui pour moi a tenu la dragée haute aux maitres des moelleux. 19/20

schoenheitz 

L’accord avec le foie gras est très beau sur le 88 d’Hugel, douceur sur douceur. La pomme est elle sublimée par le 98 et mon cœur va toujours vers ce dernier.

 

Sandre en Matelote au vieux Riesling et ses Grenouilles


 

Riesling Grand Cru Kastelberg Vendanges Tardives 1989 - Guy Wach. Nez fumé, sur le cuir, la fourrure, avec des relents de fleurs et de safran à l’aération, l’ensemble souligné de touches minérales. La bouche est tendue et ce riesling ce boit sec avec une amertume profonde accompagnée d’épices, de réglisse en finale. Ensemble puissant mais aérien, vif et frais. Une main de fer dans un gant de velours. 17,5/20

Riesling Clos Sainte Hune 1999 – Trimbach. Nez discret à l’ouverture sur des touches de cassis. La bouche est saline, salivante, fine et longiligne et encore compact et presque stressé.
Un vin qui ressemble à une formule 1 et qui n’a pas brillé dans mon verre. Pas d’étincelle ce coup-ci. Mais le plaisir fut présent sur les autres millésimes dégustés comme 1968-1987-1991 ou encore 2001. 15/20 pour ce 1999 que j’ai déjà mieux gouté.

 

Un beau vin de Guy Wach qui tient ses promesses et un clos Sainte Hune de Trimbach qui a fait la tête ce soir.

 

Dos de Bar au Fenouil, Sauce au Lard


 

Riesling Grand Cru Rangen de Thann 1997 - Zind-Humbrecht. Nez sur des notes de pâtisserie mais aussi d’orange, de truffe blanche, de thé, d’abricot, d’épice souligné par des touches fumées. La bouche est ample, riche, onctueuse et puissante, sèche avec 5 g de sucre résiduel. L’acidité est dans la masse et seule la finale un peu chaude peu amener un frein aux compliments mais c’est pour trouver un défaut et faire de la ligne.19/20

Riesling Grand Cru Rangen de Thann 2007 Cuvée Schistes - Domaine Schoffit.
Nez fumé, floral, épicé avec des touches d’agrumes, l’ensemble étant encore très jeune. La bouche est dense, elle aussi sèche avec moins 4,5 g de sucre résiduel mais qui pourtant semble bien plus ronde, presque ½ sec tant la concentration est présente. Belle bouteille de l’autre et presque seul grand maitre de ce terroir abrupte du sud de la région.18/20

 

Vous aimez le fenouil, alors il vous faut le Rangen 97 de Zind-Humbrecht, seule cuvée pouvant rivaliser avec le pastis dans l’accord avec ce légume. A noter qu’à 10 ans d’écart et deux maisons différentes les impressions tactiles de ces deux vins sont exactement les mêmes. Plus de producteur, que du jus de terroir.

 

Sélection de Fromages de Maître Quesnot 
(chèvre, mont d’Or et Comté)

 

Riesling Sélection de Grains Nobles 1976 - Hugel et Fils. Nez sur le foin, les fleurs sèches, les épices douces, la menthe, le thé vert gunpowder. La bouche est d’une finesse absolue, douce, soyeuse comme une caresse. Il n’y a aucun affrontement dans le verre entre les sucres, l’acidité, le gras, l’alcool. Toutes ces notions semblent de plus exister individuellement dans ce vin et particulièrement dans cet exemplaire prélevé de l’oenothèque du domaine contenant des milliers de bouteilles. Une bouteille à boire au minimum dans le silence, découvert si possible, à genoux pour les plus fan. Sans aucun doute une des plus grandes bouteilles de France à mettre à coté des Cheval Blanc 47, Yquem 67, Latour 61, ou encore Rayas 78 mais qui le sait ? Qui veut le savoir ? Comment le savoir ? 20/20

 

Riesling Grand Cru Mambourg Vendanges Tardives 1997 – Marc Tempé.
Nez évolué et un peu confus sur des notes d’ananas rôti. La bouche est dense, concentré avec une acidité large, puissante. L’accord se fera curieusement sur le fromage de chèvre mais par opposition de style et non pas ton sur ton. 17/20

 

L’accord de principe avec le Comté est le vin jaune mais avec le riesling SGN 76 de Hugel c’est monumental, plus difficile à faire en semaine mais à tenter une fois dans sa vie surtout que les 50 hl initiaux permettent d’en trouver encore aujourd’hui si l’on cherche bien. 

 

Croustillant chaud de Pommes, Glace à la Mangue


 

Riesling Grand Cru Kastelberg Sélection de Grains Nobles 1996 - Guy Wach. La robe est orangée. Nez sur la gelé de coing fraiche avec des touches de terroir fumées. La bouche est fluide avec une liqueur fine sur une acidité profonde. L’ensemble est gras, glissant, pur et très aromatique avec toujours ce coté aérien. Vin provenant d’une microcuvée d’environ 200 litres, soit même pas le volume d’une des 250 barriques du célèbre premiers cru classé de Sauternes. Lorsque l’on cherche la rareté c’est du coté de l’Alsace qu’il faut se tourner. 16,5/20

 

Riesling Grand Cru Zinnkoepflé Sélection de Grains Nobles 2007 - Seppi Landmann. Nez sur le citron, les fleurs blanches, les fruits exotiques avec le coté jeune et attirant de ce millésime. La bouche est dense et fine, minérale, très profonde, très calcaire mais aussi complexe et ferme en finale. Superbe bouteille en devenir et bel hommage à notre Seppi régional qui prend cette année une retraite bien mérité. 18,5/20

 

Je passe mon tour, pas trouvé d’accord sur le dessert mais il est déjà minuit. Reste une belle bouteille, celle de m’sieur Seppi qui va tenir des années.

 

Voilà c’est fini, il est 02h00 du matin lorsque j’arrive dans mon lit mais quel plaisir de tourner les pages du grand livre des vins d’Alsace auxquels il faut associer les plus belles tables pour enfin croire en notre vignoble et en nos vins.

 

Merci à Jean-Philippe et Thierry pour ces 6 années de découvertes et rendez vous dans 10 ans pour la prochaine décennale.

 

Stéphane 

 

Tag(s) : #Repas-Dégustation 2011
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