Le Champagne, synonyme de plaisirs festifs, de grandes maisons, de luxe, de grand connaisseur même si la bouteille provient d’une station service, fait rêver tous les amateurs, dégustateurs de la planète.
Cette région est largement dominée par les maisons de Champagne avec 213 millions de cols vendus en 2012 par les 300 négociants. Les 43 coopératives ont vendu un peu moins de 28 millions de cols dans la même période et les 4722 vignerons ont écoulé moins de 68 millions de bouteilles.
Comme le luxe et le faste des grandes maisons fait jaser, il est de bon ton lorsque l’on est connaisseur, un minimum original, d’acheter son champagne chez le petit vigneron du village, comme dans toutes les autres régions d’ailleurs. Quelle meilleure façon de montrer ses compétences si ce n’est en évitant la facilité offerte par les grandes maisons.
Ainsi notre bon président du club AOC, champenois des premières heures, a voulu faire honneur à ces vignerons indépendants en sélectionnant des cuvées de grand cru Verzenay classé 100%.
Ah oui, le Champagne est une question de pourcentage. Un grand cru est classé 100% car le ratio du prix de vente est de 1. Si le kilo de raisin coute 6 euro, un kilo de grand cru 100% va valoir 6 euro. Celui d’un premier cru (90% à 99%) va couter entre 0,9 et 0,99 fois 6 euro et ainsi de suite.
Ainsi sur ce modèle, le classement de 1919 dénombre 12 grands crus notés 100%, les autres répartis de 99 à 22,55% pour les villages les moins porteurs du canton de Charly.
En 1935 le minimum passe à 50% puis à 80% en 1985. Il n’y a donc aujourd’hui plus que trois niveaux. 17 communes grands crus (100%), 44 communes premiers crus (90%-99%) et enfin 312 en AOC Champagne (80%-89%). A noter que la notion de classement s’applique à toute la commune concernée. Ainsi toutes les parcelles d’Avize ou de Cramant sont classées 100%, même celles à l’ombre d’une foret.
Les 420 hectares du vignoble de Verzenay situé sur la montage de Reims, perché à 170 mètres en moyenne, sont exposés Nord-Est. Plantés à 90% en pinot noir et 10% en chardonnay. La plupart des grandes maisons (Mumm, Moët, Heidsieck-monopole, Pommery, Bollinger, Henriot, Roederer, Taittinger, Veuve-Cliquot Ponsardin) ont des vignes de pinot noir sur Verzenay. Ces pinots noirs entrent dans l’élaboration des cuvées de prestiges ; mais passons à la dégustation. Dégustation mi décembre 2013.
Champagne grand cru Brut Michel Arnould (100% PN)
Robe dorée presque aucun cordon de bulle. Nez grillé sur la pêche, la mie de pain, la brioche. Bouche douce avec une mousse grasse. La fraicheur est là mais mordante et l’ensemble reste simple et très court. 12/20
Champagne grand cru Verzenay Brut Jean Lallement.
Robe dorée avec un train de bulles net. Le nez est élégant sur la brioche, les agrumes dans un style un peu plus évolué. La bouche est fraiche, vineuse, et la bulle vive tient le breuvage en apportant du croquant. L’ensemble est droit mais l’acidité est un peu métallique pour ce Champagne un peu trop viril. 13/20
Champagne grand cru brut blanc de noirs Pehu Simonet. (100% PN)
Belle robe avec un petit train de bulles. Nez sur la pomme verte et les épices douces. Bouche présentant une bulle un peu grossière et une mousse dure. Champagne droit sans lourdeur, rafraichissant, punchy. 12/20
Champagne grand cru brut blanc de noirs Jean Yves de Carlini.
Bouchonné.
Champagne grand cru blanc de noirs Brut Henriet Bazin (100% PN, Verzy et Verzenay)
Robe dorée, bulle faible. Nez évolué sur le sous-bois, les champignons secs et les fruits secs. Bouche onctueuse, grasse avec une belle mousse compact et surtout une acidité retenue. Petite pointe oxydative accompagnant les fruits secs et une touche d’alcool un peu trop en avant. 14/20
Champagne grand cru Brut rosé Pehu Simonet (100% PN).
Robe saumon, belle bulle. Nez élégant, pur et net sur les fruits rouges, les épices, le poivre. Bouche fine avec une mousse légère dans un style aérien. Bonne fraicheur mais manque un peu de corps à mon sens. Il reste toutefois fort agréable. 13,5/20
Crémant d’Alsace Rosé Allimant Laugier.
Robe cuivrée. Nez sur le sirop de grenadine, le sous-bois et le mousseron. Grosses bulles rondes avec un manque flagrant de tenu en bouche. Mousse évanescente et finale courte. 11/20
Champagne grand cru brut Rosé Michel Arnould (100% PN)
Robe cuivrée avec une bulle vive. Nez herbacé avec des touches de groseille et de fraise. Mousse ample et une amertume qui apporte du corps. Bonne fraicheur pour ce champagne net et sec. 14/20
Champagne grand cru Brut Rosé Fleur de Rosé Michel Arnould (100% PN)
Robe rosée et beau train de bulles. Nez sur l’amande, le sureau et la fraise. Mousse compacte sur une acidité fine pour ce champagne corpulent. Ensemble assez simple, bien fait sur les fruits, très facile à boire. Finale fraiche et dosée mais il manque de caractère. 13/20
Champagne grand cru rosé brut Jacques Rousseaux. (100% PN)
Robe rosée cuivrée évoluée. Nez sur le bois, avec des notes rancios. Bulle grasse pour ce champagne tendu qui ne mousse presque pas en bouche. Des notes oxydatives d’évolution se dégagent de ce vin dégorgé en 1999, trop vieux aujourd’hui. 12/20
Champagne grand cru Verzenay cuvée réserve Jean Lallement.
Robe paille, petit cordon de bulles. Nez net et floral sur le citron, la menthe. Attaque ciselée, petite mousse avec un coté vineux et dense pour ce champagne gourmand, plein avant une belle finale complexe. 15/20
Champagne grand cru Extra brut Michel Arnould (100% PN).
Robe paille, petites bulles dans le verre. Nez sur les agrumes, le citron, le plastique dans un style percutant. La bouche est droite, sèche, longiligne avec une petite mousse. Vin énergique et dynamique mais sans âme. Pour une fois nous aurions apprécié un peu plus de dosage pour lui rajouter un peu de matière. 13/20
Champagne grand cru Mémoire de vignes 2006 Michel Arnould (100% PN)
Robe pale, mousse persistante au service. Nez épicé, torréfié aux notes florales discrètes avec des touches de miel et de pop corn. Bouche douce sur une mousse grasse et une bulle ronde le tout sans aspérité. Tout glisse bien. 13/20
Champagne grand cru cuvée Diane Claire Penet Chardonnet. (2/3 PN, 1/3 CH sur Verzy et Verzenay)
Robe dorée soutenue et petites bulles. Nez grillé, évolué, vineux et complexe sur des notes de sous-bois. Bouche dans le même registre, complexe, vineux avec une acidité franche mais en place. L’amertume fine donne un caractère juteux malgré une mousse légère. Finale plus raide et austère. 14/20
Champagne grand cru cuvée de l’an 2000 Jacques Rousseaux.
Robe cuivrée, dorée avec un très beau train de bulles. Nez sur le curry, les champignons secs comme la morille. Bulle vive et grosse mousse avec une acidité ferme et pas dérangeante. Ensemble vivant, dynamique avec du fond et de la race. Finale acidulée. 15/20
Champagne grand cru Brut 1998 Bernard Hatté et fils.
Robe dorée sans bulle visible dans le verre. Nez sur le caramel un peu plus lourd. Bouche dosée et vineuse mais la mousse est plate, sans relief. Reste un vin gras aux bulles fines. Un peu moins élégant que le précédent. 13,5/20
Voici notre tour d’horizon des champagnes grands crus de Verzenay, clairement tournés vers l’apéritif avec des vins tendus et léger, facile à boire en début de soirée.
Mets référence en champagne sont limitées mais je reste toutefois sur ma faim. On me parle tellement des champagnes de vignerons pour remplacer avantageusement les grandes maisons, et pourtant j’ai l’impression qu’il manque de la profondeur et du caractère à certaines cuvées, à l’image de certains crémants élaborés rapidement, vieillissants juste le minimum légal sur lattes (ici 15 mois pour les non millésimés, 3 ans pour les millésimés)
C’est justement là que les grandes maisons ont les reins solides financièrement pour prolonger les vieillissements sur lattes même sur les cuvées de base. La champagne est histoire de terroir mais aussi d’élevage, l’un ne va pas sans l’autre. Reste les tarifs, bien moins chers chez ces vignerons, autour de 15-20 euros.
De cette soirée je vais garder la cuvée Reserve de Jean Lallement, un Champagne bien fait, charnu, plein avec une belle présence.
Stéphane