L’été arrive avec son lot de BBQ, de terrasses et de longues soirées sous les étoiles. Cette saison est donc pour beaucoup celle du rosé. Je n’aime pas trop cette couleur « entre deux » mais en cette saison je délaisse les grosses cartouches de peur de les servir à 25°, et oui difficile de maitriser la température de service lorsqu’en Alsace il fait fréquemment plus de 30°C même en soirée. Reste donc le blanc mais difficile sur une pièce de bœuf alors pourquoi pas le rosé des Riceys pour accompagner saucisses, terrines et autres plats froids.
Cette appellation de l’Aube sur base de pinot noir peut être produite, dans trois communes et 870 hectares sans que l’AOC soit clairement délimitée car elle partage la superficie avec les appellations Champagne et le Coteaux Champenois. Le vigneron a donc tout le loisir pour jongler avec les AOC en fonction du millésime ou de ses stocks. La production annuelle de rosé dépasse rarement les 50.000 bouteilles et elles sont toutes vouées à une belle garde, si l’on en croit l’usage.
Rosé des Riceys 2010 Jean-Jacques Lamoureux
La robe est couleur grenadine. Nez floral avec des petits fruits rouges dans le fond comme la groseille avec des relents de bière, de fraise et une impression de pas très net. La bouche est souple, légère en attaque avec une absence totale de tannin. Le milieu de bouche présente un peu plus de corps et un léger perlant. Petite amertume sur la réglisse en finale. Une mise en bouche austère pour commencer la soirée mais j’ai espoir. 12/20
Rosé des Riceys 2008 Arnaud Tabourin
La robe est orangée proche de la pelure d’oignon. Nez sur les agrumes, le sous-bois, les fleurs, les épices. Bonne mâche, largeur relative et petits tannins marquent la bouche mais le milieu de parcours est beaucoup plus fluide mais malheureusement sur une acidité trop présente. Ce millésime garde visiblement le même profil dans tout le nord de la France. 12/20
Rosé des Riceys 2009 Domaine Cergeot père et fils.
Robe légère. Très beau nez sur la réglisse, les fleurs, la cerise rouge, le poivre, l’orange. La bouche est généreuse sur un beau volume avec des tannins serrés et fins le tout sur des notes de violette. L’acidité est fondue, discrète avec une impression sucrée, pas bien dérangeante, qui complète parfaitement ce tableau bien né. La finale est un peu sèche mais voilà un vin intéressant, le premier de la soirée mais sur un gros millésime. 14/20
Rosé des Riceys 2009 Pascal Walczak.
La robe est soutenue, plus proche d’un rouge. Nez qui pinote, sur la framboise, la fraise, le bourgeon de cassis. La bouche est ample, grasse, ronde avec des tannins dans le même esprit. L’acidité est encore une fois discrète sur ce 2009 mais ce vin est concentré avec du corps et du volume, presque trop dans l’imaginaire d’un rosé. Finale souple. Vin très plaisant qui fait honneur à la région. 14,5/20
Rosé des Riceys 2009 René Bauser.
Nez complexe mais curieux et un peu lourd sur la tomate, le cuir, la fraise. La bouche est par contre élancée avec une acidité franche et longue offrant un style aérien à l’ensemble, sans lourdeur. Finale un peu trop raide et un peu chaude. Presque le second beau vin de la soirée dans un autre style mais le nez est vraiment bancal. Dommage pour l’appréciation globale. 13,5/20
Rosé des Riceys 2009 Marquis de Pomereuil.
Robe légère, pelure d’oignon. Nez sur les épices, la moutarde. La bouche est à la fois légère en expression de terroir mais présente une bonne concentration sur le fruit. Vin très bien fait, d’une maturité optimum qui exprime bien son origine. 15/20
Rosé des Riceys 2006 Marquis de Pomereuil.
Robe rosée légère. Nez sur les petits fruits rouges, des notes fermentaires et de subtile touche de champignon sec. Ce n’est pas de la morille sèche mais on n’est pas loin. L’attaque est pointue, vive et sans accroc, elle devient plus suave en finale qui se fait longue mais sèche et tannique. On change de millésime mais également de niveau avec ce vin qui n’a pas bien évolué aromatiquement.13/20
Rosé des Riceys 2006 Bernard Augé.
Nez épicé, végétal, vert avec des touches de goudron. La bouche est bancale, rêche, sèche. Bof, bof, bof. 10/20
Rosé des Riceys 2006 Guy Lamoureux.
La robe est rouge rubis. Nez fermentaire sur le pain au levain, et surtout cuit sur la quetsche, le massepain et le vieux fût. La bouche est sphérique sur une acidité très présente. Vin bourru et austère complètement à l’ouest. 08/20
Rosé des Riceys Valigrain 2006 Olivier Horiot.
Robe rubis. Nez sur les fruits rouges, la groseille la cerise et un fond de soufre et de pétard. La bouche est ample avec un petit perlant puis l’ensemble se fait sec, court et raide. Vin simple et un peu juste, encore un 2006….12/20
Rosé des Riceys 2005 Horiot Père et fils.
Robe orangée. Nez pas très mur, végétal, avec un fond fruité. Bouche sur la fraise avec une acidité très en avant. L’ensemble est fluide, sur des tons de noix de coco type futaille US et est terriblement court pour compléter le tableau. Beau millésime mais vin également moyen à moins que l’on touche là la limite de la garde. 12/20
Rosé des Riceys 2003 Morel Père et Fils.
Nez sur la cerise griotte, le pain, le levain, les fruits à noyaux. La bouche est ample, un peu vieillissante aromatiquement mais toujours généreuse dans sa structure avec du corps et de la matière. L’acidité est par contre un peu en retrait rendant le vin lourd et sans éclat. 13,5/20
Marsannay Rosé 1998 Bruno Clair.
Nez vieux sur la croute de fromage et la poussière. Le vin présente encore de la mâche et de la tenue en bouche avec un bon fond de terroir dans le fond du verre mais les champignons secs vont vite rattraper ce rosé, issu de la seule AOC village de bourgogne acceptant cette couleur. On sent de suite la différence dans l’expression terrienne de ce vin. 13/20
Le rosé des Riceys est finalement bien plus qu’une alternative au rosé pale et insipide du sud de la France pour avaler chips, saucisses et autres brochettes. Certains sont bien construits, solide et vont pouvoir s’associer à beaucoup de plats tout au long de l’année. Je suis toutefois plus circonspect sur la garde légendaire de ces vins car les bouteilles les plus anciennes de la soirée ne sont de loin pas les meilleurs. A moins que le millésime 2009 soit vraiment atypique et que le niveau moyen de cette soirée soit faussé à la hausse.
A revoir mais à table cette fois.
Stéphane