Dernières soirée 2012 du club AOC de Barr avec un thème prestigieux, les 1ers grands crus classés de Sauternes sur les tres grands millésimes 1990-1989-1988 et 1986.
Sauternes Château Rayne Vigneau 1990.
Nez lacté sur l’abricot mur, la pêche, le coing le tout très intense avec un botrytis gras sur une pointe de menthe sèche, de beurre frais et de camphre. La bouche est très grasse, huileuse, plus sèche en milieu de bouche sur une acidité trop légère pour donner de l'équilibre. Sauternes un peu lourd et manquant d’éclat. 14/20
Sauternes Château Guiraud 1990.
La robe est cuivrée très brillante. Le nez est plus passerillé que botrytisé sur des notes de champignons secs, de vernis, de boite à pharmacie, de figue et de cuir sur un fond de mie pain. Petit moelleux en attaque avec un coté piquant dans l’acidité qui est presque mordante et donc dérangeante. Vin longiligne avec une amertume et un coté asséchant en finale. Ensemble pas très plaisant. 13/20
Pacherenc du Vic Bihl 1990 Vendanges de Décembre 1990 Brumont.
Robe cuivrée avec des reflets verts. Nez pas net sur le raisin de Corinthe, le marc, la truffe mais aussi les fruits rouges, le champignon sec sur un coté poudreux. La bouche est tendue, fraiche mais la sucrosité est très simple, pas intégrée. L’alcool est également trop présent. Une cuvée qui devait être bien meilleure il y a quelques années. 12/20
Sauternes Château Gilette Crème de tête 1989
Robe jaune doré. Nez discret sur l’anis, les fleurs comme le jasmin, le chèvrefeuille, avec un très beau rôti, élégant et distingué. La bouche est veloutée, soyeuse, très douce avec une très grande homogénéité. Véritable caresse avec une acidité droite, fine et longue. Vin très équilibré à la finale puissante. Ce domaine, l’antiquaire du sauternes a la particularité de sortir très tardivement ces vins. Ce 1989 est ainsi en vente depuis 2012. 18/20
Sauternes Château Suduirault 1989.
Robe cuivrée avec des reflets verts/jaunes. Nez puissant sur le cuir neuf, les fruits jaunes avec de la volatile et des notes poudreuses. Belle bouche, élégante, fondue, homogène avec une acidité rafraichissante. La finale est très sèche. Je n’aime pas trop l’écart entre le nez et la bouche, c’est bien dommage. 14/20
Sauternes Château Rabaud-Promis 1988.
Robe dorée. Nez qui a besoin d’air, s’ouvrant doucement sur le cuir, les fruits jaunes, la cire, les fruits exotiques, l’anis. Liqueur élégante, digeste dans un style aérien, en dentelle avec une acidité maitrisée au millimètre qui balance parfaitement le moelleux, tout en finesse. Finale en queue de pan. 17/20
Sauternes Château La Tour Blanche 1988.
Robe cuivrée, dorée. Nez sur les agrumes confits, le marc de raisin, la croute de pain, l’abricot et le foin. Classique mais pas très net. La bouche est ample, corpulente, très grasse et juteuse mais l’acidité est mordante et pas très constructive. Sauternes lourd et pâteux manquant de finesse. 13/20
Barsac Château Doisy Daëne 1988.
Robe jaune paille très jeune. Nez sur un beau botrytis avec des relents de safran, de citron confit assez ramassé sur lui même. L’acidité est ferme et le breuvage se montre salin, large et ciselé, élancé et encore très serré. Bouche pleine de jeunesse présentant une très belle amertume en finale. Superbe second cru classé. 17/20
Sauternes Château Lafaurie-Peraguey 1988
Nez sur l’eucalyptus, le bois sec, la volatile avec des touches médicinales. L’ensemble paraissant largement fatigué. La bouche est plus plaisante avec un beau soyeux, une acidité dans la masse et un botrytis assez marqué. Les notes lactées sont moins gracieuses et la finale est simple, flottante. Un sauternes en demi teinte.14,5/20
Sauternes Château Clos Haut Peraguey 1988.
Nez sur le pain frais, le sous-bois, les épices, le safran avec des relents fumés. La bouche est ample, précise, saline avec une très grande et belle fraicheur soulageant le breuvage de sa sucrosité. Résultat, une liqueur très fine et hautement digeste sur un ensemble dense. Superbe vin bien meilleur que son voisin. 17/20
Barsac Château Coutet 1988
La robe est jaune paille. Nez floral sur le tilleul, le thé, les fleurs blanches, mais également iodé, épicé avec un beau rôti. La bouche est racée, extrêmement précise avec une minéralité serrant la bouche en puissance. L’acidité tend parfaitement le vin qui est très propre et net. Aucune lourdeur en finale. La grande bouteille de la soirée. 18,5/20
Sauternes Château Sigalas-Ribaud 1986
Nez fermé, fumé sur de classiques notes d’abricot rôtis. La bouche est a nouveau fraiche mais la liqueur est compacte tout en restant élégante et subtilement confite, rôtie. Matière puissante, solide, démonstrative qui passe avec les épaules. Finale sur la tarte tatin au caramel. 16/20
Sauternes Château Rieussec 1986.
Bouchonnée.
Monbazillac Clos Fontindoule 1986
Nez sur le coing, le raisin sec, la pomme cuite. La bouche est raide et rancio. Le chant du cygne n’est pas loin. 10/20
Barsac château Climens 1986
Bouchonnée.
Sauternes Château D’Yquem 1986.
Nez poudreux sur le cuir noble, l’abricot, les épices avec un rôti très noble. Liqueur épaisse en bouche avec une forte minéralité apportant son lot d’extrait sec sur une acidité fondue à l’extrême avant une finale épicée. Le vin semble bien trop jeune et s’impose puissamment devant les autres de la soirée en hurlant « i’am the greatest » Un autre style, un style à lui, manquant un peu de grâce aujourd’hui. Le temps va t-il polir tout cela ? Rendez vous dans 20 ans. 18/20
Même si j’avais proposé ce thème j’appréhendai cette dégustation. Autant de vins liquoreux dans de grands millésimes ; la soirée risque d’être longue et ennuyeuse comme une dégustation de 20 Chardonnay dans le mâconnais. Et bien pas du tout, tous les châteaux ont trouvé leur style propre et les différences sont suffisament marquées pour ne pas voir passer la soirée.
Mon trio de la soirée, Coutet 1988 pour sa finesse tout en dentelle, Gilette 1989 pour son soyeux extraordinaire et Yquem 1986 pour sa puissance même si Doisy-Daëne 1988 et Clos Haut Peraguey 1988 ne sont pas loin dans la notation. Ma préférence semble donc se tourner vers les vins de Barsac de 1988 qui seront mes prochains achats.
Stéphane