Dernier rendez vous de l’année pour les participants des dégustations organisées par l’œnothèque Alsace ce samedi 04 décembre 2010 avec pour préparer la fin d’année, les vins de fêtes avec comme préambule un aperçu du millésime 1999 au travers de 6 riesling GC.
Le millésime 1999 en Alsace.
Millésime qui est aujourd'hui à maturité avec maintenant 10 ans de bouteille. Donnée pour une bonne année par le civa avec une maturation lente et longue, les vendanges ont commencé début octobre et des foyers de pourritures sont apparus assez rapidement produisant des cuvées surmaturées qui se retrouvent aux cotés de cuvées parfaitement sèches.
http://www.vinsalsace.com/IMG/pdf/Carte_millesime_etoile-2.pdf
1-Riesling grand cru Schlossberg 1999 Vincent Spannagel. Issu du célèbre terroir granitique de 80ha situé à Kientzheim même si c’est de Kaysersberg que l’on a la plus belle vue.
Robe claire est limpide. Le nez est grillé avec des touches d’eucalyptus, de pétrole, d’amande et de foin. La bouche est droite en attaque mais la cuvée est dans un esprit ½ sec avec une structure moyenne sur une acidité légère. L’ensemble est assez simple mais ne manquant pas de croquant et de franchise. La finale est un peu plus saline et structuré. 15/20
2-Riesling grand cru Kitterle vieilles vignes 1999 Domaines Schlumberger. 25 ha de terroir gréseux sur la commune de Guebwiller.
Le nez est très mûr sur une robe plus dense avec des notes de chocolat façon after-eight, de fruits juteux, de pierre chaude mais aussi de miel avec une pointe d’encaustique. La bouche est plus ample avec plus de mâche et de structure et une bonne densité qui rend le vin complexe à souhait. Vin sec, salin avec des aromes de menthe sèche en bouche et une fine amertume structurant la finale. J’avais acheté cette cuvée au domaine il y a quelques années et je n’ai jamais gouté aussi bien ce vin que ce samedi. Les miennes sont largement moins bonnes et beaucoup plus évoluées. J’ai même renoncer à ouvrir les dernières mais je vais à la lumière de cette révélation retenter ma chance. 17/20
3-Riesling grand cru Altenberg de Bergheim 1999 Gustave Lorentz. 35 ha marno-calcaire sur la commune éponyme.
La robe est claire. Le nez est mûr, fruité avec de la minéralité, des épices et des notes fumées. La bouche est sèche avec une forte salinité et beaucoup de présence. Riesling frétillant sous les papilles avec malheureusement une finale tannique trop abrupte, trop raide. 15/20
4-Riesling grand cru Kirchberg de Ribeauvillé 1999 Louis Sipp. Petit grand cru par la taille avec à peine plus de 11ha sur un sol marno-calcaire.
Nez complexe, sur le bonbon aux fruits rouges, la fraise, évoluant sur le miel et les agrumes. La bouche présente une petite rondeur dans une trame charnue, élégante et sapide. Vin plein, long avec une fine amertume en finale. J’ai gouté à plusieurs reprise cette cuvée au domaine mais jamais aussi bien. Certainement l’émulation introduite par la présence d’autre cuvée de ce millésime. 16,5/20
5-Riesling grand cru Mambourg 1999 Marc Tempé. 61,85ha marno-calcaire sur la commune de Sigolsheim réputés pour ses vins riches de gewurztraminer. Le riesling est plus anecdotique.
Nez floral, intense, parfumé avec des relents de vanille. La bouche est d’impression sèche balancée par une fine salinité qui outre de l’ampleur lui confère un coté aérien, tout de dentelle. Plus d’ampleur et de générosité en milieu de bouche. Superbe bouteille et je suis toujours étonné de trouver cette classe dans ses rieslings issus d’un terroir à Gewurztraminer. 17,5/20
6-Riesling grand cru Brand 1999 Zind-Humbrecht. Sol granitique dans sa majorité sur la commune de Turckheim sur prêt de 58ha.
Nez minéral, épicé, fumé et fruité. L’acidité est vive en attaque avec une rondeur affirmée en milieu de bouche avec 22 g de sucre résiduel totalement fondu dans l’esprit de la cuvée. Très mur, à la limite du confit avec une matière grasse, puissante et longue. Grand vin. 18/20
Nous avions la possibilité de gouter plusieurs bouteilles de chaque cuvée et cela remet une fois de plus sur le tapis la variabilité du vieillissement en bouteille. En effet, s’il est anormal de trouver une variation dans des 2008 ou 2007, il est presque inévitable d’en trouver sur des cuvées qui ont plus de 10 ans. On parle alors de grande bouteille et non plus de grand vin. Sur certains de ces 99, deux bouteilles avaient des profils différents sans pour autant que l’on puisse parler de défaut mais plutôt d’une bonne évolution, juste différente. Sur d’autres, une deux bouteilles n’étaient vraiment pas en forme à la limite de la déviance.
Cela est parfaitement indépendant du vigneron et c’est bien vers le bouchon ou le verre qu’il faut se tourner. Question de tolérance et il paraît que cela ne va pas s’arranger du coté des verriers.
Les vins de fêtes pour la fin d’année.
Si le kir royal est devenu la boisson officielle de la blonde (cf Florence Foresti) la nouvelle mode est au crémant rosé. Cuvée marketing par excellence tant le niveau de ces trois bouteilles est des plus faible et absolument pas flatteuse pour les maisons et encore moins pour la région. A l’heure où les champagnes de cette teinte sont vendus à 50 euros voire au dessus de 100 euros, en Alsace on tente le coup en proposant de la couleur pour moins de 7 euros avec des taux de croissances à 2 chiffres
7-Crémant rosé Cave de Bestheim.Crémant issu à 100% de pinot noir élaboré dans la cave de Westhalten prêt de Soultzmatt.
Nez pas net avec une mousse manquant cruellement de tenue et de corps. Finale correct mais sans plus. Pas bon. 10/20
8-Crémant Rosé Cave de Beblenheim.
Nez discret et pas très causant mais toutefois plus fin et plus net que le précédent. La mousse a plus de densité, elle est même compacte et bien structurée. Ensemble avec plus de fraicheur malgré un dosage assez massif. 13/20
9-Crémant rosé Wolfberger.
Nez toujours pas net. Bouche sur dosée en sucre mais belle mousse. Pas trop mal. 12/20
Voilà trois crémant que l’on trouve dans tous les mauvais rayons de supermarchés. A éviter. Je vous encourage à aller vous servir chez les vignerons faisant bien car la qualité du raisin est très importante et ces caves sont visiblement prise de cours dans les approvisionnements.
10-Chasselas 2007 André Kientzler.Cépage assez rare de nos jours sur un bon millésime d’une bonne maison de Ribeauvillé.
Nez discret sur le pain, plutôt floral. La bouche est gouleyante, simple dans le bon sens du terme. Vin de soif friand un peu cours en finale. 14/20
11-Pinot gris tradition 2008 André Pfister.Petit passage dans le Bas-Rhin cette fois dans la commune de Dahlenheim. Commune discrète que l’on trouve pourtant facilement. Il y a une église !
Nez réduit, sur les épices avec une bonne dose de fruits jaunes. Bouche avec de la rondeur même si le vin et sec. L’acidité est franche et la finale est élancé. Un beau pinot gris propre, net et sec oh oh oh !! 15/20
12-Pinot noir 2009 Frédéric Mochel.On reste dans le Bas-Rhin avec le célèbre domaine de Traenheim.
La robe est très jeune, sombre avec des reflets violacés. Le nez est très mûr, dense avec des relents de cerises noires et de réglisse. Bouche pleine avec des tannins massifs et présents. La cuvée est grasse et compact, ramassée sur elle même pour l’heure. Finale asséchante. Visiblement trop d’extraction sur ce coup là mais c’est un style. 15/20
13- Pinot noir 2008 Frédéric Mochel.
La robe est plus légère. Nez de cerises rouges, de groseilles avec une pointe un peu plus verte. Cuvée dominée cette fois par la tension du millésime donnant un vin plus fin, mais avec une concentration suffisante. Finale souple et douce. 16/20
14-Pinot gris Altenbourg vendanges tardives 2008 Albert Mann.L’Altenbourg est en bas de coteau du Furstentum sur la commune de Kientzheim.
La robe est claire. Joli nez, fruité sur l’abricot, la pêche dans un élan de pureté. En bouche les 116 g de sucre sont font oublier dans une acidité digeste mais puissante (8,1 AT) qui accompagne une salinité aérienne. Beaucoup de sapidité. Très belle cuvée encore une fois pour cette maison. 18,5/20
15-Gewurztraminer sélection de grains nobles « S » 1989 Hugel.Cuvée issue d’une première trie dans le Sporen avec 153 g de résiduel.
Robe dense assez sombre par rapport à la VT. Nez sur la menthe sèche, patiné avec des notes d’agrumes confits, de chocolat et de fruits secs. La bouche est moelleuse et les sucres sont fondus. On sent littéralement le botrytis en bouche donnant cette impression sèche sur la langue. Alcool un peu trop en avant selon moi. A noter que cette cuvée est encore en vente au domaine. 18,5/20
Stéphane