Soirée de reprise en septembre 2012.
Si en Alsace la logique de commercialisation des vins se base toujours et encore sur les 13 cépages, les domaines essayent de lancer une nouvelle communication sur les terroirs sans oublier la petite mention aux cépages pour ne pas déroger aux traditions séculaires. Pour simplifier encore l’offre, l’Alsace propose également des vins d’assemblages voire de complantations. Les noms poétiques remplacent alors les noms de cépages comme pour les cacher à la face de l’amateur qui doit s’armer de patience pour comprendre cette région à plusieurs logiques. Pour finir et pour boucler la boucle, des noms de terroir se greffent sur les étiquettes d’assemblage sans cépage, pour anoblir le breuvage à la manière du Languedoc qui est passé maitre dans cet art.
Alsace L’As de B 2006 Agathe Bursin
La robe est dorée. Le nez est semble t-il marqué par le gewurztraminer avec des touches de letchi, d’épices, de pamplemousse, de fleur avec un fond musqué. C’est net et expressif. La bouche est ronde, moelleuse, plaisante sur une fine salinité. Elle est plus ferme en milieu de bouché aidé pour cela par une acidité marquée. Finale un peu chaude mais beau vin dans le contexte du millésime. 14/20
Alsace 2006 Marcel Deiss
La robe est cuivrée. Nez sur le raisin de Corinthe, le cuir, des notes sèches du style passerillage. La bouche est fluide, fine et sphérique toujours sur le raisin sec. Un vin décharné, fuyant avec des touches oxydatives. Problème de bouteille ou vin passé. 10/20
Alsace Rosenegert 2010 Domaine Hering (riesling, muscat, gewurztraminer, pinot gris)
La robe et or gris. Nez épicé, sur les fleurs puis les fruits blancs, la pomme, la poire avec un coté amylique un peu simple. La bouche est structurée en attaque mais plus légère en milieu de parcours. Un vin qui reste toutefois frais, gouleyant sur un équilibre acide/sucre marquant les vins de soif. 13/20
Alsace Vogelgarten 2009 Jean-Marc Bernhard (50% gewurztraminer, 50% pinot gris)
Robe dorée. Nez parfumé, fumé sur le poivre blanc, les fruits blancs, le brugnon, la poudre de riz. La bouche est dense, nerveuse, fondue jusque dans les sucres avec une acidité expressive et un minérale précis, sculptant le breuvage. Vin bien en place, racé avec juste un brin de salinité et une très belle amertume en finale. 16/20
Alsace Schieferberg Eternel 2007 Bohn. (Riesling, pinot gris, pinot noir)
Robe dorée. Nez sur les fruits jaunes et la truffe. L’acidité est franche mais la bouche est lactée, légère, herbacée sans grande expression. 11/20
Alsace Huebuhl 2007 Marcel Deiss.
Robe très dorée. Nez herbacé puis passerillé sur le cuir neuf, l’ananas frais. La bouche est riche sur une acidité très fine affinant l’ensemble sans difficulté. Impression de générosité, de largeur de finesse dans un moelleux tout de même confortable mais digeste. Amertume en milieu de bouche soulignant l’ensemble. 15/20
Alsace Grasberg 2007 Marcel Deiss.
Robe dorée. Nez sur les agrumes, l’orange, le pamplemousse, l’écorce d’orange avec des notes crayeuses bien présentes. La bouche est dans un style ½ sec avec une acidité calcaire structurante, apportant de la race et de la salinité au vin. Un vin encore serré, étroit encore un peu sur la réserve. Très fine et belle amertume. Finale moyennement longue. 16,5/20
Alsace Gruenspiel 2004 Marcel Deiss.
Robe de couleur gelée de coing. Nez fermé, strict et raide sur le jus de cailloux, le silex. Bouche oxydative, tannique, astringente sur les résineux. Visiblement un problème bouteille. NN
Alsace Grand cru Mambourg 2009 Marcel Deiss.
Robe brillante. Nez grillé, fumé sur un élevage précis mais soutenu avec des relents de fruits jaunes. En bouche le bois est toujours là mais on sent la structure du breuvage, salivante, juteuse sur les fruits blancs, sec mais tout en puissance, en largeur en masculinité. Un grand vin pour les 20 prochaines années. 18/20
Alsace Grand cru Altenberg de Bergheim 2007 Marcel Deiss.
Nez complexe et d’une grande maturité sur l’ananas, l’écorce d’orange confite. La bouche rapproche la finesse de la liqueur, très concentrée, d’une précision et d’une justesse sans faille aidée par une acidité diabolique qui équilibre l’ensemble même si le vin reste haut perché dans sa richesse. Très belle bouteille. 19/20
Alsace Grand cru Sonnenglanz 1999 Bott Geyl.
La robe est très soutenue. Nez sur le raisin de corinthe, le confit, le champignon mais aussi la chaussette. La bouche est acidulée, torréfiée avec des relents lactés. Le milieu de bouche est plus sec mais l’ensemble paraît bien incohérent aujourd’hui. Bouteille ou trop vieux ? 12/20
Pas facile d’organiser une telle soirée sans mettre des vins de Deiss, domaine qui soulève toujours des querelles d’amateurs même un verre à la main. Je suis tout de même amusé de voir que les plus grands contradicteurs présents à la table ont été les seuls à trouver toutes les cuvées à l’aveugle !! Sans idolâtrer le domaine je suis loin d’y arriver. Je ne dois certainement pas assez boire les vins de Deiss. Pour le reste de la soirée, un très beau vin du domaine Jean-Marc Bernhard et un vin plaisant de Bursin. J’aurais aimer voir une cuvée 8 de Pfister sur la table, ou encore une Harmonie R de Schoech. Même si nous n’avons pas gouté d’Edelswicker de base de chez Wolfberger on peut retenir de cette soirée que même pour faire un assemblage il faut un terroir derrière la vigne et que dans le cas contraire, mixer les cépages n’apporte rien à la grandeur du vin.
Stéphane