Un an !! Un an que nous attendons tous en Alsace le fameux repas organisé par Thierry avec comme thème nos rieslings adorés.
C’est le 21 novembre que c’est tenue cette soirée vinique et gastronomique à la désormais incontournable Taverne Alsacienne à Ingersheim.
L’apéritif et ses Amuses bouches.
Deux rieslings du millésime 2008 pour cette mise en bouche, le deuxième grand millésime alsacien après 2007, en attendant de former une nouvelle trilogie avec les 2009. La mise ne bouche est une salade de pommes de terre surmontée d’espadon fumé.
Riesling grand cru Wineck-Schlossberg 2008 Domaine Jean-Marc Bernhard.
Un nez grillé sur des fruits blancs très juteux, la poire, la pêche. Une bouche aérienne, élancée avec un léger perlant. Un riesling fin structuré, techniquement sec avec une acidité vive malgré une malo partielle. Une finale saline et une longueur moyen mais il s’agit encore d’un perdreau de l’année. Une grande bouteille en devenir sur ce beau terroir typique des granits. 17.5/20
Riesling grand cru Rosacker 2008 Domaine de l’Agapé.
Un nez floral lui aussi finement grillé. Une bouche large, fine avec de la profondeur et beaucoup de corps et beaucoup de présence. Sec dans l’ensemble avec belle tension. Un riesling charpenté, et impressionnant de justesse issu d’un terroir calcaire d’un village un peu trop discret, Hunawihr plus connu pour sa ferme aux papillons et sa vieille église Sainte Hune que son grand cru et pourtant les plus grandes bouteilles d’Alsace proviennent de ce village. 17.5/20
Deux superbes rieslings, un granit (Wineck-Schlossberg ) aérien avec une structure fine et acidulée et un calcaire (Rosacker) plus puissant, plus profond, plus large. Deux styles, deux grandes réussites.
Puisque le thème de la soirée est Accord mets & vins je retiens l’accord entre l’espadon fumé et le Rosacker. La puissance du vin va bien au fumage et au gras du poisson.
Déclinaison de poisson fumé et Ecrevisses.
Ce plat est superbe. Imaginez un gratin de queues d’écrevisses à la crème façon Fernand Point, une salade mêlée avec des écrevisses au balsamique, une soupe tiède de truffe de bourgogne et enfin une darne d’anguille fumée.
Sur ce fantastique plat, deux rieslings avec à nouveaux deux styles.
Riesling grand cru Kaefferkopf vieilles vignes 2007 Domaine Jean-Baptiste Adam.
Un nez d’agrumes confits avec une toute petite note poussiéreuse. La bouche est riche mais droite, compact et pierreuse. Une acidité pointue vient marquer le milieu de bouche. La finale est fraiche avec une forte salinité. 1er millésime signé grand cru pour le Kaefferkopf. Cette promotion a fait couler beaucoup d’encre en modifiant les délimitations ancestrales. Ainsi une partie du lieu-dit n’est plus grand cru et une autre le devient. Mais pas de panique, les perdants peuvent revendiquer le grand cru pendant 25 ans si le solde reste négatif après le nouveau découpage. Digne d’un jeu de Guy Lux. 15.5/20
Riesling grand cru Pfingstberg « Paradis » 2007 Domaine François Schmitt.
Nez me semblant lacté mais je semble être le seul ce soir. Il est par contre confit sur des fruits très mûrs avec des touches de pain de beurre et de miel. La bouche est ample, riche et charpenté avec quelques sucres (7 g seulement) et une acidité bien intégrée. La salinité est discrète. A noter que la malo est faite sur cette Alsace grand cru. 15/20
Pour l’accord, le Pfingstberg est superbe sur le gratin d’écrevisse, gras sur gras, pour moi le top.
Pour cette recette, Jean-Philippe à supervisé le décorticage de 20 kg d’écrevisse…le reste doit être secret vu la simplicité de la recette qu’il nous expose en fin de repas. Tu prends ça, tu fais comme ça….puis comme ça et hop dans le four…..
La lotte saisie entière, Emulsion de Gingembre et risotto au vieux parmesan.
La lotte, certainement le poisson le plus moche après la rascasse et u mystère pour moi. Il parait qu’elle ne supporte pas l’approximation dans la cuisson et la cuire à point n’est pas si simple. Mais là c’est superbe. Le gingembre est finement dosé, la lotte est juste saisie comme il faut et je découvre le risotto de la maison, al dente. Le miens est plus tendre avec plus de fromage mais ça doit être une variation alsacienne de la recette originale.
Avant de nous servir les deux bouteilles de ce plat, Thierry nous propose, en bonus, un riesling Herrenweg de Turckheim 1999 de Zind-Humbrecht. Fantastique nez, sur le miel, le thé, la verveine, et des touches très fine d’encaustique. La bouche est riche, presque moelleuse avec une acidité fine. La bouche n’est pas un monstre de profondeur mais le vin est tenu par cette acidité très fine et bien en place. Preuve s’il en faut que le terroir du Herrenweg, le long de la Fecht, n’est pas des plus grand mais que les meilleurs vignerons arrivent tout de même à faire des vins de grandes classes. Nous pouvons citer entre autre la cuvée les Pierrets de Josmeyer. 16/20
Ce riesling était une transition entre les jeunots (2007 et 2008) et les vins plus ancien de la soirée. Une sorte de calibration de notre système de dégustation.
Riesling Clos Häuserer 1999 domaine Zind-Humbrecht.
Nez floral avec des touches de miel d’acacia et de pain. La bouche est souple, compact et massive avec beaucoup de gras et de matière. La finale est longue et expressive pour ce riesling à maturité. Le clos Häuserer est situé sur le contrebas du grand cru Hengst. 17/20
Riesling cuvée des comtes d’Eguisheim 1993 Domaine Léon Beyer.
Nez herbacé, frais, iodé sur la menthe fraiche et une toute petite pointe de miel. La bouche est très droite, longiligne avec beaucoup de race et de caractère. Belle salinité en finale pour cette cuvée issue du grand cru Pfersigberg mais non revendiquée sur l’étiquette. Ce riesling est certainement un modèle du genre pour beaucoup de personnes. A noter l’étiquette d’une autre époque dans un style Baroque-ostentatoire-illisible. 16/20
Le riesling de Beyer s’est bien comporté sur le plat mais j’ai un faible pour l’autre vin mais sans le plat. Pas facile tous les jours de devoir trancher entre Zind-Humbrecht et Léon Beyer.
Les fromages de Jacky Quesnot.
Passons maintenant aux traditionnels fromages de ce célèbre affineur Colmarien. Ces fromages sont tellement bons que je mets chaque déplacement à profit dans le six-huit pour remplir mon garde-manger.
Sur les fromages, deux rieslings âgés nous sont proposés avec une incursion dans le Bas-Rhin.
Riesling Wiebelsberg 1982 domaine Fernand Gresser.
Nez curieux sur les hydrocarbures, la réglisse, le zan avec des relents d’after-eight sur un support végétal. La bouche est élégante, fine et aérienne avec une acidité fondue. Un vin correct issu d’un millésime de légende en ce qui concerne les rendements. La moyenne alsacienne avait largement avoisinée les 150hl/ha. 14.5/20
Riesling cuvée Extra 1966 Domaine Jérôme Lorentz.
Cuvée certainement issue du grand cru Altenberg de Bergheim.Nez pur, net, de menthe fraiche un rien confit avec des soupçons de croute de pain. La bouche est souple, vive puis complexe, dense, avec un coté tannique assez marquée. Pas d’une grande profondeur mais la complexité et le tenue de la bouche inspire le respect. La finale est très fraiche et longue. Cette cuvée est tout simplement d’une fraicheur insolente et d’une jeunesse ahurissante. Je ne me prononce jamais sur les robes mais celle de ce vin est gris-or, sans aucune trace d’évolution. Un vin de grand plaisir. Malheureusement, une des deux bouteilles était irrémédiablement bouchonnée, et, étant en bout de table je n’ai eu qu’un fond de verre, mais quel verre !! 19/20
Je me suis penché sur les deux vins et j’avoue ne pas avoir cherché l’accord sur le comté, le chaource, le parmigiano reggiano ou le Brillat Savarin.
Le gratin de pommes Granny Smith à la cannelle et son sorbet.
Riesling vendanges tardives 2007 Armand Landmann.
Cuvée provenant du terroir de grès du Zellberg à Nothalte. Nez sur la fleur d’oranger, la pêche la citronnelle, le poivre blanc dans un style pur et cristallin. La bouche élégante, dynamique d’un équilibre superbe de légèreté et de finesse. Il faut chercher les sucres pour les percevoir. Pas très complexe, mais précis et pure cette cuvée ne va tenir le dessert par manque de richesse. 16/20
Riesling vendages tardives 2007 Domaine Rolly-Gassmann.
Nez sur une impression de fruits rouges, de fraise puis d’agrumes, de pêche nettement plus imposant que le précédent. La bouche est profonde, saline, puissante et ample bien dans le style du domaine. Comme toujours, petite pointe de gaz et belle amertume en finale. Cette amertume va se voir exacerbée sur le dessert au point de devenir dérangeante. Une belle VT à l’image du domaine et des vins de Bergheim-Rorschwihr. 16.5/20
Que retenir d’un tel repas ? Que les vieux vins sont plaisant lorsqu’ils sont bien conservés mais que les vins jeunes des millésimes 2007 et 2008 se boivent déjà très bien ce qui semble vraiment différents des millésimes précédents. Je n’ai pas souvenir d’avoir gouté aussi bien les 2004 en 2006 par exemple.
Que les vins portent tous le même nom « Riesling » mais qu’ils sont tous radicalement différents, qu’ils proviennent de terroir granitique, gréseux ou calcaire. Où les granites passent avec légèreté, les calcaire passent en force avec percutions avec les épaules. Les calcaires sont dans le pack, et les arrières sont granitiques.
Stéphane