Evoquer le pinot noir et l’imagination ébauche de suite des images bourguignonnes, entre la Romanée Conti et la Grand Rue, Nikon en bandoulière attendant son tour pour prendre la photo de la célèbre inscription, ou encore, comme ce fut mon cas il y a peu, devant Champans, la chapelle dans le dos guettant Caillerets au loin tout en essayant d'expliquer modestement à un ami la diversité de la Bourgogne. Diversité assez singulière d'ailleurs, consistant en une déclinaison, une variation de terroir argilo-calcaire avec plus de ça, moins de cela, plus de pente, moins à l’Est.... Cette région forte de traditions séculaires domine tellement son cépage, que déguster un pinot noir provenant d'un autre type de sol est pour certain impossible à imaginer.
En effet si le dégustateur est conscient qu'un bourgogne ne trouve vie qu'en bourgogne il cherche toujours une similitude dans le terroir pour son pinot noir dominical, pour rassurer son esprit, pour singer sans copier. Ainsi le pinot noir alsacien doit être élevé sous bois et provenir des terroirs calcaires et argileux mais sans toutefois vouloir en faire un bourgogne, préservation de l’identité régionale oblige. Et pourtant, historiquement le vin rouge alsacien est produit à Rodern, Saint Hippolyte, ou encore Ottrott (le village des T), cela reste historique car malheureusement ces villages ne sont plus sous les feux de la rampe, même si les récentes mentions communales ont relancés ces notions d’un autre temps. Au fait, tous ces terroirs sont granitiques ou gréseux et non pas calcaire.
Mais vous avez remarqué dans le titre je ne vais pas parler d'un pichet d'ottroter roder dégusté avec une terrine dans une winstub mais d'un noble Linsenberg 2009 du domaine Schoenheitz à Wihr au Val. Linsenberg, terroir granitique perché entre 380 et 450 mètres d'altitude dans la vallée de Munster (et oui la vallée éponyme du fromage qui ne sent pas bon). La robe est rubis avec quelques reflets grenat. Le nez est marqué par des notes de cerise noire, une pointe d'olive, une touche de soja, des relents fumés et subtilement boisés sans en faire de trop. La bouche est souple, plaisante et dense à la fois d'où se dégagent une certaine tranquillité et une grande pureté dans le fruit. Un pinot noir qui enroule doucement sans jamais donner l'impression de forcer avec des tannins très fins mais suffisamment fermes pour cimenter la finale. Finale grasse et minérale pour ce 2009 dans la lignée des 89 et surtout des 90 dégustés en début d'année. Sans aucun doute, un des meilleurs rouges d’Alsace, Bravo les Schoenheitz. Un domaine à suivre de prêt car les 2012 sont superbes.17/20
http://www.vins-schoenheitz.fr
Stéphane