Nouvel opus sur le thème de l’accord autour du Riesling organisé par l’ami Thierry Meyer que l’on ne présente plus avec aux fourneaux, le non moins talentueux Jean-Philippe Guggenbuhl, chef d’orchestre à la Taverne Alsacienne à Ingersheim (Banlieue de Colmar)
Dans cette édition 2010 2 plats, fromages et dessert avec pas moins de 12 bouteilles plus quelques surprises en fin de repas.
En ouverture de repas deux rieslings du très jeune, prometteur et déjà grand millésime 2009.
-Riesling Bruderbach Clos des frères 2009 Etienne Loew :
Nez plaisant de fleur d’orangé avec des touches fumées. La bouche est tendue, fraiche, croquante et craquante avec de la salinité, de la sapidité dans un profil parfaitement sec et pas uniquement pour le palais d’un alsacien. Tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un vin de ce rang. De la franchise, de la netteté et aucun défaut. 16/20
-Riesling Drei exa 2009 Paul Ginglinger :
Nez un peu curieux et déstabilisant par rapport au bruderbach sur les épices. On s’imagine sentir un pot de moutarde !! La bouche est un peu ronde et les aromes en bouches signe une maturité un peu dépassée. Du coup, l’ensemble semble manquer de rythme, de tonus mais la pointe de gaz relève le tout. Je reste un peu plus sur ma faim avec celui-ci. 14/20
La juste maturité du bruderbach semble optimale alors que celle du Drei exa semble un peu dépassée. Rien de bien grave mais visiblement deux styles et deux approches antagonistes du millésime voire même du riesling.
Arrive le premier plat.
Un carpaccio de Bar de Ligne avec trois cuvées du millésime 2008.
-Riesling Wolxheim 2008 Clément Lissner :
Nez net et précis sur les agrumes. C’est variétal mais efficace. La bouche est vive, très vive comme beaucoup de 2008, même sur un Alsace cela pourra déstabiliser un peu. Une belle trame saline et une acidité large mais un fond assez simple.14,5/20
-Riesling Bollenberg 2008 François Schmitt :
Nez à l’opposé du précédent avec des touches insistantes de fruits exotiques et de crème brulée. La bouche est puissante, massive avec du coffre et un coté charnu qui ne laisse pas insensible. Vin très large avec une petite pointe de rondeur au réchauffement devant encore ce fondre. 15/20
- Mosel-Saar-Ruwer Riesling Scharzhofberger kabinett 2008 Egon Müller :
Passage de l’autre coté du Rhin ou plutôt sur les bord de la Mosel avec ce domaine mythique dans sa cuvée de base afin de voir si le peintre est bien au pied du mur.
Nez floral avec du poivre et d’autres épices. La bouche forme un triangle isocèle avec une acidité forte et marquée, une sucrosité élevée et un taux de gaz façon sprite. L’équilibre n’est pas alsacien mais cela n’est pas dénué de charme et d’intérêt. Ma main intriguée prend d’ailleurs toujours ce verre. Exotisme parfait pour moi. 14,5/20
Trois vins on ne peut plus opposés. Un riesling Wolxheim droit, un Bollenberg exubérant et un allemand complètement fou et pétaradant. Sur le plat c’est le premier qui va l’emporter.
Le plat suivant,va faire la part belle à 1 Alsace grand cru et deux rieslings étrangers.
-Riesling grand cru Engelberg 2007 André Pfister :
Le nez est plaisant, sur les fleurs et la pierre. La bouche est ample avec du coffre signant une parfaite maturité. L’acidité est très large, très salivante donnant du relief et de la profondeur au vin. Tout en restant dans un style sec cette cuvée est ronde, avenante et dense. La grande classe. 18/20
-Loinber Riesling Smaragd trocken 2004 Weingut Knoll :
Riesling d’un très beau domaine autrichien avec une étiquette complètement improbable. Le nez est très mur, sur le beurre à l’orange justement, mais aussi quelques notes de cuir qui laisse penser que cette cuvée est un peu usée. La bouche est très fine avec une acidité en dentelle. On pouvait s’attendre avec un tel nez à voir débarquer la cavalerie mais il n’est rien. Beaucoup de distinction et d’élégance. 16/20
-Riesling Ahn Palmberg 2003 – Domaine du Clos des Rochers :
Autre ouverture européenne avec ce vin luxembourgeois. Nez marqué par le millésime, et si ! même là haut. Pointe citronné évoluant rapidement sur des senteurs de bonbons créma, et de sucre d’orge. La salinité de cette cuvée est fine et une petite pointe de sucre marque la mise en bouche. Reste un vin très bien fait. 15/20
Nouveau trio atypiques. Dans le match Alsace/Autriche/Luxembourg j’ai trouvé mon camp et ce n’est pas la présence de Mélanie Pfister à ce repas qui me fait dire cela.
L’Engelberg donne décidément naissance et de bien grandes bouteilles. Dommage qu’il n’y ait pas plus de metteur en marché sur ce terroir.
les fameux fromages de Jacky Quesnot
-Riesling Linsenberg 1991 Henri Schoenheitz :
Nez fruité jaunes évoluant sur les fleurs. Une bouche en deux phases, une première présentant un petit moelleux et la seconde une acidité un peu mordante, piquante. L’ensemble est tout à fait convenable sur ce petit millésime. 15/20
-Riesling « cuvée de l’Amitié » 1981 Roger Jung :
Alors là, cette cuvée démontre l’importance d’un nom sur une étiquette. Cuvée de l’Amitié !! D’où ça sort ça ? En 1983 cela pouvait faire sourire car l’on pouvait gouter le vin avant de l’acheter (et ce rendre compte de la qualité) mais aujourd’hui, 30 ans après ! Que penser d’une cuvée portant un sobriquet pareil dans une vente aux enchères ! Je n’en donne pas plus de 10 euros. Et bien elle en vaut beaucoup plus. Le nez est complexe, fumé, grillé un poil vieux sur de la menthe et des fleurs sèches. La bouche est encore belle, bien en place avec une bonne salinité signant les beaux terroirs du coin de Riquewihr dont elle est issue. Belle surprise et comme quoi, il faut faire attention au nom de cuvée. 17/20
Pour finir, enfin presque, le dessert.
Ananas rôti à la vanille, Sorbet Mandarine.
-Riesling Vendanges tardives 2004 Ginglinger-Fix
Nez de fruits rôtis, dense avec des touches crémeuses. Bouche puissante, minérale se déroulant doucement en bouche, sans heurt ni chahut. Finale fraiche. Une bouteille sympathique mais sans plus, éclipsée par la suivante. 16/20
-Riesling grand cru Sommerberg Cuvée « E » vendanges tardives 2005 Albert Boxler :
Nez très pur. Bouche avec la même pureté, le même coté cristallin le tout dans de la dentelle. Une merveille en bouteille à la liqueur presque parfaite comme peut le faire les grands domaines alsaciens, je pense notamment à Weinbach en buvant ce vin. Dommage en revanche pour les conditions de ventes qui ne semblent pas des meilleurs. Restera les cavistes. 18/20
Le passage en revue des vins par Jean Philippe en fin de soirée l’a inspiré et il s’empresse de descendre en cave pour nous chercher un flacon mystère.
-Mosel-Saar-Ruwer Riesling Piesporter Domherr spätlese 1994 Reinbold Haart :
Le nez est confit. Présence de gaz dans un ensemble léger et friand frais et tendu. Encore de beaux restes.
Conclusion de la soirée avec des verres de demies Sainte Hune 1998 et 2000 pour dire que la vie est belle entre passionnés de Riesling.
Coup de cœurs pour le Bruderbach de Loew et le Sommerberg de Boxler. Confirmation du tallent de Mélanie sur l’Engelberg mais j’ai l’impression que cela devient trop simple de dire que c’est bon.
Stéphane