750 grammes
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RETOUR SUR UN ARTICLE DE 2009 ! 

 

L’œnothèque Alsace de Thierry Meyer nous invite ce jour d’avril au domaine Klipfel de Barr pour nous faire découvrir le Clos Zisser au travers de 12 bouteilles de plusieurs millésimes, souvent très anciens, et sur plusieurs cépages.

 

La visite commentée et préparée par Jean-Louis Lorentz (André Lorentz nous rejoindra plus tard) débute par les caves du domaine. Plusieurs foudres garnissent cette cave traditionnelle. Une autre cave est elle dédiée aux cuves inox, plus facile à gérer que ces énormes et respectables logis de bois.



 

L’histoire de la maison Klipfel est très bien relatée sur le site du domaine

 

Un petit mot sur le Clos Zisser, propriété exclusive de la maison depuis 1830.

Ce clos, véritablement ceint, est en plein milieu du grand cru Kirchberg de Barr, terroir marno-calcaire donc assez favorable aux gewurztraminer et Pinot gris.

La sélection confirmera ce point avec une impressionnante sélection de gewurztraminer. Précisons que de tout temps le domaine Klipfel a stocké et stocké des centaines, des milliers de bouteilles avec une prépondérance pour le Clos Zisser. Les plus vieilles datant de 1921. Pour la date des vendanges, c’était assez simple à l’époque, le Clos Zisser était toujours vendangé en dernier et le niveau de récolte était souvent du niveau VT ou SGN.



 

Mais la dégustation est consacrée au terroir et non au cépage, c’est pour cela que nous allons débuter par deux grands crus issus du même millésime.

 

Riesling grand cru Kastelberg 2006 : Robe brillante. Nez sur la mirabelle à l’ouverture puis sur l’abricot et les épices avec un coté balsamique discret. La bouche est fine avec une acidité maitrisée. De profondeur moyenne mais long et très frais ce 2006 est glissant, sans aspérité ou autre déconvenue. 

 

Riesling grand cru Kirchberg de Barr 2006 : Nez plus classique sur les agrumes et les fruits à noyaux. Très salin en attaque ce riesling est beaucoup plus profond, long et puissant que le Kastelberg. L’acidité est elle aussi plus structuré.

 

Là où le Kastelberg passe en finesse, le Kirchberg est plus imposant, plus profond.

 

Pinot gris grand cru Kirchberg de Barr 2001 : Nez juteux, torréfié sur le café et le menthol. La bouche est riche avec une acidité assez franche et présente. L’équilibre penche toutefois un peu sur le sucre mais cela n’est pas vraiment dérangeant. Belle profondeur. Un beau pinot gris aujourd’hui à maturité avec de belles vibrations.

 

Gewurztraminer Clos Zisser Kirchberg de Barr 1995 : Nez confit sur la bergamote, le bonbon Candy, les épices, le caramel au beurre salé. La bouche est ample, riche, très minérale. Un vin qui a de la mâche, du volume et du corps. Je ne sais pas si cette bouteille est encore en vente mais c’est l’occasion de toucher des vins prêt à boire sans devoir les garder chez soit.

 

Mais passons à cette liste de bouteilles que je contemple depuis mon arrivé dans le caveau de dégustation. Le programme est simple, 13 bouteilles nées de 10 millésimes pour la plupart légendaires comme 1945-1947-1959-1964-1971-1976

 

Voici un aperçu des notations de ces millésimes pour la région Alsace (source Idealwine)

 

1942 : grande qualité 14/20

1943 : très grand millésime 16/20

1945 : millésime exceptionnel 19/20

1947 : très grand millésime 17/20

1959 : millésime exceptionnel 19/20

1964 : millésime exceptionnel 19/20

1969 : très grand millésime 16/20

1971 : millésime exceptionnel 19/20

1972 : millésime difficile 08/20

1976 : millésime exceptionnel 19/20

 

C’est simplement la plus belle liste de millésimes que j’ai vu dans ma vie !!!



 

Sylvaner Clos Zisser 1947 : Nez de fruits secs, d’abricots secs avec des notes de noix fraiches et de café. La bouche est sèche en attaque avec une belle tension puis vient une petite rondeur en milieu de bouche. L’ensemble est souligné par une oxydation très fine à la manière des vieux vins jaunes. La bouche est saline et ce sylvaner s’allonge de tout son long et termine sur des notes de foin. La dégustation commence très fort !!  Encore un vieux sylvaner miraculeux mais cette fois issu d’un des plus grands millésimes du siècle passé.

 

Muscat Clos Zisser 1947 : Nez typique des vieux muscats alsaciens sur les fleurs sèches, la menthe avec une fine torréfaction et une petite touche de caramel. La bouche est d’abord raide, rigide et presque dure en attaque mais l’équilibre est fin,  puis ce muscat va prendre de la puissance et révéler sa belle structure qui ne sera altérée que par la chaleur de l’alcool qui va rendre asséchante la finale. Un muscat dont la fermentation alcoolique a été poussée un peu trop loin, mais certainement sans le vouloir car l’on n’intervenait pas trop dans les vinifications en ces temps là. Un deuxième bel exemple de ce millésime.

 

Riesling Clos Zisser 1942 : Nez curieux trahissant certainement un problème de bouchon. Le pire est que, selon Mr Lorentz,  le vin était parfais avant rebouchage et que ce sont les nouveaux bouchons qui on dégradés ce vin. Ceci fut confirmé sur deux bouteilles. Un mal pour un bien que se rebouchage!! Nez curieux donc, sur des notes florales et de café froid, l’ensemble fait son âge. La bouche est grasse, très minérale avec une belle acidité fondue et puissante. Ce riesling est très long et semble plus fin que les précédents. Dommage, mille fois dommage que les bouchons ne soient pas au niveau car la bouche est remarquable.

 

Tokay Clos Zisser 1942 : La robe est de couleur cognac. Le nez est impressionnant sur des notes d’écorces d’agrumes, de thé, de raisins de Corinthe, de moka, le tout confit. La bouche est concentrée avec une très belle et fine liqueur. Ensemble très riche sur une acidité très fine mais très bien en place et donnant un caractère très fluide et léger à ce Tokay. Certainement récolté avec un niveau de sélection de grains nobles. Très belle profondeur signant un très grand terroir. J’avais à l’esprit, après tous les Tokay bus à la confrérie, que ce cépage ne vieillissait pas bien, voici exactement l’affirmation contraire. Un vin que je place au plus haut niveau des vieux Alsace. Simplement grand. Je suis prêt à mettre plein de sous pour pourvoir en acheter une.

 

Tokay Clos Zisser 1945 : La robe est sombre, presque noire. Le nez est toasté, confit avec des notes torréfiées. La bouche est ample, tannique avec des épices et du gras. L’ensemble est un peu chaud et beaucoup moins profond que le 42. Le Tokay de la libération issu malheureusement d’une vendange grêlée. Pour l’Histoire.

 

Gewurztraminer Clos Zisser 1972 : Nez toasté sur la truffe, la mie de pain avec une pointe de sous-bois, le matin après la rosée, le mousseron. La bouche est généreuse, ample et sapide avec de la profondeur. L’acidité est discrète donnant un caractère puissant et massif à ce nectar. La finale est minérale, très longue. Une belle surprise que ce gewurztraminer né d’un petit millésime.

 

Gewurztraminer Clos Zisser 1969 : Nez de vin vieux. La bouche est dissociée, avec les sucres d’un coté et l’acidité de l’autre. Une bouteille qui à l’inverse des autres n’a pas été conservée dans la cave du domaine Klipfel mais dans celle du grand père de Mélanie, qui l’a gentiment offerte au groupe. Dommage car le millésime est joli en Alsace.

 

Gewurztraminer Clos Zisser Grande réserve 1964 : Encore un très gros millésime. Nez fin sur les fleurs et la menthe. La bouche est riche avec un magnifique équilibre fruit d’une acidité de tout premier ordre, dans l’intensité et dans la structure. Ce gewurztraminer est fluide, glissant sur des notes d’abricots. La finale penche un peu sur le sucre se qui donne l’impression que ce vin est moins profond que le 72 mais nous faisons fausse route. Il reste encore du vin dans ce 64.

 

Gewurztraminer Clos Zisser 1971 : Nez confit, sur les fleurs et la truffe blanche, c’est assez entêtant et finalement assez monotone. La bouche est très riche, très grasse avec une acidité fine est parfaitement fondue. Bouche moelleuse et très complexe, ce gewurztraminer est massif et pourtant très frais et éclatant comme un perdreau de l’année. La bouche est tout en harmonie, c’est du Vivaldi dans le verre. Une main de fer dans un gant de velours. Dommage que le nez soit truffé à ce point, du moins pour mes naseaux car l’on tenait là le très grand avec une longue finale sur la rose.

 

Gewurztraminer Clos Zisser Grande réserve 1959 : Superbe et immense nez floral, médicinal sur des notes de thé et de citron. La bouche est encore plus grasse et plus riche que le 71, la récolte était parfaite cette année là, certain vigneron ne sont même pas allé dans les vignes. Egalement puissant et soyeux  il est très structuré mais moins équilibré que le 71. Finale chaude sur quelques sucres pas encore fondu. Diable, il faut encore attendre 20 ans pour qu’il se calme un peu.

 

Gewurztraminer Clos Zisser 1976 : Nez discret, sur la mie de pain, la truffe. Grosse liqueur en bouche toute en fluidité. L’acidité est superbe donnant beaucoup de profondeur et de charme à cette cuvée. L’ensemble est élégant, fin, élancé, digeste et frais, loin du souvenir sec de cette année précurseur de 2003.

 

Traminer Clos Zisser 1943 : Issu du cépage Savagnin rose connu aujourd’hui pour produire le Klevener de Heiligenstein. Nez de café froid, torréfié sur la vanille et le caramel. La bouche est sèche, droite, fraiche sans grande profondeur ni complexité mais ce traminer est friand dans un style léger et simple. Une simplicité de 66 ans tout de même. Pour la petite histoire, le Traminer était très souvent vendu en litre pour la cuisine ou les cafés, et ce 43 est le seul jamais produit sur le clos Zisser. Une explication possible est que ce Traminer est issu d’un premier passage sur les Gewurztraminers du Clos.

 

Gewurztraminer Clos Zisser 1943 : Nez rôti, confit. Très grosse richesse en bouche avec une très belle acidité. Bouche profonde et minérale sur une liqueur très précise. Tout n’est que dentelle et finesse, une caresse que ce gewurztraminer légendaire. Le bonheur dans la bouteille qui sera terminée le soir. Rien n’avait bougé, cette cuvée sera centenaire, sans problème.

C’est précisément cette cuvée qui a été retrouvée dans le nid d’Aigles d’Hitler par les Américains en 1945. C’est quelques années plus tard qu’un certain nombre d’entre eux sont venu au domaine pour en racheter.


 

 

Toutes les bouteilles avaient une histoire à raconter mais les deux monuments sont pour moi le Tokay 1942 et le Gewurztraminer 1943, deux très grandes bouteilles Alsaciennes.

Un point de vu sur le Terroir. La bonne adéquation avec le gewurztraminer semble confirmé par cette dégustation avec des vins massifs, bien en chair et en place avec des salinités fortes sur les grandes réussites.

 

Un grand merci à Jean-Louis et André Lorentz pour nous avoir permis de toucher du bout du doigt et de mieux comprendre ce grand terroir qu’est le Clos Zisser. Merci également à Thierry Meyer pour l’organisation de cette rencontre.

stéphane

 

Tag(s) : #avec l'oenothèque Alsace
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