Le repas de l’année. Voici la première chose qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai vu le menu et les vins prévus pour cette soirée entièrement consacrée au domaine Josmeyer.
La table est comme souvent la Taverne Alsacienne ou Jean-Philippe a de nouveau fait des merveilles en terme d’accord mets/vins.
Rapide présentation du domaine par Thierry Meyer et petits mots de Jean Meyer et Christophe Erharht.
- Fleur de Lotus 2005. Assemblage à forte proportion de gewurztraminer. Le nez est encore un peu fermentaire mais l’air lui fait du bien. Le nez prend des notes florales très fraîches et fines pour finir sur des notes de fruits plus jaunes. La bouche est fraîche, souple et sèche avec une pointe de gaz. La profondeur est moyenne signant un vin aérien d’entrée de gamme qui place pourtant la barre très haute.
- Pinot Blanc 2004 Les lutins. Nez surprenant de biscuit, de pain frais avec des notes beurrées, accentuées par des fruits rouges. La bouche est droite, sèche avec du gras. Le milieu de bouche est très nerveux pour le cépage avec une bonne profondeur et une densité franche. Une superbe bouteille.
- Muscat 2005. Curieux de recroiser cette bouteille que nous avons bue à la maison il y a quelques temps (CR sur DC) Le nez est floral avec des touches de fruits blancs de poivre blanc et de menthe. La bouche est de belle allonge mais ne présente pas la même tension que le pinot blanc. Il souffre de passer derrière lui. La bouche est assez simple. Un bon muscat de soif mais pas le plus grand en 2005.
- Riesling grand cru Brand 2004. Le nez est très fin, comme le veut ce grand cru, sur les agrumes, les pierres, évoluant sur des notes florales. L’anis vient également compléter le tableau. La bouche est fine en attaque, minérale, avec une acidité droite et présente mais toujours classe. Un vin encore sur la réserve qui plaira aux amateurs de finesse et d’expression de terroir.
- Riesling grand cru Hengst 2004. le nez est fumé sur le pain avec des senteurs torréfiées et épicées sans que cela ne devienne lourd. La bouche est plus massive tout en restant fine et éclatante. L’acidité vient en milieu de bouche comme tous les calcaires. Un vin au profil radicalement opposé au Brand. Deux grands crus distant de seulement quelques kilomètres qui ne racontent vraiment pas la même chose.
- Riesling les Pierrets 2003. Le nez est dense sur les fruits rouges. La mise en bouche est plus ronde un poil moins profond mais qui est diablement minérale et aucune lourdeur ne vient contrarier l’ensemble. Un très beau 2003.
- Pinot gris grand cru Brand 2002. Nez marqué par la truffe et les fruits exotiques. L’attaque est ample avec une acidité fine et longue donnant beaucoup de classe. Des notes d’écorces d’oranges donnent une jolie finale.
- Pinot gris 2001 « 1854 fondations ». Nez discret au service, sous-bois et truffe. La bouche est droite et fine, taillé comme un riesling. Beaucoup d’ampleur en milieu de bouche. L’ensemble est quasiment sec et annoncer pinot gris sur ce vin est un gage. Très belle réussite du domaine.
- Riesling grand cru Hengst samain 2000. Nez de tabac marqué par la minéralité. La bouche est ronde, souple et assez typique du millésime souvent très mûr. L’ensemble est très gras et présente beaucoup de concentration.
- Riesling grand cru Hengst samain 1997. Nez crayeux sur la truffe avec une pointe fumé le tout évoluant sur les fruits jaunes. La bouche est beaucoup plus droite et sèche que le 2000. La rondeur ne vient qu’en milieu de bouche. Notes de caramel. Très joli vin qui sublime les fromages présentés à table.
- Gewurztraminer grand cru Hengst 2001 vendanges tardives. Nez sur la truffe, le litchi les épices avec un coté un poil lactique. Bouche très fluide sur l’anis. Très belle fraîcheur pas de lourdeur pas de faux pas que de la classe.
- Gewurztraminer sélection de grains nobles 1995. nez de moka, de pain grillé de safran, le tout puissance dix en terme de maturité. La bouche est grasse en attaque avec un équilibre diabolique entre la fraîcheur et la tension et les 80 grammes de sucre. De l’ampleur de la profondeur et de la finesse. Que cette bouteille résume bien le domaine.
Pour moi, l’idée de grand domaine ne peut se faire sans l’idée de régularité intra et inter millésimes et cuvées.
Cette soirée a vu passer 8 millésimes, quasiment tous les cépages, tous les degrés de maturité et pourtant je ne vois aucune brebis égarés, sauf peut-être le muscat mais je suis dur.
Tous les vins sont francs et friands mais avec beaucoup de complexités et d’élégance. Le réveil fût très facile, même pas l’ombre d’un mal de crâne. Comment ne pas aimer ce domaine ?
On parle souvent des 3 fantastiques (Weinbach, Deiss et ZH) mais je vais dès à présent parler des 4 fantastiques tant le domaine Josmeyer mérite sa place de *** (ou de ***** ça dépend des guides)
Thierry si tu m’entends !!!
Ce repas fut mémorable, tant par les vins que les plats que par l’ambiance générale.
Comme les stars de Cannes je souhaite remercier Thierry Meyer, Jean-Philippe, le domaine Josmeyer, les verres Spiegelau, Mary (mon chauffeur et épouse)
Stéphane