On connaît le Liban pour sa guerre civile qui des années durant (1975-1990) a occupé les médias du monde entier. Mais on connaît également le Liban pour sa gastronomie, les fameux mezzés, froids ou chauds, les pâtisseries...On connaît par contre un peu moins les vins de ce pays. Et pourtant....
Et pourtant le vin libanais est une des fiertés du pays et la production dans la plaine de Bekaa n’a rien à envier aux belles productions européennes. Trois domaines historiques se partagent le premier rang, Château Ksara, Château Krefraya et le Château Musar de Gaston Hochard.
3000 hectares de vignes sont plantés et 40% de la production est le fruit des seuls Châteaux Ksara et Kefraya pour 4 millions de bouteilles soit environ 25 hL/ha.
Château Musar approche les 120 ha situés à 1000 m d’altitude, la production est donc de +/- 400.000 bouteilles par an en se rapportant au rendement moyen de 30 hL/ha que l’on trouve sur le web.
La gamme s’étale sur trois niveaux. Tout en haut, Château Musar sur trois couleurs puis Hochard père et filsuniquement en rouge et enfin Musar Jeune à nouveau sur les trois couleurs.
Niveau cépage 40% Cabernet Sauvignon, 30% Carignan, 30% Cinsault pour la cuvée du château rouge, obeideh et merwah pour les blancs.
Les vins du Château Musar sont conservés plusieurs années en cave avant la commercialisation. C’est pour cela que nous nous trouvons actuellement entre le 2011 et le 2012 sur la cuvée phare en rouge.
Château Musar blanc 2009
Robe dorée. Évolué délicatement, fumé, épicé tel le curry, touche de miel un peu rustique, mais l’ensemble est complexe, un rien exotique. Attaque dense, puissante et fine avec du dynamisme, une acidité ciselée et juteuse, de la profondeur, de la mâche. Beaucoup de caractère et de franchise. 15/20
Hochard père et fils 2013.
Très beau nez, ensoleillé, épices noires, cerise noire bien mûre, myrtille et touche de bois pour compléter le tableau. Bouche large, sphérique assez lisse sur des tannins légers, bien en place. De la fraîcheur dans une structure pas d’une grande complexité mais grandement digeste. Finale plus grasse mais courte. 14/20
Château Musar 2011.
Nez complexe, fumé, légère touche de volatile, sur des épices et des fruits rouges. Attaque délicate, ample mais pas sur une structure qui parait dingue même si la matière est belle. Tannins ciselés qui n’accrochent pas du tout. Finale longue et toujours sur cette finesse avec quelques tannins séchant en finale. Tourne au pruneau à l’aération. 13,5/20
Château Musar 2010.
Nez sur les fruits, plutôt rouges cette fois, avec toujours cette note fumée et une touche végétale noble dans les profondeurs du verre. Attaque large, avec une belle matière, dans le charme de la rondeur, des tannins gras. Une structure enveloppée, assez charmante même si l’ensemble ne manque pas de coffre. Longueur correcte. 15/20
Château Musar 2009
Volatile intense, fruits noires denses et petite note boisée/toastée. Attaque très sphérique sur une belle acidité qui porte le vin sur des tannins un peu anguleux donnant par contre une belle profondeur et du jus. Beau caractère. Finale longue. Trop jeune mais déjà superbe. 16/20
Château Musar 2006
Nez discret, menthe légère, groseille signant un profil sans doute plus froid. Attaque sur une impression sucrée avec du gaz qui perle franchement, on serait presque sur un rouge de Baden. Passé cela la bouche est sérieuse avec de la finesse dans le breuvage et des tannins gras. Finale correcte. Je ne sais pas si toutes les bouteilles sont comme cela mais le gaz tend à s’estomper avec le temps. 14,5/20
Sitia 2004 Economou (Crète)
Nez sur les épices, de drôle d’odeur d’épice à tajine, l’amareto, dans un style complexe et ciselé, végétale. Bouche grasse, ample avec une belle définition dans la matière. De la sève dans le jus. Vin rustique mais digeste, ample et plein de soleil. 14/20
Château Musar 2003
Nez sur le cuir, la suie, les fruits noirs et la peau orange. Bouche encore une fois sur une impression de sucre, des tannins gourmands sur beaucoup d’épice. Belle acidité pointue et franche. Joli jus avant une finale dense. 15/20
Château Musar 1999.
Nez très délicat et raffiné sur le bois de santal et les épices, et des touches intenses d’encens. Bouche ample, généreuse, sur des tannins du même tonneau, amples et généreux mais sans que rien ne dépasse. Belle mâche avec du relief et une acidité précise et fondue. Esprit posé, presque tranquille mais profond et racé.16,5/20
Château Musar 1997.
Nez plus austère sur le café froid, l’orange sanguine, et le chocolat. Bouche façon tawny ou Maury 77 de la Coume du Roy pour ceux qui connaissent sur des tannins ciselés, dans une grande fraîcheur et un profil tendu et fin. Un poil évolué mais elle est encore belle. 13,5/20
Château Musar 1995.
Chocolat noir, poivre, cannelle au nez. Attaque puissante en bouche sur des tannins nettes et une acidité puissante qui apporte beaucoup d’allonge tout en restant droite et juteuse. Ample et expressif en finale. 15/20
Voilà une superbe série qui confirme le niveau que l’on attendait d’un domaine de ce calibre. Les millésimes semblent ne pas trop influencer sur le style des vins, qui restent homogènes avec de l’ampleur, une acidité nette et puissante. Les notes de volatile renforcées par des épices à gogo pourront en déranger certain mais l’ensemble est toujours harmonieux.
Stéphane