Nouvelle balade viticole pour la petite bande de la Wantzenau et cette fois nous allons prendre la direction de Blienchwiller pour rejoindre Céline Metz du Domaine Hubert Metz, cave de la dîme.
Pour clarifier de suite les choses, c’est HUBERT Metz et non pas Arthur, et c’est Hubert METZ et non pas Hubert Maetz, du fameux « Und Was drenke mehr met Hubert ? » « A niinenniiziger riesling Simone !!»
Bref rendez-vous à Blienchwiller avec une prise de connaissance en plusieurs actes. Balade dans les vignes, visite des installations, de la cave et dégustation/buffet dans le salon de réception.
Le domaine exploite 9,5 ha de vignes principalement autour de Blienchwiller sur des sols aussi variés que du granit pour le Grand Cru Winzenberg, du grès prêt de Nothalten, des sables, du limons et d’argile. Pour finir le Breitstein est composé de marnes du Keuper et toujours ce granit omniprésent dans ce coin d’Alsace.
Mais pourquoi Cave de la Dîme ? Car à partir de 1728, l’impôts de la Dîme était déposé dans cette cave. Impôts d’un montant de 10% des récoltes allant au clergé ! Certaines fenêtres de la bâtisse ont gardé les barreaux indiquant la pièce aux coffres.
La dégustation étant rapide je vais limiter mes appréciations à trois niveaux.
*Vin agréable au niveau de son appellation
**Très bon vin, hautement recommandable
*** Parmi les grands vins de la région.
En attendant les derniers et la seule femme du groupe, Celine Metz nous propose son Alsace rosé 2018* au nez floral, frais et élégant. La bouche est tendue, sèche en ½ corps, parfait pour la soif.
Une fois au complet, Céline et Jean-Michel nous proposent un tour dans les vignes avec différentes haltes dégustations pour découvrir les vins en même temps que les terroirs.
Première pause avec un Alsace Sylvaner « S » 2017* au nez d’herbes aromatiques, de menthe et de poivre. La bouche est grasse, ample, sec mais charnue dans un profil plutôt sage avant une finale souple.
Non loin de là, devant une parcelle de pinot noir, un Alsace pinot noir vieilles vignes 2015** sur les fleurs et la ronce. La bouche est ronde, gourmande, un peu chaude, tout en largeur avec un certain coffre.
Nous arrivons après 5 grosses minutes de marche, au pied du Grand cru Winzenberg. Cru modeste par la taille avec 19,20 ha, son exposition est idéale, Sud/Sud-Est entre 240 et 320 m d’altitude. Il appartient à la grande famille des sols granitiques, comme le Frankstein, le Schlossberg, le Wineck-Schlossberg, le Rittersberg, le Sommerberg…..40% Riesling, 40% gewurztraminer et 20% de pinot gris pour l’encépagement.
C’est ici que l’on goute à l’Alsace grand cru Winzenberg riesling 2014** au nez sableux sur la noisette et le caramel. L’attaque est pointue, puis large avec une acidité sur cette largeur, une salinité profonde avant une finale tendue. Puis arrive l’Alsace grand cru Winzenberg riesling 2015*, sur un nez de résine. La bouche est ample, large sur une acidité fondue, des amers nobles avant des notes pâtissières en finale. Grosse émotion avec l’Alsace grand cru Winzenberg*** gewurztraminer 2016 au nez assez classique de rose. Bouche sphérique, homogène, cohérente et très élégante. Beaucoup de délicatesse, d’équilibre sur une fine minéralité pour signer le terroir.
Retour en cave avec 2 crémants. Un Crémant blanc** composé à 60% de pinot blanc, 30% d’auxerrois et 10% de riesling. Nez crémeux et complexe. Bouche fraiche, nette sur mousse grasse et compact. Finale qui claque pour ce vin dynamique. Un Crémant rosé*,100% pinot noir au nez floral. Bouche sur une mousse un peu grosse sur des bulles ciselées, déliées avant une finale sèche mais croquante.
Dernière moment de cette journée dans la salle de dégustation richement dressée pour l’occasion.
Alsace pinot noir réserve de la dîme 2016*
Nez intense sur le poivre. La bouche est ronde et souple sur des tannins ciselés, compacts mais restant glissant avant une finale encore un peu collante.
Alsace pinot noir barrique 2017*
Nez avec une toute petite pointe de volatile, du noyau de cerise, de la chauffe moyenne dans le bois. La bouche est ample, sphérique, volubile, lisse sur des tannins gras et assez discrets, enrobés. Vin charmant.
Alsace riesling réserve de la dîme 2017**
Nez frais sur les fruits jaunes. La bouche est fraiche, sèche, encore serrée dans une structure nette et ferme. Vin efficace à boire à grande rasade.
Alsace riesling vieilles vignes 2015***
Nez complexe sur les agrumes, l’orange, le kumquat. La bouche est sexy, sèche et ample avec un jus croquant et beaucoup de peps.
Alsace riesling vieilles vignes 2002
Nez sur la résine, l’écorce d’agrume avec une touche de surmaturité. La bouche est aimable, un peu lisse sur une acidité que l’on cherche un peu à positionner. Un autre style mais qui tient encore parfaitement debout.
Alsace grand cru Winzenberg riesling 2001
Nez assez discret sur des notes de pétrole. Équilibre ½ sec comme on en trouve souvent sur 2001 mais le vin est ample, complet, intense tout en restant suave et élégant. Un vin d’une grande sagesse aujourd’hui, posé.
Alsace Riesling Oberberg 1990
Nez patiné sur la mie de pain, la crème, la mandarine. Gros volume en bouche, sphérique sur quelques terpènes avec une certaine richesse mais le vin garde un équilibre puissant et presque massif. Étonnant pour un vin de presque 30 ans !
Alsace pinot blanc Pierre de lune 2015***
Nez charmeur sur des notes confites et du poivre blanc. La bouche est croquante, dense sur une grosse matière généreuse dans un profil sec.
Alsace pinot gris réserve de la dîme 2017**
Nez frais sur le chèvrefeuille. La bouche est sèche, cohérente, large sur un jus moyen un peu passe partout. Finale plus intense.
Alsace muscat réserve de la dîme 2016*
Nez sur la mélisse et autres herbes. La bouche est droite sur une acidité élancée pour finir plus large et sphérique.
Alsace gewurztraminer réserve de la dîme 2017**
Nez expressif, plutôt herbacé frais. La bouche est droite, franche sur une acidité droite, juteuse à réserver à la table.
Alsace gewurztraminer Breitstein 2016**
Nez très discret. Bouche riche, ample au profil ½ sec mais l’ensemble reste élégant.
Alsace grand cru Winzenberg gewurztraminer 2002
Nez minéral, mûr sur les fruits jaunes. Gros volume, structure riche donnant beaucoup de gourmandise pour ce vin flatteur, confit par l’arrière-saison.
Alsace grand cru Winzenberg gewurztraminer 1991
Nez froid comme le millésime. La bouche est plutôt fluide, sur une richesse en milieu de bouche. Cela reste gourmand mais moins homogène que le 2002.
Alsace grand cru Winzenberg gewurztraminer 1987
Autre millésime froid sur le cuir et la fleur sèche. Le bouchage à malheureusement entaché la bouche.
Alsace grand cru Winzenberg pinot gris 2016 **
Nez franc sur les agrumes et les fruits blancs. La bouche présente une grosse richesse mais garde un équilibre nette et franc avec une acidité ferme avant une finale plus élégante Un vin viril, hyper punchy.
Alsace grand cru Winzenberg pinot gris vendanges tardives 2015**
Nez torréfié plutôt discret. Un vin lisse, fluide sur une bonne richesse gardant la finesse de la VT.
Alsace riesling cuvée Saint Hubert vendanges tardive 2015 ***
Nez aux accents curieusement froids, muet. La bouche est étincelante, fine, suave, assez direct, c’est un riesling, sur une acidité pure et fondue. Belle bouteille.
Alsace grand cru Winzenberg gewurztraminer sélection de grains nobles 2007**
Nez sur les fruits confits, le coing, la volatile, les épices et le botrytis. Et je n’ai pas noté la suite……mea culpa.
Alsace pinot noir 1997
Pas plus de note pour celui-ci, je devais certainement passer ma commande.
Céline Metz avait choisi une autre voie que celle de la viticulture et on sent chez elle une volonté de bien faire, dans la vigne, la cave mais aussi dans l’événementiel, la communication le tout sans prise de tête dans la joie et la bonne humeur mais toujours avec un esprit, un discours direct et franc.
Les quelques vieux vins dégustés nous montrent que cette volonté est familiale, que les vins sont construits pour la garde, même si les progrès œnologiques ont affiné les contours des vins.
Un domaine à suivre dans un charmant village un peu à l’écart des grandes cités viticoles bas et haut-rhinoises.
Stéphane