On cite souvent la cuisine asiatique comme parfaite alliée des vins d’Alsace mais autant nous voulons boire alsacien le plus souvent possible, autant la bonne cuisine asiatique est compliquée à mettre en œuvre et les grands moments sont rares en France.
Le Domaine Schoenheitz s’est donc tourné cette fois vers la cuisine Libanaise, pas qu’elle soit plus simple à réaliser mais cela permet au moins de varier les plaisirs et ouvrir nos papilles vers d’autres horizons.
Les verrines ont été réalisées par le restaurant « Le Palmyre » 1 rue du canard à Colmar.
Alsace muscat 2017et Chankliche(fromage de chèvre, thym, tomate, persil, oignon)
Nez hyper floral, net et fin avec une toute petite touche d’épices dans le pur style muscat d’Alsace, les vignes d’ottonel ayant majoritairement gelées cette année. La bouche est ronde avec de la matière, un coté lisse, une acidité discrète, quelques amers en final dû à la sécheresse de l’été avant une finale confortable.
Sur le plat, le fromage assez sec est suffisamment souligné par l’acidité du breuvage, tout comme les herbes aromatiques se mêlant avec cohérence à l’aromatique du vin.
Alsace riesling Linsenberg 2015et Hommos(purée de pois chiches, crème de sésame, citron)
Nez sur le miel, l’encaustique, des touches d’hydrocarbures assez variable en fonction des instants ou des bouteilles. L’attaque est minérale avec une certaine rondeur bien balancée par l’acidité frétillante de ce millésime pourtant chaud avant un retour puissant de la minéralité. Un riesling costaud imposant.
Le hommos est très tactile, on sent bien le grain des pois chiche et il explose littéralement en bouche on contact du riesling. Le vin allège le plat tout en lui donnant de la structure.
Alsace Audace 2015 et BabaGhanouj(purée d’aubergines, crème de sésame, citron)
Ce vin est issu du même pressoir que le précédent mais a subi un élevage en barriques d’acacia. Le nez semblant bien plus jeune que le précédent est marqué par les fruits jaunes, le miel et le menthol. La bouche est ronde, franche sur une acidité cette fois bien plus pointue et précise dans un profil sec et tendu. Finale dense sur des notes d’élevage fin.
L’accord a été plus compliqué à décrypter. Le baba est très gras et le profil droit du vin n’a pour moi pas fait d’effet wahou sur le plat.
Alsace pinot noir Herrenreben 2016 etKebbe Acrasse(boulette de viande, blé concassé, farce de viande, pignons, oignons)
Nez sur les fruits noirs comme la cerise, l’amande dans un registre puissant et plein. La bouche est sèche, droite, puissante, franche, très structuré par sa jeunesse mais aussi très tactile avec une acidité tranchante et ciselée sur des tannins racés. Grande fraicheur en finale.
La viande est assez sèche et s’effrite facilement. Les épices sont soulagés par le vin qui a même tendance à l’emporter dans ce combat des chefs. Le vins est sans doute trop droit, un peu plus de gras aurait enrobé la viande.
Alsace pinot gris Holder 2015 Mélodie d’Octobre et Kol w Shkor de petalis (farine de blé, cajou, beurre clarifié, sucre, eau, lait)
Nez sur la poire et autre fruits blancs. La bouche est grasse, glissante, souple sur une acidité pointue, avec de la chair, du moelleux et de la puissance.
Les baklavas du Liban sont parfaitement accompagnés par le vin. La pâte Filo est transfigurée par l’acidité du Holder et la balance sucre/gras est cohérente entre le plat et le vin.
Encore un beau moment de partage avec l’équipe du Domaine Schoenheitzau grand complet. On mesure sans mal l’engagement indéfectible de cette équipe à promouvoir les vins de la région au travers de la production du domaine sur les coteaux autour du village de Wihr au Val.
Après l’Asie, les vins d’Alsace trouvent sans mal des accords avec la cuisine Libanaisetant au niveau de l’aromatique que de la structure, la variété des cépages étant cette fois une force.
L'Alsace n'a de frontière que le monde !
Stéphane