La proposition de Pierre de faire une série de vieux gewurztraminers m’a de suite emballé. Un seul critère « plus de 20 ans » ! Hopla !
Bouteilles ouvertes 1 heure avant pour les plus « récentes » et avant le service pour les 3 dernières.
Alsace grand kaefferkopf Gewurztraminer Cuvée Jean-Baptiste Adam réserve particulière 1995 Domaine Adam.
Robe dorée. Nez sur la truffe, une touche lactée et des notes de fruits exotiques. La bouche est large, souple assez tactile mais l’ensemble semble assez court et manquant de relief. Finale sèche. Un gewurztraminer qui manque un peu d’ampleur et d’expression, reste un vin propre et digeste fort plaisant à déguster. Les différentes notions et mentions en disent plus que le vin. 14/20
Alsace Gewurztraminer La cuvée du patron 1994 Hervé Stritt
Robe cuivrée signant une grande évolution. Le nez est marqué par des notes de céréale, des senteurs de malterie, quelques fruits bien cuits et des épices douces. La bouche est riche sur un petit moelleux et elle présente une belle tension sur des touches de caramel au beurre. L’ensemble est puissant avec une charge d’alcool assez importante. Finale moyenne sur le menthol. Un vin surprenant par son pédigrée et la notion « cuvée du patron » prête à sourire mais le vin est bien plus vivant que le précédent, certes sur un meilleur millésime. A noter qu’il devait être assez terrible jeune. 14,5/20
Alsace Gewurztraminer cuvée Christine 1989 Domaines Schlumberger
Avec les domaines Schlumberger il faut connaître les prenons, ainsi la cuvée Christine est une vendange tardive de gewurztraminer, la cuvée Anne une sélection de grains nobles de gewurztraminer, les deux sur le grand cru Kessler. Clarisse une SGN de pinot gris sur Spiegel et enfin Ernest, la rare SGN de riesling sur le Kessler.
Robe dorée. Nez très épicé et très intense sur le curry, la pâte d’amande, la menthe fraiche. La bouche est ample, très riche avec du caractère, beaucoup de matière sèche avant de grands amers en finale. Une superbe bouteille au caractère crémeux, enveloppant. 18/20
Alsace Gewurztraminer vendange tardive 1988 Domaine Weinbach
Aucune mention de terroir ou de cuvée sur cette bouteille. Le nez est initialement fermé sur les fruits secs, le cuir, les herbes aromatiques, la menthe sèche le tout manquant un peu d’éclat. La bouche est soyeuse, presque tannique avec une acidité assez marquée, comme malique. Un vin demi-sec, un peu trop strict mais c’est, il me semble le style du millésime. Le contraste avec le précédent est énorme mais le style n’est pas le même. 16/20
Alsace Gewurztraminer Oberer Weingarten 1983 Domaine Rolly Gassmann
Robe or gris encore très jeune. Le nez est très fruité sur l’ananas, la pierre et des notes tourbées. La bouche est élancée, droite, nette et d’une grande pureté. Un gewurztraminer qui s’exprime dans la finesse avec un équilibre remarquable, sans excès de rien. Une nouvelle démonstration de la qualité des vins de ce domaine, il faut juste attendre un peu et laisser parler les détracteurs-chasseurs de sucre. Un domaine qu’il faut absolument visiter un jour pour comprendre l’importance de l’adéquation terroir/maturité.18/20
Alsace Gewurztraminer-Gaensbronnel 1976 Domaine Hering
Le Gaensbronnel, de nos jours Clos Gaensbronnel, est situé sur la partie basse du Kirchberg de Barr, terroir propice à l’élaboration de grand gewurztraminer. Il n’y a que deux propriétaires sur ce clos, Hering qui a la plus grande partie et anciennement Alsace Willm, aujourd’hui dans la besace de Wolfberger. La robe est dorée. Le nez marqué par des notes de sous-bois, de l’after-eight le tout un peu confus. La bouche est sèche, strict, passerillée par la canicule du millésime avec du caractère mais qui souffre de l’ordre de passage et par son manque d’éclat. Une bouteille pas très en forme. 14,5/20
Alsace Gewurztraminer Freiberg 1971 André Lorentz
Nez expressif mais pas forcément intéressant sur la noisette verte, le kirch style Forêt noire et les fruits secs. La bouche est tendue, sèche mais aussi très simple et vieille. Finale avec une certaine âcreté. Un vin moyen dont je ne connais pas l’origine, André Lorentz étant le propriétaire de Klipfel à Barr, la collerette étant d’ailleurs identique. Alors cuvée du patron, cuvée pour l’export ou la restauration, pas la moindre idée. 12/20
Alsace Gewurztraminer Grande réserve 1964 René Neymeyer.
Là encore aucune mention de terroir mais un « grande réserve » qui voulait dire quelque chose à l’époque et qui ne servait pas seulement à rajouter une ligne sur le tarif. René Neymeyer était un négociant à Ingersheim, aujourd’hui on trouve encore un Pierre Neymeyer dans le même village qui commerce en vins.
La robe est claire. Le nez est grillé, très net sur des épices, une belle touche fumée et de la menthe fraiche. La bouche est fine sur une énorme densité comme posée sur une dalle de pierre. L’ensemble est sec, puissant mais avec une parfaite maitrise et quel éclat. On peut sans problème imaginer que l’origine de ce breuvage est noble, aujourd’hui classé grand cru mais lequel. Froehn, Florimont, ou pourquoi pas Brand. 18/20
Toutes les bouteilles (sauf 1994 et 1988) ont été prélevées de ma cave et achetées dans différentes ventes aux enchères ou en ligne sur le WEB. Les origines et les conservations sont donc variables mais le résultat final est assez cohérent. Il n’y a que le 71 qui n’était plus au niveau des autres.
Cette dégustation est intéressante car elle démontre que le gewurztraminer est un grand cépage et qu’il peut rivaliser avec les plus grandes cuvées de riesling si le terroir s’y prête. Malheureusement, la plupart du temps, il sert à l’élaboration de sucrette, mais même écœurant, son succès n’est plus à faire. Le simple nom de gewurztraminer semble suffisant pour le vendre, on peut même écarter l’origine du terroir pour y coller le nom de l’arrière-grand-mère ou de la fille. Le garçon aura droit à la belle cuvée de pinot gris voire pinot noir. Ce cépage est donc plus fort que le terroir et semble à contre-sens de la tendance « terroirs » des autres cuvées.
Stéphane