Après une remarquable soirée consacrée aux Saint Emilion premiers grands crus classés, notre Club AOC de Barr change de rive pour passer à gauche, dans la commune de Saint-Estèphe.
Cette appellation s’étend sur 1215 hectares, et fait donc quasiment jeu égal avec Margaux et Pauillac mais compte largement moins de château dans le classement de 1855, avec seulement 5 représentants alors que Pauillac en compte 18 et Margaux 20.
C’est donc dans les crus bourgeois et autres non classés que l’on trouve le plus grand nombre de château. Ce soir nous avons les 5 plus prestigieux crus ce l’AOC plus quelques incontournables.
1 Février 2016, dégustation à l'aveugle.
Saint-Estèphe 5ème grand cru classé Château Cos Labory 2011.
Robe sombre aux reflets violets. Nez sur le jus de fruits noirs, cassis, myrtilles avec du bois bien chauffé et des notes pas top de carton. La bouche est droite sur des tannins gras, bonne fraicheur d’ensemble, de l’ampleur mais le tout est massif, collant, sans grand fond et manquant d‘équilibre et de charme. Finale pâteuse sur une forte amertume. 13/20
High Mountain Estate Vineyards Catena Cabernet Sauvignon 2012.
Robe sombre, profonde, reflets violets. Nez sur la pomme, les fruits noirs avec une touche végétale, olive verte et groseille. Bouche charnue, tannins plaisants, pointe de chaleur mais restant digeste. Bel élevage qui souligne un équilibre sympathique, sans excès dans une structure salivante. Finale qui reprend le jus de fruit. Admirable vin argentin. 14,5/20
Saint-Estèphe Château Haut-Marbuzet 2010.
Robe rouge rubis. Nez bestial, fauve sur la tomate verte et son pied, quelques fruits rouges comme la cerise, des fleurs, des épices et de l’olive noire. La bouche est fluide sur des tannins déjà secs. L’ensemble est taillé à la serpette et rien de charmant ne se dégage de cette bouteille. Même l’acidité semble verte avant une finale fuyante. 13/20
Saint-Estèphe Cru Bourgeois supérieur Château Ségur de Cabanac 2008.
Robe rouge soutenu. Nez sur le sang, l’olive, l’amande sur un boisé léger et des touches de cacao. La bouche est soyeuse, pleine, charnue sur des tannins gras. Belle concentration, minéralité affirmée, de la puissance et une acidité un peu juste pour faire décoller le vin. Finale plus serrée qu’il faudra attendre. Bel ensemble pour ce vin inconnu de notre bataillon. 15/20
Saint-Estèphe 3ème grand cru classé Château Calon Ségur 2005.
Robe rouge tendre. Nez sur les fruits rouges, c’est frais, net, pointe de tomate verte, petit boisé puis des fleurs comme la rose, la pivoine, la réglisse. Bouche fraiche, élancée, tannins gras avec un côté juteux fort agréable. Ce Calon est ferme et complexe aromatiquement, plutôt aérien. Finale ferme et épicée. 16/20
Saint-Estèphe 2ème grand cru classé Château Cos D’Estournel 1998.
Nez insupportable sur la bête en sueur, l’olive, le purin, la grosse chauffe de barrique, bref le cheval de retour dans son box après le Grand Prix d’Amérique. La bouche est fraiche, les tannins sont fluides, l’équilibre est là, le fond également mais quel nez horrible. 13/20
Saint-Estèphe Château Pomys 1995.
Bouchonné.
Saint-Estèphe Château Haut-Marbuzet 1995.
Robe rouge, légèrement tuilée. Nez sur les fruits rouges, la groseille, la framboise, les épices et le chocolat. Bouche ferme et grasse, mêlant subtilement élégance et rusticité. Bonne fraicheur et longueur confortable. 15/20
Saint-Estèphe 4ème grand cru classé Château Lafon-Rochet 1994.
Robe rouge, tuilée. Nez sec, usé par le temps sur des fruits cuits façon porto, de l’encens, pruneau, figue, bois sec. La bouche est fluide, maigre sur des tannins asséchants et une acidité trop franche pour être agréable. 12/20
Saint-Estèphe 2ème grand cru classé Château Cos D’Estournel 1991.
Robe encore sombre pour l’âge. Nez sur les fruits noirs, le sang mais un boisé pas très élégant gâche la première bonne impression. Note de suie. La bouche est croquante sur des tannins souples, frais sur l’olive noire. Longue finale douce. 14,5/20
Saint-Estèphe Château Capbern Gasqueton 1982.
Robe franchement tuilée. Nez sur la fraise écrasé, le café froid, le pruneau. Bouche droite sur une acidité pointue. La bouche est tout en finesse mais le point de bascule avec la maigreur n’est à mon sens pas loin. 14/20
Saint-Estèphe 2ème grand cru classé Château Montrose 1978.
Nez classe sur la rose, le lys, le tabac, une fine touche animale, dans un flot d’élégance. La bouche est souple, soyeuse, digeste, bien en place sur une belle matière douce, des tannins du même esprit. On sent une certaine plénitude dans ce vin malgré une acidité un peu trop marquée peut être. Fin de bouche plaisante, sans heurt. 16/20
Les soirées se suivent mais ne se ressemblent pas et c’est bien dommage. Autant le rive droite nous avait émerveillé autant nous restons ce soir sur notre faim.
Une sélection moins pléthorique, des millésimes moins prestigieux, 1 bouchonné soit autant d’occasion de voir grand. Reste de cette soirée un remarquable car inconnu Ségur de Cabanac, un fidèle Calon Ségur et un argentin loin d’être ridicule, un membre avait d’ailleurs proposé l’Argentine comme thème pour 2016, je me demande s’il n’avait pas raison.
Stéphane