Krohn est une des belles maisons de Vila Nova de Gaï et pourtant elle est beaucoup moins réputée que les grandes écuries que sont Taylor’s, Graham’s et surtout Cruz ; qui avec l’expérience n'est qu'un erzats de Porto. Paradoxalement beaucoup de terrasses de Porto sont équipées de parasols et de matériels de tables flanqués « Cruz » Nul n’est prophète en son pays, même au Portugal.
Il existe plusieurs styles de Porto. Les Vintage, cuvées millésimées qui passent 2 ans en foudre et qui peuvent vieillir des années en bouteilles. En cours d’élevage, les lots qui ne pourront pas répondre aux exigences des Vintages vont vieillir 3 à 4 ans de plus pour être embouteillés en LBV (Late Bottled Vintage). Des vins qu’il faut boire relativement rapidement une fois en bouteille car à maturité, un peu comme un champagne brut. On parle pour tous ces portos de Ruby. Dans cette catégorie on retrouve également le Porto Crusted qui est un assemblage de plusieurs vintages, historiquement des fonds de foudres. Les maisons de Porto ayant plusieurs Quinta, le sommet de la gamme va être le Vintage single Quinta, comme Vargellas pour Taylor’s ou de la Malvedos pour Graham’s et de la Quinta do Retiro Novo pour Krohn.
Après les ruby, les oxydatifs ou tawny sont des assemblages de plusieurs millésimes élevés au contact de l’air pour les oxyder. On trouve des assemblages de 10,20,30 voire 40 ans. Si le vin est issu d’un seul millésime on parle alors de Colheita. Ceci représente certainement le sommet du porto pour les amateurs. On trouve rarement des tawny millésimés, car ne voulant pas ou ne pouvant pas revendiquer Colheita car le millésime n'est pas officiellement décrit comme grand.
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Ce porto Krohn 89 avait donc vocation à être un Vintage même si contrairement à la France, 88-89-90 ne sont pas de grands millésimes à vintage. Les grandes années étant 87-91-92 pour n’en citer que trois, bien pratique pour les anniversaires.
Ce 89 a séjourné plusieurs années supplémentaires en foudre pour finir dans sa bouteille en 1994. La robe est d’un ruby tendre et claire. Le nez est net, sur le fruit noir, un alcool fin et des notes toastés. La bouche est grasse en attaque mais sans grosse charge de sucre. L’ensemble est même fluide et la liqueur va s’étirer de tout son long pour que la bouche gagne en densité avec des tannins petits mais nerveux, dans l’esprit d’un vintage. La finale est fraiche et propre, sans lourdeur. Un très beau porto que nous avons apprécié sur une tarte au chocolat façon Eric Frechon. 17,5/20
Stéphane