Alsace Riesling Clos Sainte Hune 1976 Domaine Trimbach. Profitant d’une randonnée dans les alentours de Ribeauvillé, j’en profite pour passer au domaine Trimbach afin de régler un petit deal. Après une prise de contact avec les vins en ventes actuellement, Pierre Trimbach nous propose à la dégustation Frédéric Emile 2007, 2002 avant de tremper les lèvres dans Frédéric Emile 1983, ouvert la veille. Trois vins pleins de sève, juteux avec des matières amples et puissantes. Pierre nous demande alors si nous avons encore le temps. Sachant que l’on rebrousse rarement chemin dans les millésimes, un fervent amateur de vieux breuvages comme moi ne peut que dire « oui », surtout avec un verre de 1983 à la main.
Pierre s’absente quelques instant et remonte de la cave avec une bouteille verte, sans étiquette et annonce modestement « Clos Sainte hune 1976 » ! Outch ! ça va envoyer du lourd.
La robe est jaune topaze brillante, à l’image de certain pinot gris vendangé en gros maturité. Le nez est complexe, dense dans ses parfums avec des notes d’after-eight évoluant sur de la peau d’orange confite, la noisette, et une toute petite touche de caramel. La bouche est immense, avec un coté moelleux et gras enrobant tous les sens avant une fraicheur, même si elle n’est plus aussi puissante que dans la prime jeunesse de cette cuvée, encore bien présente, pour surveiller, accompagner le breuvage. Et que dire de la finale, un modèle du genre, intense, minérale, sèche et racée, tirant les papilles vers le bonheur calcaire. Vous voulez des extraits secs, en voilà.
Ce millésime 76 étant proche de nos années de naissance, Pierre nous propose de repartir avec le reste de la bouteille. Fond que nous avons terminé en deux fois, le soir même et le lendemain soir. A noter que le nez est encore plus fin le lendemain soir malgré une bouteille en ¾ vidange. J’ai dégusté beaucoup de vieux vins alsaciens, + de 300 entre 1942 et 1991, et je sais par expérience que la dégustation d’un vieux riesling doit être préparée par des vins plus jeunes, pour s’échauffer le palais et éviter de se prendre 40 ans d’aromes dans le nez d’un coup. Cette préparation semble toutefois inutile avec ce Clos Sainte Hune 1976 dégusté en apéritif le lendemain (j’ai presque honte d’écrire cela). CSH 76 est a point aujourd’hui, assis tranquillement au milieu du temps qui passe, dans la pleine force de l’âge sans l’ombre d’une faiblesse. Cette cuvée est plus qu’une légende, puisque l’on peut en boire et cela depuis 1919. Merci à Pierre Trimbach pour cette belle dégustation.19/20
Stéphane